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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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devant laquelle gisaient deux paquets de forme vaguement humaine. Mortefontaine crut bon d'expliquer :
    — La pièce où je vous emmène est la plus froide du Grand Châtelet, c'est la raison pour laquelle on y conserve les corps sur lesquels on ne peut mettre un nom. Ces deux-là ont les ongles soignés et les cheveux fort propres, on suppose donc qu'il s'agit de nobles ou de riches bourgeois. Pour les conserver plus longtemps, on vient de les vider, de les empailler et de les saler.
    — Voyons ailleurs ! répondit Bamberg, nerveux.
    Mortefontaine fit signe à un gardien qui ouvrit une porte de chêne et on pénétra en une pièce très froide de trente pieds carrés.
    Une dizaine de cadavres étaient déposés sur les dalles du sol mais Bamberg n'eut besoin de personne pour s'approcher de deux corps.
    Des visages, on ne reconnaissait rien tant le marteau les avait abîmés. Un magma de chair, de sang, de cervelle et d'os, des têtes asymétriques.
    Bamberg observa les corps puis, se tournant vers le policier, d'une voix accablée :
    — C'est eux.
    — Les cicatrices, n'est-ce pas ?
    — Oui, je les reconnais toutes.
    — Je vais envoyer à l'instant un message au roi. Je suppose qu'il les fera enterrer à la Madeleine, avec les honneurs militaires.
    La voix de Bamberg, altérée par l'émotion, parut presque inaudible à Mortefontaine :
    — Qui a fait cela ?
    — Von Ploetzen. Nous avons arrêté les deux soeurs, des putains. C'est un Allemand qui les avait recrutées pour séduire vos deux amis. Il n'était pas prévu de les tuer mais de les enlever, sauf qu'ils se sont défendus. Bien entendu, les putains seront mises à mort. Je vous dirai ceci qui est ma conviction profonde : en envoyant un Allemand, Von Ploetzen voulait vous faire savoir que c'était là son ouvrage. Ses hommes se sont affolés, vos amis étaient redoutables.
    Bamberg réfléchit un instant, puis :
    — Je pense que vous avez raison. Allons à Auteuil, à présent.
    ***
    Pendant tout le trajet menant du Châtelet à Auteuil, on n'échangea pas une parole entre Bamberg, muré en lui-même, Mortefontaine, ruminant des pensées moroses, et les six policiers d'escorte aux visages de granit.
    On avait dû se battre avec violence à l'intérieur de la maisonnette, on marchait dans le sang.
    Des meubles avaient été dérangés, des assiettes et des verres cassés. Près de la cheminée, sa tunique rouge lacérée, gisait le cadavre du dragon de garde tenant encore à la main son sabre brisé.
    Pris d'une soudaine angoisse, Bamberg grimpa à l'étage pour gagner la chambre sur le parquet de laquelle se voyait une flaque de sang. Se baissant, il ramassa le pistolet de Marion qu'il reconnut pour l'avoir entretenu et réglé. Le canon sentait la poudre, elle avait donc tiré.
    — Rassurez-vous, elle n'a rien.
    Le général se retourna vers Mortefontaine lequel, cette fois, s'efforçait de donner à sa voix des inflexions rassurantes.

    — Qu'en savez-vous ?
    — Un voisin. Je l'ai envoyé chercher.
    Les deux hommes redescendirent.
    En attendant le témoin, Mortefontaine suggéra :
    — Si vous en êtes d'accord, je pourrais faire remettre les lieux en l'état, nettoyer, remplacer les objets brisés.
    Un peu désabusé, le général répondit :
    — À quoi bon ?
    Le ton du policier se fit plus ferme :
    — Lorsque la baronne reviendra, elle sera heureuse de ne point trouver sa maison ravagée comme on la voit actuellement.
    Bamberg secoua sa torpeur :
    — C'est une bonne idée que vous avez là. Il faudra aussi s'occuper de Pégase, son cheval. Quant à mon dragon, il faut faire ramener son corps à ses parents, qui habitent Étampes et que je ferai pensionner.
    Le témoin arriva à cet instant. C'était un homme dans la petite quarantaine, les cheveux frisés, les yeux rapprochés et le visage chafouin. Il semblait retors mais sous le regard implacable de Mortefontaine, il ne songea plus qu'à dire la vérité :
    — J'habite deux maisons en deçà de celle de la baronne de Neuville, mais de l'autre côté de la route.
    — Allez rapidement au fait ! coupa Bamberg.
    — Eh bien... C'est le coup de feu qui m'a fait me précipiter à la fenêtre. Un carrosse attendait... On y poussa non sans rudesse la baronne de Neuville puis l'on y déposa trois cadavres cul par-dessus tête et un homme armé monta à son tour. Quatre cavaliers suivaient, dont l'un se tenait les couilles en geignant. Je peux donc affirmer qu'avec le cocher, ils étaient neuf.

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