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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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lorsqu'une phrase de Mortefontaine lui fit dresser l'oreille :
    — Je sens souffler sur Paris un vent mauvais qui se lève en tous les lieux corrompus de la capitale. Mes mouches parlent de dépôts d'armes qui se constituent. Les chefs de la truanderie paraissent brusquement enrichis mais muets comme des carpes, fût-ce avec leurs plus fidèles lieutenants. Il se prépare quelque chose.
    Pontecorvo approuva :
    — Ce vent mauvais dont vous parlez, j'en sens aussi le souffle et ce qui est grave, c'est que mes informateurs ne sont pas les vôtres, ce qui donne davantage de crédit à cette rumeur.

    Bamberg, qui avait en partie suivi la conversation, demanda, non sans candeur :
    — Que ne rentrez-vous en Italie, marquis? C'est que nous vous aimons et serions fort affligés si l'on vous faisait subir mauvais parti.
    Il sembla à l'Italien que son esprit bouillonnait : l'occasion se présentait, offerte par Bamberg lui-même ! Cependant, comme rien n'est simple, il avait fallu que Bamberg ajoute cette phrase si gentille et paralysante sur l'amitié qu'il lui portait et le souci qu'il prenait de lui !
    Cependant, le coeur de Pontecorvo ne balança pas trop longtemps. Il se composa un visage tragique tandis que ses yeux s'embuaient de larmes : le pape, Innocent XII, ne lui avait-il pas dit un jour en riant : « comediante ! » ?
    Si Mortefontaine demeura assez réservé sur ce que préparait à l'évidence son confrère et néanmoins ami, Bamberg en fut bouleversé :
    — Marquis, pourquoi ces ombres sur votre visage et ces larmes en vos yeux?... Allons, parlez, ne sommes-nous point vos amis ?
    — Hélas ! répondit l'Italien en étouffant un sanglot tandis que Mortefontaine notait mentalement : « Ah çà, il est en constant progrès ! »
    Bamberg se fit insistant :
    — Il n'est pas de « Hélas » ou bien, si vous n'avez point confiance en nous, dites-le et nous n'en parlerons plus.
    Le marquis jeta au duc un regard déchirant :
    — Ce n'est pas cela mais vous avez déjà votre lot de malheurs, à quoi bon vous embarrasser du mien?
    — Un malheur n'en retranche point un autre et ils se doivent traiter tels les problèmes, un par un.
    Oubliant un peu vite ses larmes, Pontecorvo répondit :
    — Le pape veut récupérer son bien. Vous n'ignorez point que les Templiers oeuvraient pour Dieu et son Église ? Lorsque Philippe le Bel fit brûler le Grand Maître et dissoudre l'ordre, le trésor eût dû revenir à l'Église. Savez-vous cela?
    — Bien mieux que beaucoup d'autres, et vous ne pouviez mieux tomber !
    — Quel extraordinaire hasard! lança Mortefontaine avec une légère ironie que ne remarqua pas Bamberg, trop à son affaire.
    — C'est mon ancêtre, Enguerrand de Bamberg, qui a enfoui le trésor avec trois autres chevaliers du Temple. Lorsque ce fut fait, ils se sont tués les uns les autres en un duel en bord de Seine afin que le secret demeure inviolable.
    Cette fois, Pontecorvo n'eut pas à feindre le désespoir :
    — Quel irréparable malheur !
    — Mais ce n'était qu'un trésor, marquis, et il n'est pas un seul trésor qui vaille une vie !
    — Sans doute, sans doute, mais Sa Sainteté voudrait à tout prix savoir où il se trouve, et n'envisage pas même de le déménager tant la cachette, qui a conservé son secret pendant des siècles, est excellente.
    — Marquis, la curiosité est un défaut et Sa Sainteté est curieuse comme une vieille pie.
    Cachant adroitement son amusement, Mortefontaine suivait cette conversation avec délectation.
    Pontecorvo reprit :
    — Peut-être avez-vous raison mais moi, si j'échoue, l'Italie m'est à jamais interdite.
    — Est-ce si grave ?
    — Mais... Oui!... J'y ai un domaine, une dizaine de femmes et trente et un enfants !
    Bamberg réfléchit, et on le sentait hésitant :
    — Il est vrai que ce trésor, après la disparition du Temple, aurait dû revenir à l'Église mais les templiers pensaient avec sincérité que l'ordre renaîtrait de ses cendres... et que ce trésor les aiderait en cette reconstruction.
    — Vous voyez bien, vous le dites vous-même, ce trésor appartient à l'Église.
    Angoissé par l'enlèvement de Marion, bouleversé par la mort de ses deux amis, Bamberg désirait en finir sans toutefois froisser Pontecorvo :
    — À la fin, marquis, qu'attendez-vous de moi ?
    — Qu'importe, à présent, puisque le secret s'est perdu !
    On ne pouvait nourrir de doutes sur l'accablement de Pontecorvo. Bamberg en fut ému :
    — Mais est-il vraiment

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