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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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seule chose qui vous intéresse, quoi que très ralentie, notre avance est inexorable.
    Von Ploetzen réfléchit un instant. L'observant avec une très vive attention, l'Autrichien dut admettre à regret que sous le voile de gaze on ne distinguait rien, absolument rien de ses traits.
    À peine radouci, le géant prussien de plus de deux mètres demanda :
    — Ainsi, vous garantissez la prise de cette maudite ferme fortifiée ?
    — C'est une certitude absolue, comte.
    Von Ploetzen hocha la tête à plusieurs reprises puis la releva vivement vers son interlocuteur, comme si un doute lui venait :
    — Combien de temps vous faudra-t-il?
    L'Autrichien consulta son homologue espagnol du regard, puis:
    — Dans moins de dix minutes, et je compte au plus mauvais de nos intérêts, nos soldats franchiront ce qui demeure des enceintes fortifiées. Dès lors, à une centaine contre 7 500, ce sera l'affaire de quelques minutes car les dragons français disparaîtront sous le nombre, broyés.
    Von Ploetzen, sans répondre, fit quelques pas hors de la tente d'état-major et regarda la nuit qu'éclairaient par intermittence les tirs d'artillerie. Des lignes françaises, on lançait des fusées vertes à intervalles réguliers mais quelle que soit la signification de ces messages, ils étaient à présent inutiles, ne servant tout au plus qu'à ajouter un peu de féerie en cette nuit glacée.
    Vivement, car ses yeux le faisaient soudain souffrir, le Grand Maître des Teutoniques revint en la tente et, pointant un index vers la poitrine du général autrichien :
    — Vous!... Vous, vous avez dit, très exactement, que les Français seraient broyés. C'est bien cela, n'est-ce pas ? C'est bien très exactement cela ?
    L'Autrichien réfléchit un instant, cherchant un piège et, n'en voyant pas :
    — J'ai dit cela que je pense, en effet, et le maintiens.
    Théâtralement, Von Ploetzen posa une de ses énormes mains gantées sur l'épaule de l'Autrichien puis, d'une voix chaude et chaleureuse qu'on ne lui soupçonnait absolument pas :
    — « Broyés ! » Ah, voyez-vous, j'aime ce mot! Oui, j'aime ce mot !
    Puis il sortit de la tente, suivi comme son ombre par Hofflingen.
    Se retrouvant entre eux, la demi-douzaine de généraux échangea des regards stupéfaits.
    *

    Un autre, qui n'était rien moins que le monarque le plus puissant d'Europe, n'arrivait pas davantage que Von Ploetzen à masquer son impatience. Mais contrairement au Prussien, il se gardait bien de manifester semblable impolitesse que le teutonique et c'est par un surcroît de raffinement, très ostensiblement marqué, que ses familiers devinaient à quel point il était à bout.
    Ainsi était Louis le Quatorzième et qui l'avait vu ainsi une fois ne s'y trompait pas, tels les officiers supérieurs qui quittaient la tente royale dès qu'ils l'irritaient. Il suffisait au roi pour signifier cela de ne plus du tout les regarder ou, tout au contraire, de les regarder un peu trop longtemps.
    Un capitaine des gardes de Monsieur entra et salua le monarque qui demanda aussitôt :
    — Eh bien?
    On n'envoyait au roi que des officiers intelligents et celui-ci ne dérogeait pas à cette règle :
    — Sire, huit viennent encore à l'instant d'être repêchés ce qui porte à vingt-trois le nombre de dragons des Opérations Spéciales tirés de la rivière glacée. On a également sauvé un homme des gardes-françaises qui se trouvait assiégé lui aussi et retrouvé cinq cadavres, des camarades de ce survivant. Je dois signaler à Votre Majesté que parmi les vingt-trois dragons rescapés ne se trouve aucun officier mais aux dires d'un de ces hommes, les officiers avaient reçu l'ordre de ne s'échapper par la rivière qu'après leurs soldats.
    Le roi eut un sourire :
    — C'est bien dans sa manière, cela que vous me dites !
    Tous devinèrent qu'il parlait de Bamberg.
    L'exposé du capitaine des gardes du corps de Monsieur était parfait de concision, répondant par avance à certaines questions. Mais il est des choses qu'on aime entendre de vive voix :
    — Avez-vous appris quelque chose concernant le général-duc de Bamberg ?
    Certains, parmi ceux qui se trouvaient sous la tente royale, eurent l'impression d'entendre le cerveau du capitaine cliqueter comme un automate de Nuremberg :
    — Sire, on ne sait absolument rien.
    La prudence eût commandé d'en rester là. La prudence, oui; mais point l'ambition et le rusé capitaine lança un mot, un seul, incitant à le faire

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