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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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effarouché.
    — Voyez,
messire, plaidai-je, vous ne risquez rien.
    Chapeleys
regarda autour de lui. Dans la faible lumière, l'endroit, avec ses murs
chaulés, son crucifix au-dessus du lit de camp, ses fenêtres aux volets clos,
ressemblait à une cellule de moine. Bertrand ouvrit deux fenêtres pendant que,
m'emparant de l'amadou, j'allumais les chandelles à calotte et la lanterne de
corne. Chapeleys fit le tour en tapotant les murs et vérifia même les
contrevents ; il se dirigea ensuite au fond, vers le recoin. La chambre de
Demontaigu était à part. Elle était située dans un angle et, dans un mur, on
avait percé une petite porte-fenêtre d'environ cinq pieds de haut et trois de
large qui donnait sur une cour. Elle avait dû, autrefois, servir à monter les
provisions qu'apportaient les carrioles qui attendaient en bas. Près d'elle un
grand crochet de fer fixé dans la paroi maintenait le bout d'un rouleau de
corde dont on pouvait user pour s'échapper en cas d'incendie. Chapeleys
s'assura que l'issue était elle aussi barrée et verrouillée, puis revint
s'asseoir sur un tabouret en observant les lieux. Il serrait toujours sa
sacoche de la chancellerie. J'eus envie de lui demander ce qu'elle contenait, mais
il était manifestement terrorisé.
    Demontaigu nous
quitta en disant qu'il allait quérir du pain, du fromage et un pichet de vin.
Pendant que je faisais les cent pas, Chapeleys demeura absorbé dans ses
pensées. Je m'assis sur le lit, contemplai le crucifix puis la chaire à haut
dossier et la table placées sous l'une des fenêtres. Tout était en ordre. Il
n'y avait pas de parchemin et tout était à sa place. Je me dirigeai vers un
coffre dont je soulevai le couvercle. Il renfermait quelques rollets et des livres.
J'en pris un, un psautier à la belle reliure, mais le reposai bien vite,
honteuse de mon indiscrétion. La pièce était dépouillée et très austère. Rien,
si ce n'est le crucifix, n'ornait les murs. Le lit était fait avec grand soin
et les oreillers bien disposés. Sur une petite table, près de la couche, se
trouvaient une coupe, un chandelier et une veilleuse ; sur un tabouret, à
l'entrée, il y avait des pichets et d'autres coupes. Demontaigu était à la fois
un prêtre et un soldat, ce qu'on décelait sans mal dans sa chambre. Celle-ci
n'était pourtant pas froide ; elle avait même quelque chose de chaud,
d'accueillant, de sécurisant.
    Bertrand revint.
J'avais poussé les verrous derrière lui et quand je les tirai, Chapeleys fît un
bond comme s'il s'attendait à ce qu'une horde d'hommes armés envahisse les
lieux. Demontaigu le fit asseoir à table et lui versa un gobelet de vin ;
il lui coupa même du pain et du fromage, se comportant envers lui aussi
tendrement que le ferait une mère pour un enfant apeuré. Au début, Chapeleys
hésitait à manger, mais il finit par prendre une lampée de vin et parut se
détendre. Demontaigu rapprocha un brasero.
    — Écoutez,
Chapeleys, déclara-t-il, en s’accroupissant près de lui, la main posée sur son
bras, vous pouvez dormir céans. Au besoin...
    Il désigna la
dague encore pendue à la ceinture du clerc.
    — ...
gardez-la sur vous. Quand nous serons partis, n'ouvrez à personne sauf à moi ou
à quelqu'un qui viendrait de notre part. Vous avez compris ?
    Chapeleys, la
bouche pleine, acquiesça.
    — Verrai-je
le roi ? bredouilla-t-il.
    Je le rassurai.
    — Demain
matin après la première messe.
    Chapeleys, un
peu ragaillardi, déboucla sa chape qu'il laissa choir sur le dossier de la
chaire. Demontaigu me suivit jusqu'à l'huis.
    — Je dois
m'en aller, dis-je, les yeux levés sur lui. Ma maîtresse attend. Nous devons
nous préparer pour le banquet de ce soir. Y participerez-vous ?
    — Je fais
partie de la maison, répondit-il en souriant. Je suis tenu d'y assister. Je
vais apaiser cette âme inquiète puis reprendrai mon office à la chancellerie.
    Il prit ma main,
la porta à ses lèvres et ouvrit la porte. Je me glissai dans les froides
ténèbres. J'ai commis une erreur ce soir-là. Je croyais que Chapeleys était en
sécurité. En fait, ce n'était qu'un condamné qui attendait d'être exécuté.
    Le repas
d'apparat qui eut lieu quelques heures plus tard fut splendide. Édouard y avait
consenti à la prière de la reine douairière.
    — Ce soir,
avait-il proclamé, nous mettrons de côté toute animosité, toute hostilité. Nous
offrirons aux ambassadeurs français et aux puissants seigneurs un

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