Le Conseil des Troubles
tarda pas à épouser.
Malgré d'affreux cauchemars qui le prenaient parfois en s'inspirant du passé, il vécut heureux avec sa superbe épouse au milieu de la dizaine d'enfants qu'il adopta, comme pour payer une vieille dette.
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Le Conseil des Troubles, pour la suprématie duquel certains avaient donné leur vie, disparut avec Von Ploetzen.
Mais il laissait un souvenir chez certains, notamment chez les dirigeants du monde et les financiers : au lieu de se faire la guerre, ne serait-il pas plus avisé de la faire aux peuples qu'ils dirigeaient?
Des clercs à l'intelligence domestique et mercenaire trouvèrent un nouveau nom qui incluait prétentieusement le monde.
Mais curieusement, des siècles plus tard, proposé par le moyen du suffrage universel au peuple rebelle de l'ancien royaume des lys, celui-ci répondit par un mot qui tient en cinq lettres et qu'illustra le général Cambronne à Waterloo...
CEUX QUI PRÉFÉRAIENT LA LIBERTÉ...
Comte Charles de Lagès-Montry. Le bouillant mousquetaire, maréchal de camp de la Maison du roi, était promis à un bel avenir.
Il le méritait.
Hélas, à la suite d'une maladresse du maréchal de Villeroi, il fut tué en octobre 1693 lors de la prise de Charleroi.
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Le capitaine Manuel Cipriano acheva avec le grade de lieutenant-colonel une belle guerre dans un escadron de chevau-légers, attendit les traités de paix de 1697 et retourna en Espagne pour y chercher une épouse.
Riche de sa part du trésor des Templiers, il se retira dans une belle maison de Dieppe et y vécut heureux au milieu de la considération générale.
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Le colonel baron François de Sereni demeura quelque temps encore dans l'armée.
En juin 1694, les Anglais ayant débarqué à Camaret des troupes de marine pour y semer la mort, ce fut Sereni qui exécuta la célèbre charge de dragons sur la plage, en un flot d'écume.
À 400, on tua 700 Anglais et on en captura 500. Puis, vieille habitude des anciennes Opérations Spéciales, on n'oublia pas d'incendier leurs vaisseaux.
Très fier, le roi le nomma général.
Riche et estimé, Sereni se retira en un petit trois pièces de la rue Saint-Landry, au-dessus d'un bouchon appelé Au loup rouge. On ne le voyait qu'à l'heure des repas, il écrivait beaucoup.
Au bout de deux années, il publia un livre intitulé De la combinaison de la vitesse et de la force en les opérations militaires. Théorie générale.
Le livre fut dédié à un certain Tancrède de B... auquel il rendait un hommage très appuyé, laissant entendre que cet homme avait été son chef.
Érudit, intelligent, fort bien écrit, l'ouvrage, à une douzaine d'exceptions près, fut racheté par le roi qui n'entendait pas que les autres têtes couronnées profitent des leçons d'un de ses généraux.
L'Électeur de Bavière se procura un des douze exemplaires. Séduit jusqu'à l'extrême, il invita le général pour quelques semaines qui devaient durer... quarante ans.
Impressionné par cet homme calme, aux avis toujours justes et au passé prestigieux dont il ne parlait jamais, l'Électeur de Bavière en fit son conseiller militaire, acceptant l'unique condition du général : qu'il n'eût jamais à porter les armes contre la France.
Quelques années plus tard il en fit un comte et lui proposa, rien moins, d'épouser une sienne cousine : le hasard voulut que ce fût un mariage heureux.
Jusqu'à sa mort, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, l'ancien colonel de l'escadron des Opérations Spéciales cultiva une grande élégance de comportement et une nostalgie de bon ton.
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Le baron Robert de Mortefontaine dirigea le « service des étrangers, de la sécurité et de l'espionnage » jusqu'à la mort du roi. Lorsque celle-ci survint, il déclina l'offre de Louis le Quinzième de diriger ce qu'on n'appelle jamais par son véritable nom, la « police secrète de sûreté ».
Avec ses guerres permanentes Louis le Quatorzième suscitant des milliers d'ennemis en l'intérieur du royaume, le malheureux baron s'épuisa à la tâche si bien qu'il ne survécut que de deux années à son roi.
Pour compenser son travail de galérien, Mortefontaine eut la chance, grâce à sa femme et ses trois filles, de connaître une vie de famille heureuse. Il est vrai que deux diamants, remis dans la rue par un inconnu chargé de cette mission... par un autre inconnu, lui donnèrent cette grande aisance qui éloigne toutes les petites cochonneries matérielles qui vous gâchent une
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