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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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promets de regarder seulement, c’est tout. Je ne m’en mêlerai pas. Qu’avez-vous appris? J’ai le droit de savoir, puisque ça concerne Emily.
    Le visage de Pitt s’assombrit, et il s’assit, les coudes sur la table. Il avait l’air fatigué et chiffonné. Elle se reprocha immédiatement son égoïsme : à force de penser à Emily, elle ne s’était pas souciée des sentiments de son mari. Elle venait juste d’apprendre une bonne recette de citronnade, sans recourir à la quantité de coûteux fruits frais qu’elle aurait utilisée avant son mariage. Elle la conservait dans un seau d’eau froide sur les pierres près de la porte de service. Rapidement, elle remplit un verre et le posa devant Pitt. Elle ne répéta pas sa question.
    Il vida le verre d’un seul trait avant de lui répondre.
    —    J’essaie de vérifier l’emploi du temps de chacun. Malheureusement, personne ne se souvient si George était à son club ce soir-là. J’ai insisté aussi lourdement que j’ai pu, mais ils sont incapables de faire la différence d’une soirée à l’autre. A vrai dire, je ne suis pas sûr qu’ils font réellement la différence d’un individu à l’autre. Pour moi, ils ont tous sensiblement la même allure.
    Il sourit lentement.
    —    C’est bête, hein... je suppose que, pour eux aussi, nous nous ressemblons tous.
    Charlotte garda le silence. C’était le seul vœu qu’elle eût formulé, que George fût blanchi, vite et définitivement.
    —    Je suis désolé.
    Il lui effleura la main, et elle referma ses doigts sur les siens.
    —    Vous avez fait de votre mieux. Avez-vous réussi à mettre quelqu’un hors de cause?
    —    Pas vraiment. Tout le monde a un alibi, mais il nous manque les preuves.
    —    Ça se trouve sûrement !
    —    On ne les a pas.
    Il leva les yeux, le regard troublé.
    —    Afton et Fulbert Nash étaient chez eux, ensemble, mais pas tout le temps...
    —    Ce sont ses frères, fît-elle avec un frisson. Vous ne les croyez tout de même pas dépravés à ce point-là ?
    —    Non, mais ce ne doit pas être impossible. Dig-gory Nash était allé jouer, mais ses amis répugnent à révéler qui était là exactement, et à quel moment. Algernon Burnon évoque une question d’honneur qu’il ne peut pas divulguer. A mon avis, il était avec une autre femme et, compte tenu des circonstances, il n’ose pas l’avouer. Hallam Cayley était chez les Dilbridge où il s’est disputé avec l’un des convives. Il est sorti faire un tour pour se calmer. Là encore, il est peu probable qu’il ait quitté le jardin et soit tombé sur Fanny, mais c’est du domaine du possible. Le Français, Paul Alaric, affirme qu’il était chez lui, seul. C’est sans doute vrai, mais une fois de plus, nous ne sommes pas en mesure de le prouver.
    —    Et les domestiques ? Après tout, il y a plus de chances que ce soit l’un d’eux.
    Elle devait garder son sens des proportions, ne pas laisser les paroles de Fulbert fausser son jugement.
    —    Ou les valets, les cochers de la réception ?
    Il sourit légèrement, devinant ses pensées.
    —    On s’en occupe. Mais ils sont presque tous restés en bande, à bavarder ou à fanfaronner, ou alors ils étaient à l’intérieur pour se procurer à manger. Du reste, les domestiques ont trop à faire pour avoir des trous dans leur emploi du temps.
    Il avait raison. Elle se souvint qu’à l’époque où elle habitait Cater Street, valets et majordomes n’avaient guère le loisir d’aller se promener le soir. On pouvait les sonner à tout moment pour ouvrir la porte, apporter une carafe de porto sur un plateau ou accomplir mille autres tâches.
    —    Mais il doit bien y avoir quelque chose ! protesta-t-elle. Tout cela est tellement... nébuleux! Personne n’est coupable, personne n’est réellement innocent. Il y a bien des choses qu’on peut prouver, non?
    —    Pas encore, sauf pour les domestiques. La plupart ont un alibi.
    Elle ne discuta pas davantage. Se levant, elle lui servit son dîner, disposant les plats avec soin pour créer une impression de raffinement et de fraîcheur. Cela n’avait rien à voir avec ce qu’elle avait mangé chez Emily, mais ce repas-là lui avait coûté vingt fois moins cher, à l’exception des fruits... une folie qu’elle s’était permise à titre d’exception.
    L’enterrement fut la cérémonie la plus lugubrement grandiose à laquelle

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