Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
gisait en cela un profond malentendu car Bamberg ne connaissait point les usages des courtisans, ayant passé presque dix ans à la guerre. Certes, il y connut des duels au reste toujours victorieux avec des officiers anglais, bavarois, hollandais, brandebourgeois, suédois, autrichiens, espagnols. Mais cela était plutôt à l'honneur de ces officiers étrangers. En effet, avant que n'existent les Opérations Spéciales et lorsque le Maine-Dragons s'usait contre des unités ennemies, que de part et d'autre on tuait bien du monde pour la possession d'une redoute effondrée ou d'un château en ruine, il arrivait que les deux commandants ennemis, pour préserver des vies, s'en remettent à un duel de chefs, le gagnant investissant la place disputée.
    Assauts violents devant les troupes des deux pays, science du combat de terrain, ruses, il n'empêche, cette communion de vue concernant la fin d'inutiles massacres créait une telle complicité que si l'on se blessait, on ne se tuait jamais.
    Ces duels en la boue glissante, les terrains bouleversés par l'artillerie, les cadavres pourris dont les cages thoraciques craquaient sinistrement lorsqu'on posait le pied dessus faute de l'avoir vu demi-enterré... On était fort loin des duels à gants de velours ou mouchoirs de soie de Versailles si bien que ne comprenant rien au geste de Charles de Lagès-Montry, sinon qu'il fût hostile, Bamberg envoya un formidable coup de poing en la mâchoire du général de mousquetaires, lui brisant deux dents en grognant :
    — Je n'aime point qu'on me chatouille le museau, fût-ce avec un gant. Dites-le à ce magot 1 lorsqu'il retrouvera ses esprits.
    L'éclatante et émouvante bonne foi de Bamberg ne souffrait pas le moindre doute et le parti de mousquetaires, ami du général évanoui, se partageait entre gène et regards amusés. On lui expliqua donc cet usage pour lui nouveau tandis que l'entraînant à l'écart, la baronne de Neuville informait le duc des entreprises de Lagès-Montry qui seules expliquaient son agressivité.
    Les choses s'arrangeant ainsi, on convint que le duel aurait lieu à neuf heures du soir, en les grandes écuries tenues par ceux des Opérations Spéciales, ce qui garantissait contre toute intervention des gens de police.
    Se retrouvant seul avec la baronne, Bamberg, un peu honteux de ce manquement aux usages, même s'il les ignorait, expliqua :
    — Je suis terriblement désolé, madame, mais j'ignorais tout de cela...
    — C'est que vous ne vous battez que pour des choses sérieuses.
    Il s'arrêta net, choqué :
    — Mais vous êtes une chose sérieuse!... Absolument sérieuse !
    — Comme la marquise d'Ey?
    Désemparé, ne sachant plus que dire, il s'inclina légèrement en claquant des talons.
    Émue, elle dit à mi-voix :
    — Fort bien, alors nous n'en parlerons plus. Plus jamais !
    Ils arrivèrent ainsi jusqu'à l'escalier de marbre et, ayant monté la volée de marches, ils virent arriver plus empanaché et enrubanné que jamais le grand chambellan venu les accueillir.
    Malheureusement, en homme de Cour excessif par ses gestes de bienvenue, il écarta puis approcha les bras comme s'il voulait étrangler Bamberg. Du moins est-ce là l'entendement qu'en eut Scrub, « la terreur des cimetières », qui bondit aussitôt pour saisir entre ses dents dures et solides les couilles molles et délicates du grand chambellan qui aussitôt hurla à la mort, rendant un son tel qu'on l'imagine des derniers instants d'un hautbois écrasé par le lourd marteau d'un forgeron.
    Tandis que le grand chambellan s'enfuyait en poussant une série de « houlà ! houlà ! houlà ! », Bamberg, qui avait rougi, trouva le courage de se tourner vers la baronne de Neuville en disant :
    — Je suis terriblement désolé, madame !
    Elle éclata de rire.
    1 Grand singe. Injure du temps...

42.
    Von Ploetzen avait donné ses ordres : on partirait le lendemain à l'aube, laissant deux hommes d'élite à la garde de l'hôtel particulier.
    Par échelons, les trois quarts de ses hommes étaient déjà en route pour les Flandres. Là-bas, se trouvant chez lui en les deux camps, l'aristocrate prussien espérait bien pouvoir en finir avec ce Bamberg, cette affaire n'ayant que trop duré.
    Il ambitionnait de ramener le corps du général de dragons à des fins d'études pour y déceler ce qu'il appelait « sa part d'Atlantide ». Et surtout trouver trace de ce maudit éclair, ce « trait de lumière » car à n'en pas douter, ses pouvoirs

Weitere Kostenlose Bücher