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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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revendre
sur quelque marché de la ville. Le roi s'avisera *.
    Il eut un grand
sourire.
    — Les
démons qui règnent à minuit et la terreur qui rôde à midi ne vous atteindront
pas.
    Je le regardai
s'éloigner. Ap Ythel pouvait bien être un archer confirmé, un loyal serviteur,
un excellent chanteur, mais prophète, point !
    Quelques
instants plus tard, Isabelle et moi fûmes raccompagnées dans nos chambres. Dans
les longs couloirs, torches et lanternes faisaient danser les ombres. Quand
elle fut chez elle, Isabelle laissa tomber sa mante et s'agenouilla sans tarder
sur le prie-Dieu capitonné devant le triptyque de la Vierge Marie et l'Enfant.
    — Vous
feriez bien de vous retirer, Mathilde. J'appellerai les servantes, dit-elle
sans bouger. Envoyez un message à Demontaigu. Qu'il vous escorte demain. Oh,
Mathilde ! Dehors la saison change. L'aubépine fleurit et les graines
revivent ; il en est de même ici, Mathilde, le temps des changements est
venu.
    Elle éleva la
voix.
    — Je suis
reine, la descendante de rois et de saints. Dans les veines de mon fils coulera
le sang sacré des Plantagenêts et des Capets.
    Et elle ajouta
d'un ton fielleux :
    — N'oubliez
pas que bientôt il n'y aura plus de place pour les parvenus gascons !
    Je fis ce qu'on
m'avait ordonné. Bertrand et moi, frissonnants, partîmes pour l'hôpital de
Bethléem le lendemain matin. Nous quittâmes le palais sous un ciel lavé de
pluie et émaillé d'étoiles. Demontaigu suggéra que nous prenions des chevaux et
contournions la vieille muraille plutôt que de nous risquer sur le fleuve dans
les ténèbres. Il n'avait pas célébré sa messe de l'aube, mais fit observer à
voix basse que les matines auxquelles nous allions assister étaient, pour le
moment, plus importantes. Ce fut une dure et glaciale chevauchée. Pendant le
trajet, je lui narrai tout ce qui était arrivé. Quand j'eus terminé, il
repoussa le cache-nez qui lui protégeait le visage.
    — En ce qui
concerne le trésor de Langton, notre maître aurait bien pu tomber d'accord. Le
Nouveau Temple et ses salles offrent maintes cachettes. Je suis certain...
    Il soupira.
    — ... qu'Édouard
enverra Drokensford et ses clercs de l'Échiquier fouiller de fond en comble
chaque coin et recoin du terrain. Quant à ce vol...
    Il souffla et
flatta l'encolure de sa monture.
    — On a pu
donner une clé à Langton ou il a même pu prendre le trésor. Et les arbalètes ?
    Bertrand serra
les rênes et fit un peu pivoter son cheval afin de me faire face. Se penchant, il
saisit la bride de mon palefroi.
    — Ce que
vous avez mis au jour, Mathilde, est fort grave. Je ne pense pas que ces
arbalètes aient été subtilisées à l'armurerie. Le jardin est ceint de murs sur
les quatre côtés, n'est-ce pas ?
    — Oui, mais
deux ailes du palais se rejoignent par un portail.
    — Pourrait-on
passer par-dessus ?
    — Certes,
répondis-je. L'enclos est en friche. C'est un endroit désert et plein de
broussailles.
    Demontaigu
s'éclaircit la gorge. Il rabattit son capuchon et contempla le ciel. Le vent froid
nous apportait des jappements de chiens, le chant d'un coq dans une ferme
voisine. Les premières lueurs de l'aube commençaient à faire pâlir les étoiles.
Il lâcha la bride de ma monture, fit tourner la sienne, et nous reprîmes notre
chevauchée en silence. À droite se dressaient les vieux remparts de la ville, à
gauche la lande qui s'étendait jusqu'à la masse sombre de l'hôpital St
Bartholomew. Nous longeâmes l'église St Botolph, à Aldersgate, et nous
dirigeâmes vers Cripplegate, au nord. Une matinée sinistre et grise débutait.
Les fermiers, leurs chariots chargés de hautes piles de marchandises, faisaient
claquer leur fouet, pressant leurs attelages dans les sentiers cahoteux vers
les marchés de la cité. Sur le terrain découvert des volutes de brume masquaient
les arbres et la voie devant nous, ajoutant à la difficulté de notre trajet.
    Demontaigu, qui
avait suspendu son épée et son poignard au pommeau de sa selle, ne cessait de
l'effleurer de ses doigts gantés de fer. Car de sombres silhouettes émergeaient
soudain de l'obscurité : des étameurs ambulants, un dominicain brandissant
une croix devant lui, des baillis de la ville encadrant un prisonnier enchaîné
qui avait tenté de s'enfuir. Devant Cripplegate, l'énorme pilori était encombré
de coquins ivres et de ribaudes qui avaient proposé leurs charmes dans des
lieux interdits. Tous hurlaient

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