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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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on les déchira avec des tenailles ardentes avant de leur crever les yeux et de les jeter en une fosse profonde où, poussés par la faim, ils s'étaient entre-dévorés.
    Von Ploetzen considéra un instant le cadavre calciné du petit singe dont on distinguait encore la forme sur les bûches puis, d'un ton vif :
    — Bamberg ira à la guerre au milieu de son escadron des Opérations Spéciales, les meilleures troupes du monde et là, nous ne pourrons l'atteindre. Aussi, nous allons passer du côté des coalisés. L'accueil y sera meilleur que chez Louis le Quatorzième et qui sait si une occasion ne se présentera pas... Où qu'il aille, il faut qu'il nous trouve.
    — Certainement, Votre Seigneurie.
    — Hofflingen, ce sera lui ou moi et jusqu'ici, je n'ai jamais perdu !

41.
    Marion de Neuville n'avait pas ouvert la bouche depuis le départ de la petite maison d'Auteuil et déjà, on approchait de Versailles.
    Il en résultait un silence éprouvant, surtout pour Bamberg en grand uniforme, décorations sur la poitrine et panache au chapeau.
    Il l'était venu chercher en un splendide carrosse, mis à la disposition du duc par le roi lui-même. Surpris, Bamberg avait trouvé la jeune femme assez froide. Elle avait écouté les termes de la royale invitation puis, interrompant le duc qui semblait vouloir lui dire autre chose, elle était montée à l'étage, y demeurant assez longuement.
    Il fut ébloui lorsqu'elle redescendit. La coiffure était assez audacieuse, la belle chevelure brune dégageant le front pour se trouver assez relevée, sans perruque ni postiche. La robe verte et blanche, en très belle harmonie, tombait sans un pli et, bien qu'on eût légitimement pu la croire sortant des mains de ceux qui habillent les grandes dames de la Cour, Bamberg, ému, acquit la certitude que cette splendeur était l'oeuvre de la seule baronne.
    Il balbutia :
    — Vous êtes en grande beauté, madame.
    — Merci monsieur ! répondit-elle avec une réserve très marquée.
    Ce ton n'inclinait guère aux confidences, et moins encore à la confession en forme de mea culpa que le général envisageait.
    Il décida cependant, non sans courage, de ne pas différer l'aveu qu'il voulait faire :
    — Madame, même si je l'ignorais jusqu'ici, il est des choses qui parfois se produisent eu égard à des forces qu'on ne contrôle point mais qui vous laissent un goût de honte et d'amertume.
    — En ce cas, ne les dites point !
    Il allait protester, non sans véhémence, lorsque la jeune femme ajouta d'un ton cassant :
    — Eh bien, partons-nous ?
    Depuis, ils n'avaient plus échangé une parole.
    Bamberg, qui croyait presque impossible que Marion puisse être informée de sa brève aventure avec Mme d'Ey, échafaudait de multiples hypothèses en considérant le paysage d'un regard morne. Un temps sec mais glacé présidait à tout cela comme pour ajouter, alors qu'il n'en était nul besoin, une note maussade au tableau.
    De son côté, Marion dissimulait parfaitement ses sentiments selon le principe de la neige et du feu car il n'existait pas la moindre correspondance entre sa froide apparence et le feu intérieur qui l'habitait.
    Ainsi, il avait voulu lui dire son aventure avec Mme d'Ey et de cela, elle ne doutait pas un instant. Alors, pourquoi se montrait-elle si dure? Ce problème l'occupait tout entière. En effet, elle n'ignorait pas que le laissant s'expliquer, elle le libérerait en partie de sa culpabilité. Pareillement, elle savait qu'il n'avait au fond pas de comptes à lui rendre : ils n'étaient ni mariés, ni amants. Elle convenait même que son désir de s'expliquer relevait de quelque chose de très loyal, qui lui ressemblait.
    Pourtant, refusant ses explications, elle prenait le pas sur lui, installait entre eux un rapport dominé par la force. Rien là, s'avoua-t-elle, qui fût très noble.
    L'idée lui vint alors que peut-être, en toute injustice, elle lui faisait payer sa haute aristocratie, son titre de duc, sa gloire qui faisait se pâmer, à en croire les actrices, tant de jolies dames de la Cour, son grade de général à pas même trente ans, ses hautes décorations, l'amicale estime en laquelle le tenait le roi... Mais en quoi était-il responsable de tout cela, dû au hasard de la naissance ou au courage qu'il déployait à la guerre ?
    Elle convint de sa faute, sans savoir comment y remédier, à l'instant où Bamberg remarquait d'une voix triste :
    — Nous arrivons, madame !
    Alors, sans réfléchir,

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