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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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se rassit
sur son imposante chaire, les mains croisées sur le ventre. Elle adressa un
délicieux sourire à ses hôtes.
    — Vous
comprenez, messire de Marigny, moi aussi j'ai du pouvoir et de l'influence. Si
je ne peux protéger ceux que j'aime, quelle princesse suis-je donc ?
Quelle reine ? Pensez attentivement à ce que j'ai dit et accompli
aujourd'hui. D'ailleurs, que pouvez-vous faire ? Protester auprès de mon
père à Paris ? Il sera furieux, mais, en son for intérieur, il réfléchira
à la situation et en rira sous cape. Quant à vous, maître Alexandre,
voulez-vous révéler à votre compagnie comment vous avez été dupé et trompé par
une simple jouvencelle et sa suivante ?
    Elle fit non de
la tête.
    — Je ne le
crois pas. Vous avez envoyé un avertissement à Mathilde. Je vous en ai envoyé
un en retour. J'ai tracé une ligne : franchissez-la et nous serons
ennemis. Respectez la trêve : je ferai de même. Vous voyez, monsieur de
Marigny...
    Elle leva les
mains et les joignit comme pour prier.
    — ... ce
que font mon époux et messire Gaveston est une chose ; ce qui se passe
dans ma propre maison en est une autre. Conformez-vous à cette division,
conformez-vous à cette ligne de partage. Ai-je votre parole ?
    Marigny, la tête
de côté, jeta un coup d'œil impudent à ma maîtresse comme s'il la jaugeait pour
la première fois.
    Il se pencha en
avant.
    — Désirez-vous,
Votre Grâce, nous entretenir plus avant ? Comme vous pouvez le constater,
mon compagnon n'est pas bien et nous devrions nous retirer.
    — J'ai dit
ce que j'avais à dire, monsieur de Marigny. Vous et Alexandre de Lisbonne
pouvez nous quitter.
    Les deux hommes
se levèrent. Le seigneur Satan s'inclina. Il était sur le point de s'en aller,
mais, bien sûr, il ne put s'empêcher de mettre un point final à notre rencontre
par une fine flatterie.
    — Votre
Grâce...
    Il sourit.
    — ... je
constate à présent que vous êtes bien la fille de votre père.
    — En effet,
monsieur de Marigny, répliqua Isabelle, et tâchez de ne l'oublier point.
Laissez-moi vous donner un conseil, ajouta-t-elle d'une voix un peu tremblante.
Vous devriez vous soucier de vous et de vos proches. Vous liez votre sort à
celui de mon père. S'il s'élève, vous vous élèverez avec lui, mais vous
êtes-vous jamais demandé ce qui arrivera quand il chutera, si il chute ?
    Marigny eut
l'air déconcerté comme s'il n'avait onc envisagé une telle hypothèse.
    — Vous
devriez être prudent, monsieur de Marigny. Le monde change ; il serait bon
que vous en fissiez autant. Adieu.
    Quand ils furent
sortis, Isabelle courba la tête, cacha son visage dans ses mains et se mit à
rire sans bruit. Puis elle se redressa.
    — Eh bien,
Mathilde, avons-nous bien joué ?
    — Très
bien, Votre Grâce, vraiment très bien.
    Elle prit une
profonde inspiration et poussa un bruyant soupir.
    — Mathilde,
ce que j'ai dit à Marigny est vrai. Tout est en train de changer. Nous vivons
une époque de pleurs et d'attente. Je vais vous confier quelque chose. Un jour,
messire Gaveston devra partir. Il ne peut continuer à mener la danse
éternellement.
    — Vous êtes
contre lui, maîtresse ?
    — Non,
Mathilde, que nenni. J'ai observé Édouard avec grande attention ; je dois
le surveiller comme toute femme doit surveiller un homme. Édouard et
Gaveston...
    Elle joignit
deux de ses doigts.
    — ... ne
sont pas deux personnes, mais une seule : un corps, une âme, un cœur. Un
jour, demain, la semaine prochaine, le mois prochain, l'année prochaine, les
barons s'empareront de Gaveston et le tueront. Après son trépas, mon époux se
retirera comme un ermite dans sa cellule. Il se réfugiera au fond de son âme et
préparera sa vengeance. Quiconque aura pris part à la chute ou à
l'anéantissement du favori s'en mordra les doigts. Ce jour-là...
    Elle eut un
petit sourire.
    — ... je
veux être certaine que mon nom ne figurera pas sur la liste de ceux qui ont
causé sa chute.
    — Par
conséquent, vous n'ourdirez rien contre le favori ?
    — Je n'ai
pas dit cela, Mathilde. La seule chose dont je veuille être sûre, c'est que mon
nom ne soit pas sur cette liste. Mais venez à présent.
    Elle se leva.
    — Que dit
cette chansonnette, Mathilde, celle de la pie ? Dansons.
    — Un pour
la colère, deux pour la joie...
    — Ah, c'est
ça !
    Isabelle
poursuivit :
    — Trois
pour un mariage, quatre pour la naissance, cinq pour la richesse, six

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