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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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maison
n’était pas encore prête. En revanche, M. Simard lui offrit de la conduire
quand même au canton, où elle pourrait demeurer à la « Cache » jusqu’à
son installation permanente. Ne sachant ce qu’était la « Cache »,
Blanche accepta, ravie. Elle profita du reste de la journée pour s’acheter
quelques vêtements chauds, s’habilla de pied en cap dans la mercerie de son
frère, servie par Alice qui connaissait par cœur le contenu de chaque boîte.
    Le surlendemain de son arrivée, le soleil
était resplendissant et le thermomètre marquait presque trente degrés. Elle
décida de porter son chapeau de paille malgré la neige qui folâtrait entre les
nuages et la terre. Elle accepta néanmoins de mettre des couvre-chaussures au
cas où le rang 2-3, celui qu’elle habiterait
provisoirement, serait boueux. Émilien porta ses valises et ses malles sur le
trottoir avant de les monter dans son automobile et de conduire sa sœur à
l’endroit où elle devait rejoindre M. Simard.
    – Tu m’as toujours pas dit, Émilien, si
je me rendrais là en auto ou en carriole. Le printemps est drôle ici. Une
grosse journée de soleil qui se tient en équilibre sur trois pieds de neige.
    – Ni l’un ni l’autre.
    – J’vas quand même pas marcher
trente-cinq milles en raquettes !
    – Non. Patience. Tu vas avoir la surprise
de ta vie.
    Blanche ne posa plus de questions,
reconnaissant dans l’expression de son frère l’air moqueur qui lui allait si
bien. Ils attendirent et Émilien parla à tout le monde. Blanche, elle, se
contenta de sourire en cachant sa dent, la trouvant encore plus déplacée. Son
frère était visiblement à l’aise dans cet univers qu’il habitait maintenant
depuis des années. Elle espéra pouvoir l’être aussi malgré le fait que la vie
contraignant à la promiscuité lui avait toujours déplu.
    – Qu’est-ce que c’est ça ?
    Elle avait poussé un cri de surprise à la vue
d’un énorme insecte mécanique qui se dirigeait vers l’endroit où ils étaient.
Émilien éclata de rire devant son étonnement.
    – Ça, c’est ton taxi ! C’est une
chenille Bombardier. La dernière invention des Canadiens pour se promener dans
la neige. Qu’est-ce que tu en penses ?
    – Rien. Es-tu certain que ça va être
capable de faire trente-cinq milles ?
    – Mieux qu’un attelage.
    La chenille s’était immobilisée et
M. Simard en sortit.
    – Bonjour, garde. Vous m’avez l’air bien p’ tite, aujourd’hui, pour être toute seule comme ça
dans le bois ! J’espère que vous avez quelque chose de plus chaud à vous
mettre parce que le chauffage, là-dedans, c’est pas un chauffage central.
    Blanche montra son manteau et M. Simard
approuva. Émilien monta les bagages et aida finalement sa sœur à pénétrer dans
l’habitacle.
    – Aussitôt que toute la neige va être
fondue, tu vas me voir arriver. C’est une colonie, Blanche. J’espère que tu
t’attends pas à trouver le confort de Montréal.
    Blanche répondit en souriant que si elle avait
espéré autant de confort, elle serait restée en ville. M. Simard,
visiblement satisfait de sa réponse, ferma la porte et Blanche essaya de
distinguer la route qu’ils prenaient à travers une vitre givrée que, malgré les
rayons du soleil, l’essuie-glace ne parvenait pas à éclaircir.
    Blanche regarda l’hiver printanier et essaya
de ne pas s’étonner. Les sept années qu’elle avait vécues à Montréal lui
avaient tellement caché les saisons qu’elle devait renouer avec celles-ci. Ils
passèrent à travers des sentiers presque inexistants. Blanche aperçut une maison
minuscule, faite de bois équarri à la hache, dont la cheminée dégageait une
fumée qui noircissait, avant qu’elle ne touche le sol, la neige qui
l’affrontait, soulevée par des tourbillons de vent.
    – Un relais de bûcherons ?
    – Non. Une maison de colons. Dans
celle-là, je pense qu’ils ont huit ou neuf enfants.
    Blanche ravala péniblement sa salive, ne
quittant pas la petite maison des yeux. Elle venait de comprendre l’énormité de
la responsabilité qu’elle avait acceptée.
    Elle distingua enfin des maisons plus
nombreuses, alignées sur une route invisible. Elle porta son attention sur ces
maisons et respira. Elles étaient différentes de celle aperçue plus tôt,
respirant ambition et espoir. M. Simard désigna une espèce de hangar.
    – La Cache.
    Blanche perdit son sourire et sentit le cœur
lui

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