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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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je me sois jamais senti parfaitement contenté. Le voulez-vous bien ?
    Le long regard pers se riva au sien. Elle n'eut pas besoin de mots. Au demeurant, en existait-il ? Il sut que rien, jamais, n'entamerait leur amour. Il se leva, très doucement, avança à pas comptés vers elle. Elle posa son front sur le ventre de l'homme aimé et fondit en larmes. Ils restèrent longtemps ainsi. Il la berça tout le temps de ses pleurs dont il ne savait s'ils étaient de chagrin ou de paix. Enfin, elle redressa la tête et il baisa ses lèvres. D'une voix soudain urgente, elle répéta :
    – Leone ne doit jamais savoir que Clémence est une fille.
    – Ne saurait-il la protéger ?
    – Oh, il verserait jusqu'à la dernière goutte de son sang. Toutefois, je suis certaine que le chevalier est clairement identifié par nos ennemis. Où il ira, ils suivront. Et Leone est un homme de Dieu. Pire, c'est un homme qui ne voit que Dieu. S'il comprend que le sang différent* est passé en Clémence, il n'aura de cesse que la prophétie se réalise. (D'une voix mordante, elle acheva :) Je ne veux pas de cela pour ma fille. Je ne veux pas qu'elle devienne l'enjeu de puissances qui nous dépassent et nous broieraient pour parvenir à leurs fins, qu'elles soient ténébreuses ou de lumière.
    – Savez-vous où se trouve Clémence ? demanda Artus d'une voix douce.
    – Non loin d'ici, au hameau des Loges. Je l'ai appris il y a fort peu de temps. Les incessantes promenades sylvestres de messire de Bologne, promenades qui le ramenaient la musette vide, m'ont intriguée. Je l'ai suivi. Il a caché et protégé Clémence dès sa disparition. J'alterne entre une infinie reconnaissance à son égard et la rancune, je l'admets. Cela étant, Clémence avait exigé qu'il garde le secret, à l'excellente raison que je me précipiterais aussitôt vers sa cachette au risque que nos ennemis m'y suivent. Une charmante Pauline, la protégée de messire Joseph, l'a accueillie et fait passer pour sa jeune sœur. Elles élèvent des poules.
    – Oh, madame, ma mie… Quelle folie vous êtes-vous mise en tête au point de me taire si longtemps la vérité. Fallait-il que vous me teniez en piètre estime !
    – Êtes-vous bien déraisonnable ? cria presque Agnès. En piètre estime quand je vous sais l'être le plus digne de la recevoir ? J'avais peur. Peur que vous m'aimiez moins, que vous me méjugiez. Peur aussi que mes révélations vous mettent en péril.
    – Mais c'est votre silence qui me met en péril puisqu'il vous expose davantage au danger ! Trêve de mes doux reproches… Il nous faut agir. Clémence ne peut plus rester là-bas. A-t-elle changé ? Physiquement, j'entends.
    Le visage d'Agnès s'éclaira de ravissement :
    – Elle est si belle, si… merveilleuse. Elle a beaucoup grandi, pris une silhouette de femme. Ses cheveux ont poussé. Vous seriez étonné de son érudition… encore messire Joseph qui lui apprend tant de mystères.
    – Il nous faut trouver un lieu sûr afin de la protéger.
    – Mais lequel ? Je me suis bercée de l'illusion que je pourrais la défendre, et voyez… ils sont presque parvenus à m'abattre sans même que je me doute qu'ils se trouvaient si proches de moi.
    – Nul ne connaît Clément ou Clémence ici, à part vous, mon médecin, cette Pauline et Leone. Bref de nobles êtres. Clémence pourrait… rejoindre votre service, que sais-je ? Il suffirait que Leone ne la rencontre jamais et qu'elle ne s'approche plus de Souarcy ou des Clairets.
    – Elle me ressemble tant qu'un seul regard suffit à comprendre que le sang nous lie, argumenta Agnès.
    – Diantre ! jeta Artus en arpentant la pièce, bras croisés dans le dos.
    Il s'immobilisa et lança :
    – La Sardaigne, mon bon cousin Jacques de Cagliari, celui auquel je comptais vous confier, vous et Philippe, si je ne parvenais à me sortir du piège que l'on m'a tendu. Un ours, mais un ours qui se fera navrer plutôt que de céder. Il a toujours abhorré les ordres et les intimidations. Nul n'ira chercher Clémence dans ses collines arides et sauvages. Nous la ferons voyager sous escorte, déguisée en jeune bourgeoise qui rejoint son promis. Ils cherchent tous un garçon. Un valet de ferme.
    Le regard agrandi de peine, Agnès murmura :
    – La Sardaigne ? Doux Jésus, c'est à l'autre bout du monde. Pourtant, je sais que vous avez raison… La savoir si loin de moi…
    – Hors d'atteinte, madame.

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