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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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débattre. Si elle avait déjà cru que le couvent était une cage dorée,
celle-ci n’avait rien de brillant. Elle s’approcha de la fenêtre pour être
certaine de ne pas avoir imaginé le bât iment.
    – C’est pas le grand luxe, garde. Mais
là-dedans, vous avez un magasin général pis un bureau de poste. Vous devriez
pas être là longtemps, mais peut-être que vous allez pouvoir assister à une
réunion avec les hommes du gouvernement. C’est ici que le monde du canton se
rencontre. Pis, évidemment, il y a un coin où on peut dormir pis manger. Ça
arrive que les maisons soient pas prêtes. Ça dépanne.
    M. Simard immobilisa son véhicule devant
ce qui devait être la porte centrale. Blanche s’efforça de cacher sa déception.
Elle pénétra, soudainement apeurée, dans le bât iment
surchauffé. On l’accueillit en souriant poliment de son chapeau de paille.
    Blanche, le moral rehaussé par un bon repas,
s’installa dans l’espace qu’on lui assigna. Elle rencontra une autre
infirmière, Louise Gagnon, qui devait couvrir une autre partie du territoire.
Elles se lièrent rapidement d’amitié. Leur arrivée fit venir quelques curieux,
surtout ceux souffrant d’un mal de tête ou d’oreilles. Elles offraient leurs
services à tour de rôle. On demanda à Blanche si elle voulait monter dans le
rang 6-7, voir la progression des travaux.
Elle eut envie de répondre oui mais se refusa ce plaisir, préférant attendre le
moment où elle pourrait em ménager pour de
vrai. Elle attendit huit longues journées, à tourner en rond, à vouloir s’isoler,
avant qu’enfin on l’invite à entrer chez elle. Elle mit sa plus jolie robe,
riant un peu d’elle-même, sachant qu’une maison ne pouvait porter de jugement
sur sa tenue. Mais sa tenue habillerait la maison…
    – On arrive. Votre dispensaire est là.
    Blanche s’avança les fesses sur le banc pour mieux voir. La maison avait deux étages et était recouverte de
bardeaux de cèdre. À l’avant, une galerie courait d’un coin à l’autre, avec
l’escalier à gauche, vis-à-vis de la porte. Au second étage, elle vit deux
fenêtres à guillotine, dont les vitres n’étaient pas givrées. Elle sourit en
pensant que la maison était bien isolée. À côté de la porte centrale, il y
avait une fenêtre assez grande. Sur les murs latéraux, deux fenêtres là aussi.
Blanche trépignait en attendant que le conducteur immobilise le traîneau dont
les patins grinçaient sur les flaques de boue et de gravier.
    – J’vas pas plus loin. On a essouché. Ça
peut arracher un patin.
    Blanche compta dix épinettes sur son terrain
et sourit. Une terre d’épinettes, pensa-t-elle. La cheminée, plantée à
l’arrière du toit à pignon, exhalait des bouffées d’air chaud.
    – La porte est pas barrée. Entrez toute
seule. Moi, j’vas m’occuper du reste.
    Blanche aurait voulu aider le conducteur mais
elle courut plutôt vers la maison. Elle monta rapidement les quatre marches de
l’escalier et ouvrit la porte. Elle entra dans cette maison confortable et sans
richesse, encore empoussiérée de bran de scie. Elle regarda la pièce de droite,
lambrissée de planches de pin posées à la verticale. Elle regarda dans la pièce
de gauche, finie de la même façon mais deux fois plus longue. Elle pensa qu’à
droite elle installerait sa salle d’attente et qu’à gauche elle aurait ses
armoires à médicaments et son bureau. Elle marcha encore dans le court couloir.
Elle ouvrit une porte battante à droite pour découvrir la cuisine. Elle entra
et imagina l’odeur de rôti qui s’en dégagerait bientôt. Dans le coin gauche de
la maison, à l’extrémité arrière, régnait le poêle, placé dans l’angle des
murs, faisant le pont entre la fenêtre arrière et la fenêtre latérale. Elle
décida qu’elle y installerait des toiles et des rideaux légers afin de laisser
pénétrer le maximum de lumière. Le bois du plancher avait été recouvert d’un
linoléum dont la couleur, vert foncé, vert pâle et blanc, la surprit. Elle fut
d’autant plus étonnée que les motifs imitaient les parquets qu’elle avait vus
dans les maisons de ses riches clients. Une table était à sa droite, entourée
de quatre chaises dont les dossiers comportaient huit barreaux verticaux.
Blanche s’y assit, s’appuya et sourit. Les chaises étaient bien confectionnées.
Elle sortit de la pièce et remarqua un petit cadre rectangulaire sur le mur
dont

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