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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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demanda Mortefontaine.
    — Je l'ignore.
    — Leur adresse ?
    — Le capitaine de Sereni les a entendus parler du Châtelet et du pont au Change. Il a envoyé certains de nos dragons rue Pierre-à-poisson et rue Trop-va-qui-dure puis en ce labyrinthe de petites rues pestilentielles telles la rue de la Tuerie et celle de la Grande-Boucherie. On a fouillé et interrogé jusqu'à la rue de La-descente-de-la-vallée-de-misère, jusqu'à la Seine, en vain.
    Mortefontaine, qui semblait préoccupé, chercha cependant à rassurer Bamberg :
    — J'ai une mouche 1 qui loge aux Halles, rue du Grand-Hurleur. Il connaît chacun en le quartier où vos amis ont disparu. Je ferai en outre prévenir les archers. Le roi veut qu'on vous protège, cela s'étend à vos amis.
    — Merci! dit simplement Bamberg à quoi Mortefontaine répondit en latin :
    — Fide et Obsequio 2 !
    Sur ce mot, le marquis de Pontecorvo se leva, l'air désolé :
    — Hélas, je suis attendu...
    — Et alors, monsieur le général des jésuites, est-elle jolie ?
    — Fort à mon goût !
    Affectant un air grave, Mortefontaine questionna :
    — Et Dieu, en tout cela ?
    On rit beaucoup de ce mot-là.
    1 Indicateur de police.
    2 « Loyauté et obéissance ».

62.
    Il en va souvent ainsi, en l'existence, que lorsque les choses semblent enfin s'arranger, brusquement, elles glissent irrésistiblement vers le pire. Ce fut en tout cas le triste sort réservé, dès le lendemain, au général-duc de Bamberg.
    La nuit avait été merveilleuse. Marion blottie dans ses bras, ils avaient longtemps regardé tomber la neige depuis le lit de la petite chambre du premier étage où elle avait si souvent espéré ne point se trouver seule jusqu'à la fin de sa vie.
    Il était parti tôt le matin, saluant le dragon qui venait prendre la garde devant la maisonnette. L'idée venait de Pontecorvo et malgré les réticences de Marion, Bamberg s'y montrait favorable.
    C'est vers neuf heures, sous un vent glacé, que le général rejoignit ses troupes à l'exercice en la plaine proche du château de Vincennes. Quinze centimètres de neige ne facilitaient pas une manoeuvre complexe : par groupes de trois formés en triangle selon le principe un sommet, deux bases, il s'agissait d'un tir sur cible, les cavaliers lancés au galop.
    Malgré des résultats inégaux, mais assez satisfaisants en ces conditions difficiles, le général tentait d'afficher un air de demi-satisfaction. Eût-elle été complète qu'il aurait été presque impossible à Bamberg de lui donner tout son éclat tant faisait ombrage la disparition d'Hugo et de Clément. Car, une fois encore, ils ne s'étaient point montrés et les jours succédant les uns aux autres, une sourde angoisse étreignait le coeur du chef des Opérations Spéciales.
    On en était là, tandis qu'approchaient cinq heures, lorsque le baron de Mortefontaine, flanqué d'une demi-douzaine de policiers vêtus de noir, arriva au galop. Sans que l'habite l'ombre d'un doute, Bamberg devina qu'il était porteur de mauvaises nouvelles.
    — Eh bien? demanda-t-il, presque agressif, et sans même saluer le baron.
    Celui-ci ne s'en formalisa pas, allant à l'essentiel :
    — La baronne a été enlevée et le dragon de faction tué, ainsi que votre chien.
    Bamberg ouvrit la bouche sans pouvoir cependant prononcer une parole.
    Mortefontaine savait d'expérience que lorsqu'on annonce des drames, mieux vaut se montrer brutal que tergiverser. Aussi poursuivit-il, alors qu'il lui en coûtait, avec la même sécheresse :
    — Rue Neuve-Saint-Merry, on a retrouvé les corps de deux hommes. Ils sont malheureusement nus et les visages ont été écrasés à coups de marteau, ce qui rend toute identification impossible. J'ai songé que vous, peut-être...
    Déjà, Bamberg s'était repris et, d'une voix froide :
    — Ne perdons pas un instant, voulez-vous ?
    ***
    Marion enlevée, le général savait qu'il ne trouverait rien à Auteuil, ce qui ne l'empêchait point de vouloir s'y rendre après avoir vu les deux cadavres : même mutilés, il saurait bien reconnaître s'il s'agissait de ses amis. En outre, les cadavres ayant été transportés au Châtelet, il semblait plus logique de s'y rendre d'abord en venant de Vincennes pour gagner Auteuil.
    On arriva rapidement au Grand Châtelet, principale prison de Paris pour les crimes civils. Bamberg suivit Mortefontaine en un dédale d'escaliers suintants d'humidité et de couloirs obscurs puis l'on arriva près d'une pièce

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