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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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sabre légèrement courbé et, au bras droit, le légendaire brassard jaune et rouge. Il arrivait de la forêt, c'est-à-dire de nulle part et en tout cas, de là où on l'attendait le moins, du nord, quand la rivière était au sud !
    Plus étonnant encore, il tenait dans ses bras une merveilleuse jeune femme. Belle, épuisée, grelottant de froid mais visiblement très amoureuse.
    Alors qu'il eût pu s'en dispenser, étant donné son rang, les circonstances, et les moeurs du temps, le général se présenta, étonnante marque de respect envers des subordonnés :
    — Général-duc de Montigny-Bamberg.
    Les deux fantassins du régiment de Meaux l'avaient bien entendu reconnu, mais le fait qu'il le dise les ancrait en la certitude qu'ils ne rêvaient point.
    — Capitaine Migeon.
    — Soldat Lafaille.
    Le capitaine fusilla son subordonné du regard et celui-ci baissa les yeux, ayant répondu sans réfléchir.
    Bamberg n'y prêta nulle attention et sa voix se fit plus chaude:
    — Oublions tout cela. À l'instant, c'est de camarades prêts à m'aider dont j'ai besoin.
    Les deux hommes claquèrent des talons, certains de vivre les meilleurs instants de leur vie militaire.
    ***
    On avait activé le feu à côté duquel la baronne se changeait, protégée des regards par deux vieux fantassins qui tenaient déployées de part et d'autre des capes. Au fur et à mesure, on lui passait des pièces d'uniforme que des soldats avaient auparavant chauffées près des flammes. Tous manifestaient le plus grand respect.
    Ému, le vieux colonel commandant le régiment de Meaux s'était présenté à Bamberg, lequel le pressa aussitôt de questions. On l'assura qu'une soixantaine de dragons avaient déjà été tirés de la rivière, et qu'un détachement de mousquetaires envoyé en secours se serait fait hacher sur place, les derniers étant encore encerclés en la forêt.
    Aussitôt, Bamberg s'enquit du régiment de cavalerie dont les quartiers se trouvaient à proximité et on lui signala le régiment du dauphin, celui de la reine et enfin le régiment de Penthièvre, sous les ordres, pour la nuit, du colonel Sébastien de Fontenelle, un homme très brillant.
    Bamberg le fit donc chercher et adroitement, au lieu de lui donner des ordres, ainsi qu'il le pouvait, lui demanda son aide.
    Âgé d'environ trente-cinq ans, Fontenelle était un officier d'une élégance extrême mais Bamberg, qui s'y connaissait, ne se trompa pas sur son regard : cet homme courtois était un véritable soldat, dur à la peine, sans doute redoutable au sabre et sur la fidélité duquel il pourrait compter.
    Fontenelle ayant promis son aide avec enthousiasme, Bamberg expliqua :
    — Il me faut 300 de vos meilleurs cavaliers, pas davantage afin que nous ne perdions rien de la vitesse en nos déplacements. La mission est double, harassante et fort dangereuse. Voulez-vous toujours en être, monsieur?
    — Je ne donnerais ma place pour rien au monde.
    — Nous allons jouer les chiens de berger mais pour rattraper notre cheptel et le disputer aux coalisés, il nous faudra combattre.
    — Est-ce vos dragons que nous allons ainsi soustraire aux coalisés ?
    — Pas seulement eux. Un parti de mousquetaires est en grande difficulté quelque part en cette immense forêt. Nous allons les dégager. Il faudra prévoir des chevaux supplémentaires car ils doivent se trouver démontés.
    — Une trentaine ?
    — C'est raisonnable. Et votre meilleur pour la baronne.
    Le colonel-baron de Fontenelle, étonné, regarda autour de lui et fut très surpris lorsque, ôtant son chapeau de fantassin, les cheveux bruns de Marion tombèrent sur ses épaules.
    Impressionné, il s'inclina en disant :
    — Mon cheval, quoique excellent, sera à peine digne de vous, madame la baronne.
    Dix minutes plus tard, la troupe de cavaliers se mettait en route tandis que dans les rangs de l'armée française se répandait la nouvelle du retour de Bamberg.
    Et qu'aussitôt, il retournait au combat...

52.
    Von Ploetzen inspectait les ruines de la ferme fortifiée et fut convaincu de l'évidence : une fois encore, ils avaient été joués et Bamberg leur échappait. « Il a une guerre, voire plusieurs, d'avance sur les autres. Je n'ai pas le droit de laisser vivre un tel homme. »
    En cette période de restauration du Conseil des Troubles, compte tenu des nouvelles ambitions qu'il affichait pour celui-ci et de son incontestable succès auprès des monarques et des financiers qui devaient se partager

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