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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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se succédaient attaques d'infanterie et de cavalerie. Ainsi, ne leur laissant nul répit, on les épuisait.
    Le duc portait sur le côté gauche du visage une très longue balafre, allant de la tempe à la mâchoire et la plaie, qui cicatrisait lentement, mais quatre fois plus vite que chez ses hommes, était profonde. Un mois plus tôt, lors d'une sortie de ravitaillement, le général, un instant isolé des autres, s'était vu entouré de cinq Anglais.
    S'étant débarrassé de quatre, ce que voyant, le cinquième s'enfuit en toute hâte, il reçut par-derrière un coup de sabre qui lui traversa l'épaule sans toucher les os. Grimaçant de douleur, il se retourna alors et un des Anglais qui avait roulé au sol, faussement touché, lui donna ce second coup au visage, lui balafrant tout un côté.
    Quoique blessé deux fois en une poignée de secondes, Bamberg, rageur, plongea la lame de son sabre dans la gorge de l'Anglais avec une telle violence qu'il détacha à demi la tête et fut inondé de sang.
    Ivres de colère devant pareille traîtrise si familière aux Anglais, les dragons avaient alors vidé le cadavre du perfide de ses boyaux afin d'offrir diversion aux rats qui pullulaient sur cette position.
    La ville en ruine était depuis longtemps désertée de tous ses habitants et l'on n'en connaissait pas même le nom qu'on savait juste imprononçable.
    Peu après, l'armée avait retraversé le Hainaut et remonté l'Escaut sur la route d'Anderlecht mais les troupes royales ne dépassèrent pas la limite du sud de la Flandre orientale.
    On semblait satisfait que les choses se figent ainsi, après une belle avancée de l'armée royale et nul ne semblait se soucier de l'escadron des Opérations Spéciales, encerclé en une position désespérée depuis près de quarante-cinq jours. Nul, et surtout pas celui qui commandait, le duc de Villeroi qui devait être fait maréchal quelques mois plus tard, sans doute eu égard à sa rare incompétence, lui qui fut régulièrement battu sa vie durant.
    Mais on lui accordait les apparences du respect : il devait bientôt être élevé au maréchalat.
    Ne comprenant rien au caractère quasi clandestin de l'escadron des Opérations Spéciales, ni à son rôle, l'empêchant d'accomplir ses missions de sabotage qui tant affligeaient le moral de l'ennemi et eussent pu donner une grande victoire, il exigea que l'escadron de Bamberg monte en ligne avec le Maine-Dragons « officiel ».
    En outre, jaloux de la fortune du brave comte Léopold Rossel de Villers, jeune crétin d'une aimable gentillesse et propriétaire du régiment, Villeroi fut informé par une langue mauvaise que ce fils de grand financier savait à peine tenir une épée, aussi l'obligea-t-il à compléter en grande urgence son éducation militaire.
    Le futur maréchal de Villeroi, toujours approximatif, ne s'était point aperçu qu'avec tous ses ordres, il créait une situation des plus confuse. Le méprisant, et n'entendant point le ménager, Bamberg, bon juriste en le droit militaire, lui fit représenter qu'il était lieutenant-général et qu'en l'obligeant à intégrer le Maine-Dragons, il se trouverait de facto sous les ordres de Rossel de Villers, de plusieurs grades inférieurs au sien.
    Laissant Villeroi mijoter deux jours sa rage, mais ne voulant point se dérober à son devoir, Bamberg sauva la situation en proposant que l'escadron des Opérations Spéciales, au plan statutaire, se trouverait indépendant du Maine-Dragons tout en montant en ligne à ses côtés.
    Villeroi, fort satisfait de se sortir de ce guêpier, exprima sa reconnaissance par une manifestation de joie allant jusqu'à la claque sur l'épaule, ce que Bamberg, courtois mais retenu en ses manières, accueillit avec un sourire glacé qui n'incitait certes pas à recommencer.
    Tandis qu'on marchait vers l'armée des coalisés, Villers de Rossel demanda humblement à Bamberg de « parfaire son éducation militaire ». Le duc, qui se voulait bon camarade, accepta pour aussitôt aller d'étonnements en mauvaises surprises. Enfin, après toute une journée, il observa d'un air consterné le colonel propriétaire du régiment, le pria de le suivre à l'écart et lui déclara :
    — Monsieur, vous n'entendez rien au canon, ni au fusil, ni au mousqueton, ni au pistolet, et pas davantage au sabre, à l'épée ou au poignard de lancé. Êtes-vous au moins soldat, rassurez-moi sur ce point, de grâce, et de peur que vous ne remontiez la pénurie des

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