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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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prisonniers pendant la promenade dans la cour, pendant
les allées et venues dans les bureaux et dans la salle de douches. Je parlais
avec les coiffeurs, les distributeurs de courrier et de la matière première
destinée au travail ; le soir j’entendais les conversations des internés
penchés à leurs guichets. Un abîme de vices, de passions, d’aberrations
humaines allait ainsi s’ouvrir devant moi.
    Je commençais seulement à purger ma peine lorsque j’entendis
un voisin de cellule raconter à un autre comment il avait attaqué la maison d’un
garde forestier qu’il savait à l’auberge. Armé d’une hache, il avait tué d’abord
la domestique et ensuite la maîtresse de maison qui était au terme de sa
grossesse ; en entendant crier les quatre petits enfants, il les avait
projetés les uns après les autres contre le mur en leur fracassant le crâne,
pour faire cesser leurs « croassements ». Il avouait ses crimes en se
servant d’expressions tellement crues et choquantes que j’aurais voulu l’étrangler
sur-le-champ. Je ne pus retrouver le calme de toute la nuit. Par la suite, j’ai
souvent entendu des récits encore plus horribles sans me laisser impressionner
autant que par ce premier aveu. L’homme qui l’avait fait devant moi était un
bandit plusieurs fois condamné à mort et chaque fois gracié. Je me trouvais
encore en prison lorsqu’il s’échappa un soir du dortoir en faisant le mur après
avoir assommé avec une barre de fer un gardien qui l’empêchait de passer ;
il fut abattu par les policiers lancés à sa poursuite au moment même où il
venait d’assassiner un paisible promeneur auquel il voulait enlever ses
vêtements. Il faut dire que le pénitencier de Brandenburg abritait dans ses
murs « l’élite » de la faune criminelle de Berlin. Il y avait là des « gens
du monde » et des voleurs à la tire, des souteneurs et des escrocs de
grande envergure ; des cambrioleurs spécialisés dans l’effraction des
coffres-forts et d’autres condamnés pour délits de mœurs ou pour actes de
bestialité de tous genres.
    Pendant leur séjour en prison, tous ces criminels suivaient
un véritable enseignement. Les jeunes, les novices étaient initiés aux secrets
de la profession par les aînés qui gardaient toutefois pour eux-mêmes les « trucs »
les plus difficiles. Pour ces leçons, les vieux se faisaient payer, et payer
cher, par les moyens les plus divers. Ils se faisaient livrer du tabac :
strictement interdit en prison, on pouvait toujours l’obtenir en contrebande
avec la complicité de jeunes gardiens qui en prélevaient la moitié. Ils s’assuraient
du concours des novices pour les mauvais coups qu’ils voulaient accomplir après
leur libération : beaucoup de crimes importants ont été préparés et
élaborés d’avance derrière les murs de la prison. Ceux qui avaient des
penchants vicieux briguaient les faveurs des beaux garçons en rivalisant entre
eux et en se livrant parfois à des intrigues compliquées.
    En me fondant sur l’expérience acquise par de longues années
d’observation, je me crois en droit d’affirmer que l’homosexualité, si répandue
dans les lieux d’internement, n’est que rarement un penchant inné, une
disposition maladive. Dans la plupart des cas, il s’agit d’hommes dotés d’un
fort instinct sexuel et qui sont poussés vers le vice par l’absence d’un exutoire
normal. Ils cherchent un excitant, ils veulent « profiter de la vie »,
dans une ambiance où tout est permis, où aucun obstacle d’ordre moral ne se
dresse devant eux.
    Dans toute cette masse de criminels, nombreux étaient ceux
que les dures années de l’après-guerre et de l’inflation avaient transformés en
voleurs ou en escrocs parce qu’ils n’étaient pas assez forts pour résister à l’appât
d’un gain facile. Beaucoup d’entre eux, entraînés par des circonstances
malheureuses dans le torrent du crime, luttaient courageusement pour se
soustraire aux influences antisociales de l’atmosphère qui les entourait et
pour recommencer une vie nouvelle après avoir purgé leur peine. Mais beaucoup d’autres
étaient trop faibles pour ne pas succomber à l’emprise de la terreur criminelle
qu’ils subissaient pendant de longues années. Ils devenaient des hors-la-loi
pour le reste de leur vie.
    La vie en cellule présentait des traits communs avec le
confessionnal. À Leipzig déjà, avant ma condamnation, j’avais assisté

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