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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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enseignements militaires jusqu'à vos jeux d'enfant.
    Le soir même, il constata avec effarement que le futur maréchal de Villeroi n'avait point donné ordre d'orienter sentinelles et canons face à l'ennemi, ce que n'ignore pas un simple caporal, si bien qu'il nota avec amertume, et une certaine avance : « On peut être maréchal de France et notoirement incompétent. »
    ***
    Tandis que Bamberg envoyait sans cesse des éclaireurs qui lui permettaient de dresser des cartes avec la position des coalisés, Villeroi faisait avancer l'armée en toute insouciance.
    Voyant le danger, et tentant de le prévenir, Bamberg demanda audience à Villeroi et lui démontra que son aile gauche, trop avancée, risquait à tout instant d'être coupée et encerclée.
    Devant si lumineuse démonstration, Villeroi, stupéfait, répondit :
    — Mais pourquoi me feraient-ils cela à moi quand l'armée royale se bat à toutes les frontières, y compris en Dauphiné contre Victor-Amédée de Savoie? Pourquoi moi, général, que leur ai-je fait et pourquoi m'en voudraient-ils autant?
    Les officiers d'état-major, effondrés, évitèrent le regard de Bamberg ou, au contraire, l'observèrent en affichant leur sympathie et leur tristesse comme il vient à beaucoup lorsque devant vous la bêtise accable l'intelligence. Le duc, pour sa part, considéra qu'il serait vain d'insister.
    Trois jours plus tard, l'aile gauche, tout un corps d'armée, se trouva effectivement coupée. Les généraux ne se bousculant pas pour endosser une défaite, Villeroi, humblement, lui confia le commandement des troupes sacrifiées.
    Il est des retraites qui sont de magnifiques victoires.
    À la surprise générale, Bamberg organisa un petit chef-d'oeuvre de retraite par échelons, émaillée de très rapides et violentes contre-attaques contre les poursuivants, combats violents qui furent autant de succès et stupéfièrent l'ennemi. En trente-six heures, l'encerclement était rompu par l'aile gauche de l'armée. Admiratif, mais fou de rage, l'ennemi remarqua alors que l'escadron des Opérations Spéciales s'attardait à ramasser les blessés et les traînards, aussi, concentrant rien moins que huit escadrons de cavalerie, on parvint enfin à couper le corps d'élite de l'armée royale.
    Il eût, à cet instant, été facile de dégager Bamberg mais Villeroi, qui fêtait « sa » victoire, n'y songea pas.
    Bamberg, par chance, ne comptait pas sur lui. Sans espoir de rejoindre les siens, il se replia sur la petite ville à proximité de laquelle il se trouvait aujourd'hui bloqué. Lui et les siens se battirent rue par rue, maison par maison, mais, sans cesse repoussé, il trouva refuge en une grande ferme qu'il entreprit aussitôt de fortifier dans les règles de l'art.
    Situation désespérée. Aux 100 hommes des Opérations Spéciales s'ajoutaient 800 blessés et 600 traînards ou soldats perdus, principalement des gardes-françaises. En face, 4 500 coalisés pourvus de vivres et de matériels. Chaque nuit, on désertait et, à l'exception d'une centaine, les traînards s'esquivèrent pour aller se rendre.
    Ému de la situation sans espoir de Bamberg qui se cramponnait au terrain, le commandement des coalisés, à l'initiative des Espagnols, eut un très beau geste en organisant le rapatriement des blessés, ce qui soulageait les assiégés d'autant de bouches à nourrir.
    Bamberg jouait une partie d'une grande finesse car en résistant, il fixait sur place d'importantes forces coalisées qui faisaient cruellement défaut ailleurs, ne pouvant trop avancer en laissant pareil nid de résistance sur leurs arrières. Cependant, ce rôle assuré par les Opérations Spéciales ne pouvait se concevoir que temporairement, et certainement pas quarante-cinq jours. Aux messages par pigeons voyageurs, demandant avec de plus en plus d'insistance qu'on le dégage enfin, Villeroi faisait invariablement répondre « qu'on y songeait sérieusement ».
    Au début, la ferme fortifiée semblait invulnérable. Sa position, sur une hauteur, gênait l'artillerie ennemie et les prairies déclives qui l'entouraient exposaient l'infanterie au massacre. Les cent dragons et la centaine de gardes-françaises ne lâchaient pas un mètre de terrain.
    Cependant, à la longue, bien des remparts crénelés s'étaient effondrés sous le tir des canons et la situation se dégradait de jour en jour. Ainsi, onze soldats d'élite des Opérations Spéciales avaient trouvé la mort, et bien davantage des

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