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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Gilbert, et ferme l'huis. Il fait bien frais cette nuit.
    L'autre ne se fit pas prier. Il poussa le battant comme s'il s'était agi d'un simple rideau de toile.
    – L'ch'val est d'vant un sceau d'bonne eau et un aut'd'avoine. Va passer une ben gentille nuit.
    – Merci, Gilbert. Je repars demain à l'aube, et tu voudras bien le seller. Approche. Il me faut t'expliquer quelque chose de très grave, commença Leone de la voix douce et lente que réservait Agnès au Simple.
    – Voui, voui-voui…
    Gilbert s'exécuta, la concentration plissant son front court.
    – Il s'agit de ta bonne fée, de notre dame à tous.
    L'alarme remplaça aussitôt l'attention sur le visage de la tendre brute.
    – Quoi'qu'y'a ? s'enquit-il d'un ton sec et menaçant.
    Leone se fit la réflexion que le titan percevait les émotions des autres avant même qu'ils ne les manifestent. S'efforçant de ne pas ajouter à son inquiétude, certain qu'il pouvait devenir dangereux, meurtrier, s'il pensait sa fée en danger, le chevalier poursuivit :
    – Certaines viles personnes n'aiment pas les bonnes fées, ainsi va le monde…
    – Coquins de grabugiaux. Leur rentre l'tête dans l'cul, charognes ! cracha l'autre en ouvrant des mains capables de broyer le cou d'un cheval.
    – Apaise-toi Gilbert, pour notre dame, pour son bien.
    La formule eut un effet magique. Le rouge de la fureur abandonna les joues du géant. Un sourire extatique entrouvrit sa bouche. Il bafouilla :
    – Voui-voui. M'a v'nu sauver. Ma fée. J'étions tout petiot. Y voulaient m'balancer dans c'te fosse qui puait, avec l'cadavres qui pourrissaient. Y z'ont pas pu. Elle leur a frotté les oreilles, vilainement. Y f'sait si froid. M'a rempli le ventre. Ma fée. M'a défendu.
    Leone comprit que les villageois avaient sans doute tenté d'envoyer une bouche superflue, celle d'un demeuré, vers un monde meilleur, et que la dame de Souarcy s'y était opposée avec fermeté. Elle devait être si jeune à l'époque. Il soupira longuement afin d'évacuer la houle de tendresse qui le suffoquait.
    – Elle est magnifique, en vérité.
    – Voui, approuva Gilbert dans un grand mouvement de tête.
    – Écoute-moi avec attention, gentil Gilbert. Je dois partir quelque temps. Je ne serai pas à ses côtés afin de la protéger des coquins de grabugiaux, ainsi que tu les nommes. Comprends-tu ?
    – Voui.
    – Ta fée sera à Souarcy sous peu. Elle y passera quelques jours.
    – Ah… mignon Jésus, se réjouit le Simple en tapant de délice dans ses épaisses mains.
    – Elle sera escortée de deux gens d'armes, mais je n'ai pas confiance. Les démons envoyés contre notre fée sont puissants.
    – A pas peur des démons ! Mignon Jésus veille sur la fée et Gilbert, rugit le géant.
    – Ils sont très madrés. Je veux que tu protèges notre fée, que tu surveilles sans relâche. Me comprends-tu ? Si tu soupçonnais qu'une vilaine affaire se trame, envoie aussitôt un valet prévenir le grand bailli, à Authon-du-Perche.
    – Voui-voui. J'y selle un ch'val et y fonce prévenir à cul l'vé et après, l'grand bailli tranche la panne des grabugiaux.
    – C'est cela. Il se peut qu'il y ait une femme parmi eux. Une femme très belle, blonde, aux yeux verts. Elle se fait passer pour une bonne fée mais c'est un démon. Le pire de tous.
    Mâchoires crispées, Gilbert tordit ses mains jointes :
    – M'en va l'écraser comme c'te vipère qu'l'est. A f'ra pas d'mal à ma fée.
    – Tu ne le peux, Gilbert. C'est une noble. Tu ne peux porter la main sur elle. Ils auraient alors le droit de te martyriser jusqu'au trépas et notre bonne fée serait très triste. Terriblement triste. Tu ne veux pas la faire pleurer, n'est-ce pas ?
    Gilbert oublia aussitôt les tortures qu'il subirait si jamais il ne faisait que malmener le « vil démon ». Il ne retint que l'essentiel à ses yeux, et l'essentiel se résumait à sa dame. Le chagrin rida son gros visage à la perspective de la peine qu'il pourrait lui causer. Il geignit :
    – Oooohhh non… Pas triste, ma fée.
    Leone ne voulut pas imaginer le sort que la justice réserverait à ce géant qui abritait l'esprit d'un enfançon s'il en venait à brutaliser la complice d'Honorius Benedetti.
    – Jure devant Dieu que tu ne tenteras rien d'autre que de protéger ta fée, sans atteindre directement ce joli monstre. Tu sais ce qui t'arriverait si tu trahissais ta promesse à Dieu.
    – Oooh, voui.

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