Le Conseil des Troubles

venaient de là.
    Au fond, son ancêtre, Grand Amiral de la flotte de guerre atlante, se trouvait forcément excellent marin mais dans un si grand peuple, il devait en exister d'autres. Qui sait, c'est peut-être dix, cent Atlantes qui avaient réussi à quitter le continent avant qu'il ne bascule dans les profondeurs de l'Atlantique mais de ceux-là, il ne restait rien. Massacrés en proportion de ce qu'on les avait craints à l'époque de leur puissance. Allons, ne comptait que Bamberg qui seul au monde pouvait porter la pierre noire sur la poitrine.
    Ah ! le tenir enfin, l'obliger à tout dire sur ces « choses volantes » venues d'ailleurs lesquelles, en s'écrasant, provoquèrent éruptions de volcans, raz de marée et tremblements de terre. Que transportaient-elles qui puisse ainsi déclencher l'apocalypse ? Là était peut-être le plus important des mystères de l'Atlantide ! Détenir cette puissance, c'était posséder le monde !
    Il renversa son jeu d'échecs, fulminant contre son époque et son peu de connaissances en le domaine des sciences.
    Puis, rêveur, il dit à mi-voix :
    — Un jour cette puissance, cette force sera domptée!... Un jour, s'il venait à disparaître, on fera renaître le Conseil des Troubles et cette fois, rien ne l'arrachera au pouvoir ! Un jour...
    Se reprenant, il revint à sa pensée première et songea que s'il pouvait ramener le corps de Bamberg, après l'avoir étudié il faudrait le brûler, et disperser ses cendres au vent.
    ***
    Ce mousquetaire, précisément celui-là, aurait dû éveiller l'attention, voire le soupçon. En effet, alors qu'on se préparait au duel, sa place légitime eût été avec la dizaine d'autres mousquetaires admis en les grandes écuries pour assister au combat et soutenir leur chef, Lagès-Montry.
    Au lieu de quoi il se trouvait discrètement derrière plusieurs rangs de dragons à brassard des Opération Spéciales. Monté sur un tas de paille, il voyait parfaitement et tenait modestement son chapeau à la main, révélant une belle chevelure blonde poudrée à frimas.
    Augustin de Nestoc, dit le Feu Follet, n'envisageait que vaguement d'occire le duc de Bamberg tandis qu'il se trouvait entouré de ses troupes qui l'adulaient. Tentative illusoire, sauf à vouloir y sacrifier sa vie ce que Nestoc n'envisageait pas un instant, ayant d'autres projets. Mais enfin l'occasion, quelquefois, qui sait ?
    Possédant parfaitement l'art de faire parler les gens et de leur en tirer bien davantage qu'ils ne souhaitaient en dire, il avait pris ses renseignements sur ce comte de Lagès-Montry. Excellents !
    Héritier d'une très riche famille, bénéficiant dès l'enfance de l'enseignement des maîtres d'armes les plus estimés, on le considérait presque unanimement comme une des meilleures lames du royaume des lys quoique les plus fins observateurs déploraient qu'il manquât de fermeté en le caractère si bien que même si la chose ne s'était jamais produite, on pouvait craindre qu'il ne subisse l'ascendant d'un caractère bien trempé, à la ferme résolution.
    Le Feu Follet se trouvait là pour en juger très accessoirement car sa préoccupation première consistait à épier chaque geste du duc de Bamberg.
    Le combat achevé, et si le duc y survivait, il retranscrirait scrupuleusement ses observations à la plume, ces feuillets venant s'ajouter à une cinquantaine déjà existants.
    Toutefois, s'il le croisait en un lieu isolé, Nestoc comptait bien en achever avec Bamberg en lui tirant une balle dans la tête.
    Par-derrière, la chose semblant plus sûre.
    *

    Pontecorvo et Mortefontaine n'avaient eu aucune peine à se trouver en la suite des nombreux chirurgiens réunis pour assister au duel et porter, si nécessaire, les secours de la médecine.
    Ils semblaient tous deux tels des figurants d'un ballet dont ils n'étaient point les vedettes, ce qui comblait très précisément leurs voeux.
    Bien entendu, il n'était pas question d'assister au massacre du duc de Bamberg : Mortefontaine ne pouvait mécontenter le roi, Pontecorvo ne pouvait courir le risque de laisser réduire à un silence définitif celui qui était sans doute le seul homme au monde capable de lui révéler où se trouvait le fabuleux trésor des Templiers.
    *

    On avait utilisé le brave capitaine Jean de Mangeot, excellent et courageux soldat, quoique vieillissant, mais de fort peu de réflexion.
    Lorsqu'un maréchal, rien moins, l'entreprit, son coeur battait très vite mais ce ne