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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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l’illustration représentait une scène du Nord : un bouleau blanc au
premier plan, dont les racines baignaient dans un lac éclairé par la pleine
lune. Elle passa à l’arrière de la cuisine et entra dans la remise. Elle décida
qu’elle y installerait un rideau coulissant sur des anneaux, pour avoir un coin
d’aisances. Elle monta à l’étage en caressant la rampe bien poncée. Elle visita
les quatre chambres. Elle choisit la sienne à l’avant pour voir les montures ou
les voitures de ses visiteurs.
    – Où est-ce que vous voulez que je mette
ça, garde ?
    – Toutes les caisses en bois dans la
pièce à gauche. Les valises en haut, dans la chambre de droite, en avant.
    Bientôt, tout son matériel fut entré et
disposé tant bien que mal, suivant ses instructions. Le conducteur repartit,
laissant Blanche seule, pleine d’énergie et avec l’envie de s’installer le plus
rapidement possible. Elle entra dans son bureau et décida d’ouvrir ses caisses
de matériel médical. Elle ne put le faire, n’ayant ni marteau, ni tournevis, ni
ciseau à bois. Elle monta donc à sa chambre et ouvrit son placard pour y
suspendre ses vêtements. Elle ne trouva pas de cintres. Elle sortit donc tous
les vêtements qu’elle pouvait ranger dans les chiffonniers et la commode à
quatre tiroirs. Elle termina son rangement en peu de temps et sentit tout à
coup les gargouillements de son ventre. Elle descendit à la cuisine et ouvrit
la porte de la glacière. Il n’y avait rien à l’intérieur, pas même de froid,
personne n’y ayant mis de glace. Elle ouvrit les armoires et aperçut la
vaisselle, blanche à motifs fleuris.
    Des pas firent craquer la neige dans l’escalier
avant. Elle se dirigea vers la porte et ouvrit avant qu’on frappe.
    – Bonjour ! On vous attendait un peu
plus tard. Faut croire que les chemins étaient pas trop mauvais.
    Une dame emmitouflée, portant un sac de
provisions, entra, sans gêne, un sourire radieux aux lèvres.
    – Mon mari tient le magasin général.
Votre frère Paul travaille pour nous autres. Mon nom, c’est Mercier. Constance
Mercier. Mon mari arrive avec des boîtes. Si vous voulez qu’on aille dans la
cuisine, je pourrais vous aider à défaire le sac.
    Blanche la précéda et l’invita à déposer son
sac sur la seconde table, celle plus petite appuyée contre le mur latéral de la
maison. M. Mercier arriva presque aussitôt, portant une lourde boîte de
bois. Imitant sa femme, il avait enlevé ses couvre-chaussures.
    – Bonjour, garde. On peut dire que vous
étiez attendue. J’en connais qui ont hâte de voir à quoi ça ressemble, une
garde-malade qui s’en vient s’enterrer dans le bois. Vous êtes une vraie
garde-malade, au moins ?
    – Oui, monsieur. J’ai fait mon cours à
l’hôpital Notre-Dame, à Montréal.
    – C’est un bien bel hôpital. On restait
pas loin de là. Plus au sud, par exemple. Tu t’en souviens, Constance ?
    – Oui, oui. Plus au sud, par exemple.
    M. Mercier ressortit pour revenir avec
quatre sacs de provisions et deux autres boîtes.
    – Bon, je pense qu’on a tout rentré,
hein, Constance ?
    – Je pense qu’on a tout rentré.
    – À c’t’heure, est-ce que vous savez s’il
y a des affaires qui vous manqueraient ?
    – Pour la nourriture, je pense tout
avoir. Sauf que j’aurais besoin de cintres pour mes vêtements.
    – Des quoi ?
    – Des supports.
    – Je prends ça en note.
    – Et puis j’aimerais avoir quelques
outils. Vous savez, un marteau, des pinces…
    – Des clous aussi ?
    – Bonne idée.
    – C’est tout ?
    – Non. Auriez-vous quelque chose pour
mesurer ? Je pense que je voudrais poser une tringle dans le cabanon.
    – J’ai ça dans le camion.
    Blanche consacra deux journées complètes à
d’abord a ménager son dispensaire avant de
penser aux autres pièces de sa maison. Elle reçut la visite du curé qui, aussi
éloigné qu’elle de sa vie passée, loua son courage. Blanche lui répondit sans
sourciller qu’elle n’avait aucun mérite, hormis celui de se faire plaisir. Le
curé rit de cette réponse et Blanche comprit qu’il ne l’avait pas crue. Elle
afficha sur sa porte avant un horaire qu’elle s’était taillé sur mesure. Elle
ferait du dispensaire de sept heures à huit heures et demie tous les matins,
sauf le dimanche. Après quoi elle prendrait une bouchée rapide avant de
commencer ses visites dès neuf heure s Quand elle
devrait s’éloigner, elle

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