Le combat des Reines
Avaient-ils un informateur à la Cour royale ? En
savaient-ils davantage qu'ils le prétendaient ? Qui les soutenait en
secret ? Philippe de France ? La papauté ? Comment pouvaient-ils
continuer à entretenir les lourdes cohortes qu'ils avaient amenées au sud ?
Quarto :
Philippe de France et ses aragnes. Il était clair que le roi de France péchait
en eaux troubles. Officiellement pour préserver les intérêts de sa fille
bien-aimée, mais encore ? Pour pousser Édouard à laisser libre cours à son
ire contre ses seigneurs ? Pour affaiblir le royaume par une guerre civile ?
Espérait-il en définitive abandonner les barons et forcer Édouard à ne compter
que sur lui et à appuyer sa cruelle attaque contre les Templiers ?
S'agissait-il d'autre chose ? Philippe voulait-il faire éclater la guerre
civile en Angleterre afin de s'emparer de la province de Gascogne, riche de ses
vins, et la soumettre, une fois pour toutes, à l'hégémonie capétienne ?
S'appliquait-il à chasser à la fois Édouard et Gaveston ? Mais cela
nuirait à Isabelle et, bien sûr, amoindrirait l'influence française. Et
l'alliance actuelle de Philippe avec les barons durerait-elle, ou le roi se
contentait-il de faire semblant ? L'Empoisonneuse avait-elle un rôle dans
cette affaire ? Les ennemis du monarque finiraient-ils par entrer en
guerre ouverte ? Et cette référence aux assassins : les ombres *,
ou les Tenebrae ?... Avaient-ils engagé des tueurs, des sbires pour
s'occuper de Gaveston ? Si c'était le cas, qui ? Où se trouvaient-ils ?
Quand donneraient-ils l'assaut ? Comment ?
Quinto : la
lettre de Pain-bénit. L'essentiel confirmait juste les réels dangers auxquels
était confronté le roi d'Angleterre ainsi que l'existence de l'Empoisonneuse,
mais que signifiaient ces références à Jean *, Haut * et Mont * ?
Le « Jean » mentionné dans cette missive était-il la personne à
laquelle Pain-bénit faisait allusion dans sa conversation avec Alvena quand il
parlait du « vieux Jean » et de l'hymne qu'il chantait ?
Sexto : le
meurtre de Pain-bénit. Selon Alvena, il était soucieux et effrayé. Il avait fui
la France pour se réfugier à Londres où on l'avait retrouvé. Il logeait au Secret
de Salomon mais avait abandonné la sécurité de cette bruyante taverne pour
rencontrer une mystérieuse Agnès, soi-disant dépêchée par Gaveston, qui, lui,
prétendait n'en rien savoir. Pourquoi Pain-bénit, alors qu'il craignait pour sa
vie, était-il sorti dans les ténèbres à la rencontre de cette inconnue et
pourquoi sa chambre avait-elle été débarrassée de toute trace de son passage,
portes et fenêtres closes de l'intérieur ? Qui était Agnès ? Comment
aurait-elle pu occire un homme comme Pain-bénit, déjà sur ses gardes et qui
redoutait d'être attaqué ?
J'étudiai mon
code et continuai à écrire.
Pain-bénit
aurait pu se rendre tout droit à Westminster au lieu de s'attarder au Secret
de Salomon , ce qui signifiait que des agents français avaient sans doute
parcouru toute la ville à sa recherche. Pain-bénit, conclus-je, avait commis
une terrible erreur — il avait dû croire qu'il serait en sécurité
tant qu'il n'approchait pas du palais.
Septimo :
Chapeleys. Il avait été un des clercs de Langton et il cherchait à s'échapper
de la Tour, prétextant qu'il détenait des informations utiles au roi. Langton
avait été des plus méprisants à son sujet. Néanmoins, Chapeleys s'était enfui à
Westminster et avait logé dans une chambre où il aurait dû être en sécurité. Or,
bien que ladite pièce eût été fermée de l'intérieur, on avait retrouvé notre
homme pendu à une porte-fenêtre. Était-ce le suicide de quelqu'un à qui la peur
avait fait perdre la raison ? Il avait pourtant paru fort décidé à
approcher le monarque et n'avait montré nul signe de cette terreur paralysante
qui peut pousser à attenter à ses jours. Et si on l'avait assassiné, comment
s'y était-on pris ? Tout clerc qu'il était, Chapeleys n'en était pas moins
alerte et se serait battu pour défendre sa vie. Rien n'indiquait qu'il y avait
eu violence ; on n'avait vu personne approcher de cette chambre, si ce
n'est cette mystérieuse femme emmitouflée aperçue par Robert le palefrenier.
Qu'en était-il du contenu du sac de la chancellerie de Chapeleys ? Volé ?
Brûlé ? Les deux ? Et ce morceau de parchemin sur lequel était écrit
le mot « basil », ainsi qu'un cercle avec
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