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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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la bassinoire entre les draps et sur les oreillers puis elle entendit de mystérieux grincements de parquet tandis qu'il rapprochait le lit de la cheminée. Affairé, il redescendit, ouvrit un coffre, monta un supplément de couvertures, un second couvre-pieds et une grosse courtepointe rembourrée de coton et de laine.
    Toujours très occupé, il monta à l'étage un candélabre et une dizaine de bougies de cire qu'il disposa un peu partout en la petite chambre aux rideaux tirés.
    Il revint enfin, satisfait, et s'agenouilla devant Marion toujours assise et les pieds sur la chaufferette. Alors il lui prit les mains en disant :
    — Dans quelques minutes, il fera là-haut une chaleur telle qu'on en rêve à Versailles.
    Il posa sa tête sur les cuisses de Marion et, soulevant la robe, il embrassa ses genoux tandis qu'elle lui caressait les cheveux.
    Puis il se redressa et la prit dans ses bras, lui demandant de fermer les yeux. Elle ne fut autorisée à les ouvrir que dans la chambre. Le feu en la cheminée, le lit déplacé, les bougies distribuées avec goût, l'air de fête qui flottait sur l'endroit, tout lui parut merveilleux.
    Ils s'embrassèrent et se déshabillèrent avec une certaine hâte. Cependant, il la regardait faire, ne voulant point manquer l'apparition de cette chose toute nouvelle qu'on appelait « caleçon ».
    Les femmes, ainsi était l'usage, ne portaient rien sous leur robe. À peine étaient-elles quelques-unes, à Paris, qui ne l'entendaient point ainsi mais la chose n'arrangeant point les hommes en certaines entreprises, ceux-ci firent courir le bruit qu'il fallait « se méfier des femmes portant caleçon ».
    On n'en trouvait que rarement chez les couturières aussi Marion fabriquait-elle elle-même les siens, fort courts, en dentelle et très ajustés, ce qui perturbait fort le général en adoration devant la petite pièce si joliment conçue.
    Au reste, les femmes commençaient à trouver beaucoup d'avantages à cette nouveauté. Par exemple, on racontait que la très jolie Madame de Lafayette, n'en ayant point, avait fait une chute de cheval devant le roi et quelques seigneurs, révélant ainsi son intimité de devant mais surtout de derrière.
    Se trouvant là, le poète Vincent Voiture écrivit aussitôt :
    « Et mon coeur autrefois superbe
    Humble se rendit à l'amour
    Quand il vit votre cul sur l'herbe
    Faire honte aux rayons du jour... »
    S'apercevant du trouble de Bamberg, Marion ne se hâta pas de retirer la petite pièce de dentelle, et pas davantage ses bas noirs retenus par de magnifiques jarretières rouges.
    Elle lui sourit et, ignorant que la température chuterait de vingt degrés en la nuit, elle lança, amusée :
    — Il fait moins froid, soudain, et même assez chaud...
    Il se jeta sur elle.
    *

    Ils avaient merveilleusement fait l'amour, chacun voulant tout donner à l'autre. Elle se tenait la tête sur son épaule et lui caressait la poitrine.
    Enfin, se redressant légèrement :
    — Tancrède, j'ai hâte que tout s'achève et que nous partions.
    Il lui sourit :
    — On n'échappe pas aux recherches croisées de Mortefontaine et Pontecorvo. Demain, Von Ploetzen sera pris. Encore un jour, un seul jour...
    Il se trompait, il en faudrait huit de plus.
    Quant à dire de Von Ploetzen qu'il fut pris...

71.
    Rien ne se déroula ainsi qu'on s'y attendait.
    L'affaire du Conseil des Troubles concernait des dizaines de millions d'hommes mais rien qu'entre Versailles et Paris, ils n'étaient qu'une dizaine à la connaître.
    Bientôt, cette affaire devint chaotique alors qu'on n'imaginait que deux dénouements : Von Ploetzen, aidé de ses puissants appuis, gagnait la Prusse ou bien, s'il n'y pouvait parvenir, on l'arrêtait et l'exécutait discrètement.
    Le roi, la police, l'armée et le Vatican déployaient de grands efforts pour empêcher le Grand Maître des Teutoniques de quitter le royaume des lys car en sécurité chez lui, il eût vite remis sur pied le Conseil des Troubles.
    Policiers, « mouches », tous étaient sur la brèche et les Prussiens de Paris ne pouvaient faire un mouvement sans qu'ils fussent épiés et la chose consignée puis transmise à Mortefontaine qui ne dormait que quatre heures par nuit.
    On croyait, côté français, à l'efficacité de cette manoeuvre mais le filet ramené, on ne captura que du fretin si bien que ceux qui espéraient eurent bientôt le sentiment que l'aiguille s'immobilisait au cadran de l'horloge.
    Madame de Maintenon étant

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