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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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réfléchir puis, complaisant :
    — Péteux!
    Le mousquetaire réprima un haut-le-corps et résolut de se battre sans rien ajouter.
    À y bien regarder, on ne pouvait nier les belles qualités de Lagès-Montry qui pratiquait le sabre en excellente connaissance et dans un très beau style, parfaitement académique. Ses assauts, parfaits, forçaient l'admiration. On ne saurait hélas en dire autant du duc de Bamberg et visiblement, pour apprécier sa manière, il ne se trouvait que ses dragons. Et Mme de Neuville.
    Il était... étonnant ! Étonnant, hors de tout enseignement classique mais terriblement efficace. Sans doute en dix ans de guerre affreuse le duc, qui lui aussi connut le classicisme des assauts au sabre, avait revu sa façon. Ainsi, sur un fauchage bas qui eût dû lui entailler les deux cuisses, il fit un bond sur place si prodigieux que la lame du mousquetaire effleura à peine les semelles de ses bottes. Plus grave, il ne parait pas les coups mais, les mesurant très exactement, il se contentait de baisser ou de reculer la tête de sorte que la lame frôlait son visage et l'on aurait pu croire que le dragon, magique, en connaissait la portée.
    Lagès-Montry s'énervait.
    Et toute l'assistance. La manière du duc qui ne rendait jamais les coups mais les évitait faisait craindre pour sa vie à tout instant.
    Nestoc, en son coin, comprit ce qu'il fallait comprendre et songea que ce général, il le faudrait tuer deux fois.
    Pontecorvo et Mortefontaine échangèrent un sourire qui disait bien comme ils se trouvaient en bon accord sur les qualités du duc, l'Italien remarquant :
    — Notre Atlante à cent siècles d'histoire derrière lui, il devrait y survivre.
    Le roi s'impatientait. Oh, certes, il ne s'ennuyait pas et ce qu'il voyait le ravissait mais il n'y tenait plus d'attendre la contre-attaque du duc, qu'il supposait et souhaitait foudroyante.
    C'est alors qu'un dragon, imité par plusieurs autres puis par l'ensemble de la troupe, commença à crier en cadence :
    — Bamberg!... Bamberg!... Bamberg!...
    Celui-ci jeta un regard à Marion qui se rongeait les ongles puis, passant sur Mme d'Ey sans la voir, il sourit à ses dragons impatients.
    Enfin, il eut un regard désolé en direction de Lagès-Montry et porta un coup si rapide que beaucoup ne le virent pas. La main traversée, le mousquetaire lâcha son sabre.
    On croyait en demeurer là lorsque Lagès-Montry ramassa le sabre de son autre main en disant :
    — J'exige une autre chance !
    Le silence se fit puis la voix froide de Bamberg :
    — Vous êtes vaincu, vous n'êtes pas en position d'exiger. Eh quoi, vous battrez-vous de la main gauche ?
    — Je suis ambidextre.
    Comme indifférent, Bamberg lança son sabre en l'air, à plusieurs mètres, et... le rattrapa de la main gauche en répondant :
    — Alors je combattrai également de la main gauche puisque vous n'en avez pas éprouvé encore assez.
    Lagès-Montry attaqua aussitôt, se montrant de plus en plus brillant mais, peut-être lassé, Bamberg, sur un contre, lui traversa le poignet gauche.
    Le mousquetaire lâcha son sabre pour la seconde fois et Lagès-Montry, scandalisant jusque dans son propre camp, lança:
    — Tu te bats comme un truand, maraud !
    Désignant le sabre abandonné dans le sable, Bamberg répondit :
    — Vos mains ne pouvant plus servir, battez-vous avec vos pieds : nul n'y verra la différence.
    Et il s'éloigna sous les rires, disant au général des chevau-léger qui le félicitait :
    — Merci, monsieur, mais qu'on emporte le comte et avec lui sa séquelle avant que mes dragons ne leur fassent mauvais parti.
    Mme d'Ey, très fière - bien qu'on se demandât à quel titre ? -, regarda autour d'elle et, voyant Marion, se dirigea vers la baronne en disant :
    — Tu ne le mérites pas ! Je ne te le laisserai point !
    — Parle toujours, dagorne 5 mais il verra cela par lui-même !
    Sans répondre à la baronne de Neuville, la marquise d'Ey, ses longs cheveux blonds flottant sur ses épaules, marcha vers le duc et nul ne pouvait ne point voir, en ce déplacement, l'épanouissement des formes généreuses de celles qui rappelaient tant Mme de Montespan.
    Résolue, elle barra la route à Bamberg en disant :
    — Emmenez-moi où vous voudrez et troussez-moi : je suis à vous.
    Intérieurement, le duc ne se dédit point qu'elle était fort belle mais décidément, ses manières n'appartenaient pas à son monde :
    — Hélas non, madame, mais il ne manque pas d'hommes,

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