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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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C'est un autre voisin, Mortain, qui possède un cheval qui s'en fut donner l'alerte.
    — Et le chien?
    — Son flanc était sanglant. La pauvre bête est sans doute allée crever en la campagne.
    — En êtes-vous certain ?
    — Le coup de sabre avait dû être terrible, il ne pouvait y survivre.
    Bamberg, ému, songea à la scène : Marion, le jeune dragon et Scrub se défendant avec courage contre une force tellement supérieure.
    Il se tourna vers Mortefontaine :
    — Il faut investir le repaire de Von Ploetzen et en finir.
    L'autre parut embarrassé :
    — C'est un homme puissant et nous n'avons pas de preuves. Je suis d'accord avec vous sur l'identité de l'auteur de cette infamie mais je ne peux rien entreprendre.
    — Alors je le ferai moi-même.
    Mortefontaine secoua la tête :
    — Je suis persuadé que c'est exactement ce qu'escompte le Grand Maître des Teutoniques. Je crois qu'il faudrait prendre l'avis du marquis de Pontecorvo avec lequel je dois souper Aux deux colombes. Il faut nous hâter, nous allons être en retard.
    — Je n'ai nullement faim.
    — Venez tout de même : il s'agit de la baronne.
    Cet argument l'emporta.

63.
    Bamberg et le baron de Mortefontaine se présentèrent avec un très léger retard à L'Auberge des deux colombes et immédiatement, le policier préféré de Louis XIV comprit son erreur.

    Avec tact, Bamberg n'y fit point allusion car il n'était point en sa nature de se plaindre et de geindre mais son regard triste et nostalgique s'attardait sur certains détails de cette pièce où il avait été si heureux avec Marion.
    Le marquis de Pontecorvo le comprit lui aussi, sans y faire allusion.
    La conversation s'avéra une impasse : oui, Worden et La Mothe-Sislées avaient été tués à l'initiative de Von Ploetzen, oui la baronne de Neuville avait été enlevée sur l'ordre du même homme mais comment prouver tout cela?
    Alors, envahir de vive force l'hôtel particulier de Von Ploetzen défendu par les plus hauts murs de Paris? Et y parviendrait-on, le Prussien n'était-il pas assez rusé pour avoir fait enfermer la jeune femme en un tout autre repaire? Il faudrait alors, comble de l'humiliation, présenter des excuses à un homme qu'on savait un assassin! Enfin, du côté de la police officielle entièrement sous la coupe du lieutenant-général Nicolas de La Reynie, ancien magistrat, son légalisme forcené, sa prudence diplomatique et son peu de goût pour l'aventure annihilaient tout espoir d'une aide quelconque.
    — Vous ne mangez rien!... remarqua Mortefontaine en constatant que le général s'était contenté de grignoter une cuisse de faisan en buvant un demi-verre de bourgogne.
    — Il ne faut pas m'en tenir rigueur, messieurs, je n'ai pas faim. Je ne cesse de songer à l'endroit où peut se trouver la baronne, et dans quel état.
    Un des trois convives, même s'il s'avérait maître en dissimulation, avait fort mauvaise conscience : le marquis de Pontecorvo. En effet, lui savait !
    Mortefontaine avait ses méthodes, excellentes, le marquis avait les siennes, différentes mais fort efficaces elles aussi. Ainsi, ayant à son service un ancien officier du duc de Savoie devenu maquereau et chassé de l'armée, était-il parvenu à le faire entrer en la bande du Grand Maître des Teutoniques. S'étant avéré excellent au sabre et au pistolet, sélectionné puis interrogé par Hofflingen, il lui fut facile de conquérir celui-ci qui ne vit en la recrue que l'officier, le camarade, et non le maquereau.
    C'est de cet informateur qu'il tenait que la baronne était vivante et risquait de le demeurer tant que Bamberg n'aurait pas rendu l'âme. Après... Après, c'était tout autre chose.
    Donnant cette nouvelle au général, il lui aurait certainement restitué d'un coup toute sa joie de vivre et sans doute le jésuite en eût été heureux, tant le chef des Opérations Spéciales lui inspirait respect et sympathie.
    Seulement... Pontecorvo était en mission et en mission, on ne donne pas, on échange. Le pape voulait le trésor des Templiers et réussir là où tous les autres papes avant lui avaient échoué. Cependant, en raison de sa finesse, il ne se voyait pas monnayer l'information qu'il détenait contre l'emplacement du trésor des Templiers. Ce serait du dernier mauvais goût, aussi devait-il réfléchir, et très vite, à une transaction plus douce, atténuée et délicate.
    Il allait s'y mettre, confiant en sa connaissance de la merveilleuse langue française,

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