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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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par les jardins si bien qu'il doit être loin, à présent.
    Heureux d'avoir enfin recueilli un renseignement qui pourrait le faire valoir pour son zèle, l'homme désigna Bamberg :
    — Et lui, qui est-ce ?
    — Heu...
    Marion se tourna vers Bamberg et faillit éclater de rire en découvrant le jeune général qui louchait horriblement et bavait d'abondance en répétant :
    — Ga... Ga... Ga...
    La baronne parvint à se maîtriser et, d'une voix froide :
    — Mon frère. Ainsi que vous le voyez, il est un peu simple.
    — En effet, il semble que son esprit s'est enfui très loin.
    L'homme jetait un regard vaguement écoeuré à Bamberg qui répétait :
    — Ga... Ga... Ga...
    Le soudard, quoique satisfait de sa visite, entendait bien pousser plus loin encore son inspection :
    — Il faut que je regarde à l'étage et ainsi, ne vous dérangerai plus.
    Puis, se tournant vers son compagnon, d'un ton ironique :
    — Toi, reste avec le simple... et ton ami le chien.
    Il allait suivre Marion dans l'escalier lorsque Bamberg, très vif, le rattrapa, le retourna et, pointant le doigt sur sa propre poitrine qu'il martela :
    — Ga... Ga... Gaspard !
    L'autre ne put retenir un sourire :
    — Eh bien voilà : au fond, il suffisait de le dire. Heureux de te connaître, Gaspard !
    Il disparut vers l'étage avec la jeune femme tandis que le « blessé » jetait un regard noir à Scrub mais bientôt, l'expression de « Gaspard » le mit mal à l'aise :
    — Hé, toi, le fou, ne me regarde pas ainsi car je n'aime point ce regard-là.
    Mais, bavant d'abondance et louchant davantage encore, « Gaspard » ne modifia rien à sa manière, considérant le jeune soudard comme un affamé le fait de la plus succulente des terrines.
    Enfin, après un temps qui sembla interminable au « blessé », Gaspard s'avança vers lui, saisit son bras des deux siens et s'activa en un va-et-vient du bassin certes dans le vide, mais l'intention était là. Le soudard s'apprêtait à hurler lorsque Scrub, voyant son maître s'adonner à cet étrange exercice, attaqua par l'autre côté, saisissant la botte du malheureux entre ses pattes avant et se livrant à son oeuvre lubrique avec une détermination sans faille.
    — Eh bien, qu'est-ce que cela, foutre-Dieu : et tu te laisses faire ? Aimerais-tu qu'on te besogne comme une fille, Toinou ?
    Le plus âgé des soudards, à mi-hauteur de l'escalier qu'il redescendait, considérait avec horreur le bassin de « Gaspard » et celui du chien qui allaient d'avant en arrière en une harmonie qui semblait aiguillonnée par un désir sauvage.
    Devenu rouge coquelicot, le soudard plaida :
    — C'est qu'ils m'ont attaqué tous deux ensemble et par les deux flancs.
    Ces hommes de sac et de corde étaient connus pour ne se point ménager entre eux et le plus vieux des soudards ne dérogeait point à cette règle.
    Il tapa des mains, ce qui eut pour effet d'interrompre la manoeuvre de Bamberg et, d'un ton réprobateur où perçait l'amusement :
    — Veux-tu bien cesser ces vilaines choses, Ga... Ga... Gaspard ?
    Puis, impitoyable, à Toinou :
    — À moins... Veux-tu que nous emmenions avec nous, pour tes longues nuits d'hiver, ton nouvel ami Ga-Ga-Gaspard, sans oublier le chien qui semble exiger sa part du tendre butin et a déjà montré l'intérêt qu'il porte à tes couilles?
    Humilié, et un peu affolé, Toinou secoua la tête :
    — Partons d'ici ! Quittons cette maison!
    Bamberg, alias Gaspard, pointa le doigt vers sa victime en répétant :
    — Toi!... Toi!... Toi!...
    Marion le regardait loucher et baver. Malgré cela, et peut-être parce qu'elle découvrait chez le jeune général couvert de gloire cette disposition au jeu et ces restes d'enfance accrochés à son âme, elle le trouva beau. Rien, décidément, ne pouvait l'enlaidir et la jeune femme sut que cette fois, l'amour la prenait tout entière et que rien, jamais, ne l'arracherait à cet homme, quand bien même, quelque jour, il la décevrait.
    Devant tous ces « Toi ! », le vieux soudard constata :
    — Il est peut-être fou, mais il sait ce qu'il veut !
    Toinou, presque suppliant, lança :
    — Partons, il n'y a rien dans cette maison qu'un chien fou qui me veut dévorer les couilles... pardon, madame... et un simple qui me veut prendre pour femme!
    Marion, d'un ton neutre, remarqua :
    — Il est vrai que mon pauvre frère vous a choisi et c'est d'autant plus étrange que jusqu'ici, il ne s'attaquait qu'aux chèvres...
    Cette fois, c'en fut trop

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