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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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Charlotte eût jamais assisté. Le temps était couvert; la chaleur, suffocante. L’équipage d’Emily vint la quérir peu avant neuf heures du matin et la conduisit directement à Paragon Walk. L’accueil fut rapide; le regard d’Emily s’illumina de soulagement à sa vue et à l’idée que l’éclat de l’autre jour était déjà oublié.
    Le moment n’était pas aux rafraîchissements ni aux potins. Emily l’entraîna en haut et exhiba une magnifique robe d’un bleu lavande profond, d’une élégance princière, que Charlotte n’avait jamais vue à sa sœur. Cette robe-là faisait très grande dame, image qui ne correspondait pas à l’Emily qu’elle connaissait. Charlotte la leva et contempla le décolleté royal.
    —    Oh ! soupira Emily en souriant faiblement. Elle est à tante Vespasia. Mais je pense qu’elle t’ira à merveille : tu auras une allure de reine.
    Son sourire s’élargit, puis elle se rappela la circonstance et rougit de remords.
    —    En un sens, tu ressembles beaucoup à tante Vespasia... ou tu lui ressembleras, dans cinquante ans.
    Charlotte, se souvenant que Pitt avait dit la même chose, en fut plutôt flattée.
    —    Merci.
    Elle posa la robe et se tourna vers Emily pour déboutonner la sienne de sorte à pouvoir se changer. Elle s’apprêtait déjà à piocher dans les épingles; aussi quelle ne fut pas sa stupeur quand elle découvrit que ce n’était pas nécessaire. La robe lui allait presque comme si elle avait été faite pour elle; un pouce de plus à l’épaule n’eût pas été de trop, mais autrement, tout était parfait. Elle s’examina dans la psyché. L’effet était spectaculaire et franchement superbe.
    —    Voyons ! s’exclama Emily impatiemment. Ce n’est pas le moment de t’admirer. Il faudra mettre du noir par-dessus, sinon ce ne sera pas décent. Je sais, le lavande est aussi couleur de deuil, mais tu as l’air d’une duchesse qui se prépare à recevoir. Tiens, voilà le châle noir. Ne gigote pas ! Il n’est absolument pas chaud et il assombrit l’ensemble. Les gants noirs, bien sûr. Ah, je t’ai aussi trouvé un chapeau.
    Charlotte n’osa pas demander où elle l’avait « trouvé ». Il valait peut-être mieux ne pas le savoir.
    De toute façon, on était bien obligée de porter un chapeau à l’église, outre les exigences de la mode.
    Le chapeau s’avéra extravagant, à large bord, avec voile et aigrette. Elle le percha sur sa tête en l’inclinant de manière coquine, et Emily pouffa de rire.
    —    Oh, c’est affreux ! S’il te plaît, Charlotte, surveille tes paroles. J’ai les nerfs tellement à vif que tu me fais rire malgré moi. Je m’efforce de mon mieux de ne pas penser à cette pauvre fille. Je m’occupe l’esprit, même avec des bêtises, simplement pour oublier.
    Charlotte l’entoura d’un bras.
    —    Je sais. Je sais que tu n’as pas un cœur de pierre. Il nous arrive à tous parfois de rire alors qu’en vérité on a envie de pleurer. Dis-moi, ai-je l’air ridicule avec ce chapeau?
    Emily tendit les deux mains pour rectifier un peu l’angle.
    —    Non, non, ça va très bien. Jessamyn sera furieuse, car tout le monde te regardera et se demandera qui tu es. Baisse un peu le voile, comme ça ils seront obligés de se rapprocher pour mieux voir. Là, c’est parfait ! Arrête de le triturer !
    Le cortège, tout en noir, était impressionnant : chevaux noirs tirant un corbillard noir, cochers enrubannés de crêpe noir et panaches noirs sur les harnais. Venait ensuite la famille proche, dans une calèche à ressorts noire également, suivie du reste de l’assistance. Le tout avançait à une allure majestueuse.
    Assise aux côtés d’Emily, de George et de tante Vespasia dans leur voiture, Charlotte se demandait pourquoi les gens qui professaient une foi absolue en la résurrection faisaient de la mort un tel mélodrame. On aurait dit du mauvais théâtre. Cette question, elle se l’était souvent posée, sans toutefois pouvoir en discuter avec quelqu’un de compétent. Autrefois, elle avait espéré rencontrer un évêque, bien que maintenant cette perspective lui parût peu probable. Un jour, elle en avait parlé à papa et avait reçu une réponse très sèche qui la réduisit au silence, mais ne lui fournit aucune explication... sinon que papa n’en avait pas non plus et trouvait le sujet profondément scabreux.
    Elle descendit de voiture, prenant la main de

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