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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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pas subtil, le blond en convint intérieurement. Il ouvrit la bourse et regarda les pièces d'or.
    Sans doute sa fierté était-elle à ce prix car sa colère tomba d'un coup.
    1 Lieu des exécutions publiques.

4.
    Au moment précis où l'on jetait le malheureux garçonnet sur le sol de la voiture emportée par le galop des chevaux, elle s'observait dans la glace.
    Âgée de vingt-sept ans, grande, brune, les yeux verts, il semblait difficile de ne pas admettre sa gracieuse beauté.
    Marion de Neuville, puisque tel était son nom, s'était installée devant un miroir. Elle construisit avec adresse une coiffure haut perchée sur la tête, y glissa adroitement quelques épingles et sourit... avant de se tirer la langue !
    Pourtant, le tour de main était prodigieux et réussir semblable coiffure en quelques secondes relevait assurément de l'exploit. Elle secoua la tête comme une jeune pouliche, afin d'éprouver la solidité de l'adorable échafaudage, mais celui-ci tint bon.
    Satisfaite, elle ôta les épingles en un tour de main. Aussitôt tombant naturellement, les cheveux noirs coupés à hauteur des épaules retrouvèrent leur mouvement naturel - très légèrement ondulés - avec la fraîcheur et la rapidité d'une source des sous-bois se faufilant entre les roches. Faisant selon son goût, Marion avait coupé ses cheveux sur le front en une frange légèrement gonflée qui lui restituait ses grâces adolescentes, lesquelles ne s'étaient jamais beaucoup éloignées!
    Elle était la fille d'un obscur baron de l'Aisne, Simon de Neuville, tué pendant la coûteuse guerre de Dévolution alors qu'il servait comme capitaine aux mousquetaires du roi et que la fillette n'avait pas deux ans.
    Sa mère, Éléonore, cadette d'une famille de petite noblesse, avait alors vendu ses maigres biens pour acheter la petite maison d'Auteuil où Marion vivait.
    La jeune femme avait aimé avec déraison sa mère, morte quatre ans plus tôt d'un refroidissement de poitrine, et dont le courage l'avait impressionnée dès l'enfance, et pour toute la vie !
    Éléonore était une musicienne exceptionnelle et jouait du clavecin avec une inspiration qu'on ne prit jamais en défaut. Cependant, si elle fut une interprète extraordinaire, là ne se limitaient pas ses talents puisqu'elle composait également des airs gais et légers qu'on n'oubliait pas lorsqu'on les entendait, ne serait-ce qu'une fois.
    Malheureusement, une femme composant de la musique, cela n'entrait point en les moeurs du temps. S'armant de courage, et prenant bien garde de n'en point parler à sa fille, elle fit le tour des musiciens connus et vendit ses jolies partitions au centième de leur valeur.
    Marion, qui finit par l'apprendre, en fut folle de rage. C'était le talent de sa mère que des usurpateurs signaient et utilisaient pour asseoir leur notoriété. Et cela au seul motif qu'elle était une femme ! Pareille injustice, même si elle relevait de l'usage, lui paraissait insupportable.
    Éléonore, résignée, s'amusait des colères de sa fille. Elle ne livrait pas à Marion les noms des acheteurs mais, pour avoir cru reconnaître un air très particulier par son entrain élégant d'une grande économie de moyens, la jeune femme vouait une haine solide à Lully, qui endossa la paternité de la composition et joua le morceau devant le roi.
    Quoi qu'il en soit, les ressources provenant de ces ventes presque clandestines permirent la restauration de la petite maisonnette d'Auteuil, ce charmant village tout proche de Paris.
    Il s'agissait d'une maison modeste, d'environ vingt-cinq mètres carrés au sol. La cave, assez exiguë, contenait une vieille malle, une potée de beurre salé, des conserves elles aussi salées et des confitures. Au rez-de-chaussée, un coin réservé pour la cuisine où se trouvaient accrochées des casseroles de cuivre rouge, bosselées mais consciencieusement astiquées, une marmite, une cafetière et un moulin à café, une table et trois chaises dont deux demeuraient toujours vides, un miroir, un buffet en cerisier, une pendule, une fontaine de cuivre à bassin d'étain qu'alimentait l'eau du puits se trouvant dans le jardin. Enfin, l'âme de cette pièce s'incarnait en une cheminée de bonnes dimensions où brûlaient quelques bûches et, sur le côté, un tourne-broche.
    À l'étage, une chambre ayant la surface du rez-de-chaussée. On y voyait une armoire, un coffre, deux tableaux, quelques livres... La fenêtre à petits carreaux et

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