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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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trouvaient couverts de capes et de peaux de bêtes.
    Une lanterne, placée à l'entrée, dispensait une lumière joyeuse car le vent, qui s'insinuait partout, faisait danser la flamme telle une petite danseuse orientale.
    Ils avaient fait l'amour et se tenaient enlacés, la jeune femme frileusement blottie contre l'épaule du général.
    Il la rassura :
    — Ce froid ne durera pas toujours. À l'apparition du premier perce-neige, j'offrirai du vin de Champagne à tout l'escadron.
    — C'est étrange, je ne vous vois que l'hiver. J'ai du mal à imaginer l'escadron attaquant le centre des villes l'été...
    — L'hiver nous est plus propice. Nous nous sommes volontairement habitués au froid, aux temps les plus extrêmes afin de posséder un immédiat avantage. L'été, les choses sont plus délicates mais le bon état des chemins nous permet des replis très rapides. En août dernier, juste avant l'attaque d'une petite ville, nous avons traversé une épaisse forêt où le soleil perçait difficilement les hautes futaies mais lorsqu'il y parvenait, il semblait que se trouvaient répandues sur le sol des milliers de pièces d'or. J'ai feint d'en ramasser quelques-unes et tous m'ont imité en riant, c'est devenu un jeu, nous avons oublié la guerre, nous comparions d'imaginaires paniers pleins, nous étions des enfants qui s'amusent et qui s'aiment. Si nos ennemis nous avaient vus ainsi, ils n'auraient rien compris à cela. Je sais bien que c'est la guerre et la mort qui nous rendent si proches et que sans elles, nous n'aurions rien à nous dire mais il n'empêche, la seule chose que je regretterai, après, c'est eux, mes camarades...
    À imaginer la scène, à entendre ces paroles nostalgiques, une tristesse vint à la jeune femme qui embrassa doucement Bamberg, puis :
    — Tu ne te trompes pas en voulant quitter l'armée ?
    — Non.
    Il sourit et ajouta :
    — Le roi nous a déjà tous pensionnés, tous ceux qui étaient à la ferme fortifiée. J'aurai donc une pension de général et vivrai mieux qu'un bourgeois.
    Le vent soufflait avec violence, faisant craquer les planches de l'étable.
    Il reprit :
    — La guerre m'est de plus en plus insupportable et la vie de caserne m'afflige. Il n'est aucune issue et je...
    Il se tut en entendant le long hurlement d'un loup, un hurlement modulé, interminable : le chef de meute allait lancer ses troupes.
    Sans avoir la puissance du premier, un, deux, dix, cent lui répondirent mais déjà Bamberg, qui s'était allongé tout habillé, était sorti, mousqueton à la main. Un dragon siffla, deux doigts dans la bouche, d'autres firent de même puis on entendit une trompette, étrangement joyeuse en cette nuit noire où les flocons tombaient dru.
    Marion sortit sur le pas de la porte et vit que de toutes les maisons soudain éclairées jaillissaient des dragons, parfois demi-vêtus, mais toujours armés.
    Au milieu de ce désordre, Bamberg, très calme, lançait ses ordres d'une voix qui couvrait l'agitation :
    — Dragons, pour les feux de salve : sur trois rangs !
    En quelques instants, comme par magie, plus de désordre mais des soldats impeccablement alignés et prêts à subir l'assaut de la meute.
    — Les voilà!... hurla Bamberg, mais à part lui, dans l'obscurité totale et avec l'épais rideau de neige, nul ne les vit, ne distinguant point à plus de dix mètres.
    Comprenant la situation, le général lança :
    — Attendez!... Baissez les canons, c'est sur des loups que vous tirez ! ... Attendez... Attendez... Feu !
    Aussitôt, le second rang passa au premier tandis que celui qui venait de faire feu passait au dernier afin que les dragons rechargent leurs mousquetons.
    Les salves se succédaient mais les chevaux, fous de terreur, se dressaient sur les pattes arrière et certains sortaient de l'enclos où les quelques dragons préposés à la garde se trouvaient dépassés, obligés de combattre les loups le sabre à la main.
    Bamberg vit le danger :
    — Le troisième rang, à l'enclos !
    Quelques loups traversèrent le village, se jetant sur les enfants imprudemment sortis des maisons.
    Marion, pistolet à la main, fut elle aussi prise de vitesse par une chose grise au dos trapu et sans doute aurait-elle connu une fin atroce si Scrub, surgissant de sous la paille, n'était passé sous le loup, lui arrachant les testicules.
    Dans un cri de douleur et un éclair de dents impressionnant, le loup se retournait vers son agresseur lorsque Marion lui logea une balle dans la

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