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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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demi dissimulée derrière une porte vitrée de la grande galerie, émergea de sa cachette sans même s'en rendre compte, tant elle voulait ne rien manquer. Et elle les vit.
    Ils sortaient de la brume glacée et avançaient sous une petite pluie froide. Ce n'était plus les dragons rieurs de tout à l'heure, après le duel. Allant d'un trot rapide, ils étaient lourdement chargés, des pelles et des pioches près de la selle, sabre au côté, mousqueton sur le flanc du cheval, des sacs, les traits durs : d'autres hommes.
    Tous portaient des capes rouges selon la dotation du Maine-Dragons, des capes telles qu'en portaient jadis les légionnaires de Rome. Lorsqu'ils agitaient les brides, on voyait en haut de leur bras droit le sabre et la hache rouges sur le fond jaune du brassard.
    Ils dégageaient une formidable impression de puissance et Marion, qui savait la chose impossible, souhaita qu'ils reviennent tous de cette horrible guerre des Flandres.
    Celui qu'elle aimait allait en tête sur Hautain, son magnifique cheval dont les poils des jarrets, brûlés lors d'un combat, n'avaient jamais repoussé.
    Le général semblait chercher quelque chose, levant la tête, tentant de percer les lambeaux de brume qui s'accrochaient aux massifs du parc.
    Sa vue exceptionnelle ne le trahit pas et il remarqua très distinctement la jeune femme en robe verte et blanche, derrière une vitre de la galerie.
    Alors, en un geste d'une grâce et d'une élégance incomparables, il ôta son chapeau à plumes et la salua, tenant sa coiffure à bout de bras tant qu'il n'eut point dépassé Marion.
    Worden, qui allait derrière et comprit, ordonna d'une voix qui ressemblait à un aboiement de dogue :
    — Dragons, pour la tête à droite : droite !
    Cent visages se tournèrent vers Marion à la même seconde, comme s'il se fût agi d'une mécanique. Des visages de tueurs, d'enfants angéliques, d'hommes tourmentés ou très sûrs d'eux, des visages parfois couturés de cicatrices, parfois imberbes, mais jamais fades ni inexpressifs.
    L'arrière-garde, commandée par le terrible baron de Sereni, passa à son tour, juste derrière quelques chariots débordant de matériels. Puis les laquais, emportant les torches, coururent s'abriter de la pluie.
    L'escadron des Opérations Spéciales se trouvait sur la route, rien ne l'arrêterait qu'il n'eût trouvé l'ennemi.
    Marion l'ignorait mais elle venait de transporter Bamberg de bonheur car avec sa vue exceptionnelle, il avait parfaitement lu les mots sur la bouche de la jeune femme : « Oh comme je t'aime, reviens-moi vite, bel amour ! »
    ***
    Emmitouflé en un lourd et chaud manteau, le marquis de Pontecorvo se tenait dissimulé derrière une statue.
    Le salut du général-duc de Bamberg à sa bien-aimée ne lui avait pas échappé et il aima beaucoup cette manière d'une galanterie un peu surannée.
    La troupe fort lourde qui, dans le vent et la pluie, s'en allait à la guerre suivie de cinq chariots disparut en la grande allée et l'Italien murmura :
    — On s'attacherait vite à un tel homme !
    Il ne pouvait rien pour lui, rien pour le protéger, lui... et le secret dont il le croyait détenteur. Mais il savait que Bamberg, rude combattant, connaissait parfaitement la guerre et se trouvait entouré d'officiers et de soldats d'élite qu'il avait choisis. Si bien qu'il paraissait possible de le revoir un jour pour lui arracher un des plus grands secrets de l'Histoire : l'emplacement du trésor de l'ordre des Templiers.
    Parfait connaisseur de l'âme humaine, de ses grandeurs comme de ses scélératesses, Pontecorvo n'ignorait pas non plus que tôt ou tard, les ennemis de Bamberg s'aviseraient qu'ils pourraient l'atteindre à travers la baronne de Neuville.
    Aussi s'offrit-il pour mission - on en connut de plus désagréables - d'approcher la jeune femme pour la mieux protéger.
    Puis les jours passèrent, et les semaines. On n'avait jamais connu pareil froid et la famine décimait le peuple. En outre, les nouvelles concernant l'armée des Flandres devenaient de jour en jour plus catastrophiques...

45.
    FIN JANVIER 1693...

    Assis entre un canon explosé et un mur de pierres demi-effondré, Bamberg semblait réfléchir alors qu'il ne pensait à rien sinon à cette immense fatigue qui l'assaillait dès le réveil. Pour les réduire, en désespoir de cause, les coalisés de la Ligue d'Augsbourg avaient depuis quinze jours inauguré une nouvelle méthode en les canonnant de nuit tandis que le jour

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