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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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confessaient car le roi, que beaucoup considéraient de droit divin, se plaçait au-dessus des principes les plus sacrés : n'en était-il pas le fondement?
    Un quart d'heure après le départ de Bamberg, Louis le Quatorzième savait tout : son état physique et même sa tenue, que la baronne l'accompagnait, l'aide de 300 hommes du régiment de Penthièvre, la quête des derniers égarés des Opérations Spéciales, le désir de dégager les mousquetaires envoyés à son secours et à leur tour pris au piège.
    Le vieux monarque s'étonna... de s'étonner ! Ce diable de Bamberg ! Épuisé, transit de froid, ruisselant, balafré mais fors l'honneur !
    Et on disait qu'on avait dû contenir par la force ses dragons rescapés - mais dans quel état ! - qui cependant voulaient le rejoindre en apprenant qu'il était reparti! On assurait encore que son cheval, Hautain, échappant à la main d'un palefrenier, s'était sauvé vers la forêt en compagnie de Scrub, l'horrible chien du duc imprudemment confié après son repêchage au vieux marquis de Guyon.
    Ému, Louis le quatorzième songea que femmes, soldats, chevaux, chiens : tous brisaient leurs entraves pour se trouver aux côtés de Bamberg.
    Tous ! Et s'ils ne pouvaient s'y rendre, au moins y allaient-ils par l'esprit, oui, tous : femmes, soldats, chevaux, chiens... et roi !
    ***
    En selle sur Hautain qui l'avait effectivement rejoint, Scrub courant à ses côtés, Bamberg chevauchait sans hésitation en la nuit noire. Marion allait à sa droite et M. de Fontenelle, stupéfait, à sa gauche.
    Marion ne s'étonnait qu'à demi, ayant déjà vu Tancrède circuler en la brume comme en plein jour. Mais pour Fontenelle, la chose était nouvelle : non seulement le duc y voyait la nuit mais il entendait de si loin qu'on était effaré de pareil phénomène. Il lui suffisait de lever sa main gantée de gris, s'arrêtant aussitôt, et en les instants suivants on pouvait être certain de voir passer un parti ennemi.
    Enfin, on arriva en le minuscule hameau près de la rivière et, après avoir scruté la nuit, Bamberg donna l'autorisation d'allumer des torches.
    On vit d'abord un simple soldat des Opérations Spéciales qu'on avait tenté de griller vif et dont la moitié du visage manquait, carbonisée. Appelé Dolman, il avait un jour fait savoir que mort, il aimerait reposer auprès de sa femme, à Paris, en l'hôpital de la Charité.
    Puis on découvrit le vicomte Antoine du Plessis-Quenouille. S'emparant du guidon, les Anglais avaient arraché l'étendard représentant un sabre et une hache rouges croisés sur fond jaune avant de lui enfoncer la moitié du manche taillé en pointe en plein coeur, et l'autre en le fondement.

    Impassible, les traits indéchiffrables, Bamberg observa le corps suivant, le caporal Piloselle, sans doute saisi alors même qu'il prenait pied sur la berge. Lui fut aussitôt ligoté entre deux planches sur lesquelles on tapa à coups de crosse jusqu'à détacher les poumons en d'affreuses souffrances.
    Enfin, on trouva le quatrième et dernier dragon en le cimetière du hameau. On avait dû attraper M. de Froidfond au sortir de la rivière, comme les autres, et, à voir comme un tibia traversait la botte, lui briser les os à coups de crosse. Puis, traînant le sergent jusqu'au cimetière, on l'avait attaché à la croix de pierre d'une tombe. Il portait une lanterne au cou, afin de servir de cible lumineuse.
    Là, on s'était de nouveau acharné à coups de crosse car un oeil bleu pendait sur la joue. Enfin, sans doute lassé, on avait fusillé le mourant en cette position.
    Un cinquième homme, le capitaine de Stievet, seul officier des gardes-françaises présent en la ferme assiégée, avait été « simplement » exécuté d'une balle dans la nuque eu égard au fait, sans doute, qu'il ne fût point dragon.
    On attacha les cadavres en travers de la selle de chevaux disponibles puis, ayant remarqué un vieux sergent du régiment de Penthièvre, Bamberg questionna :
    — Je vous ai observé, vous savez prendre la piste.
    — Mon père gardait les chasses de notre seigneur, en Limousin, c'est là que j'ai appris, monsieur le général.
    — Saurez-vous regagner les lignes françaises en évitant l'ennemi ?
    — Je saurai faire cela. Il n'est pas toujours facile, même pour un vieux coureur de forêt, de trouver son chemin mais quand je l'ai parcouru une fois, je ne me trompe jamais.

    L'homme partit peu après avec quelques cavaliers d'escorte en

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