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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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Et elle redoutait ses réponses, même s’il se montrait patient avec elle et ne manifestait ni peine ni colère. S’il lui disait la vérité, y aurait-il quelque chose qu’elle aurait souhaité de tout cœur ne pas savoir?
    Elle ne s’illusionnait pas sur George : il était loin d’être parfait. Elle avait accepté, dès l’instant où elle avait résolu de l’épouser, le fait qu’il jouait et buvait quelquefois plus que de raison. Elle avait même accepté qu’il flirte de temps en temps avec d’autres femmes; normalement, elle n’y voyait aucun mal : c’était un jeu auquel elle se livrait elle-même, une sorte d’exercice, histoire de peaufiner sa technique pour ne pas s’encroûter et se laisser réduire à l’état d’objet. C’était dur par moments, déroutant même, mais elle s’était adaptée à son mode de vie avec beaucoup d’habileté.
    Hélas, dernièrement, elle n’était plus elle-même : un rien l’affectait, et elle allait parfois jusqu’à
    fondre en larmes, à son extrême consternation. Les pleurnicheries l’agaçaient, tout comme la manie de certaines femmes de tomber en pâmoison... or, ce mois-ci, elle avait été sujette aux deux.
    Elle s’excusa et alla se coucher de bonne heure, mais bien qu’elle s’endormît sur-le-champ, elle se réveilla plusieurs fois dans la nuit et, le matin, souffrit de nausées pendant plus d’une heure.
    Elle savait qu’elle avait été injuste avec Charlotte. Sa sœur voulait connaître son environnement justement pour la protéger de ce qui la tourmentait en ce moment même. D’un côté, Emily éprouvait une immense tendresse envers elle, pour cette raison et pour cent autres; mais par ailleurs, une voix stridente lui criait sa haine pour Charlotte car, même dans sa robe de mousseline grise, terne et démodée, elle paraissait à l’aise et sûre d’elle, et aucune crainte sordide ne semblait la miner de l’intérieur. Elle savait pertinemment que Thomas ne s’intéressait pas aux autres femmes. Jamais le comportement de Charlotte en société ne le pousserait à se demander s’il avait bien fait de contracter une mésalliance, ou si Charlotte était capable de tenir son rang et de se montrer digne de lui. Et elle n’était pas dans l’obligation de donner naissance à un fils pour assurer la pérennité du titre.
    Soit, Thomas était policier, et des plus bizarres par-dessus le marché : un physique tout ce qu’il y avait de banal, mais incroyablement débraillé. Toutefois, il aimait rire et, au fond d’elle-même, Emily le savait plus intelligent que George. Suffisamment intelligent peut-être pour découvrir qui avait tué Fanny Nash avant que les soupçons ne dévoilent toutes sortes d’anciennes culpabilités et blessures, et afin qu’ils puissent garder les masques qu’ils s’étaient choisis et que personne n’avait vraiment envie d’arracher.
    Incapable de supporter l’idée même du petit déjeuner, ce fut seulement au déjeuner qu’elle vit tante Vespasia.
    —    Vous avez une petite mine, Emily, dit Vespasia en fronçant les sourcils. J’espère que vous vous nourrissez correctement. C’est très important, dans votre état.
    —    Oui, merci, tante Vespasia.
    De fait, elle avait faim à présent; elle se servit donc copieusement.
    —    Hmph !
    S’emparant de la pince, Vespasia prit une portion deux fois plus petite.
    —    Alors vous vous faites du souci. Ne vous préoccupez donc pas de Selena Montague.
    Emily leva vivement les yeux.
    —    Selena? Pourquoi me soucierais-je d’elle?
    —    Parce que c’est une femme oisive qui n’a ni mari ni enfants pour lui occuper l’esprit, répondit Vespasia sans ménagement. Elle a jeté son dévolu, jusque-là sans succès, sur le Français. Selena a horreur de l’échec. C’était la préférée de son père, voyez-vous, et cela lui est resté.
    —    En ce qui me concerne, elle a le champ libre vis-à-vis de M. Alaric. Moi, il ne m’intéresse pas.
    Vespasia lui lança un regard perçant.
    —    Sottises, ma fille, une femme en bonne santé s’intéresse forcément aux hommes comme lui. Quand je le regarde, même moi, ça me rappelle ma jeunesse. Et, croyez-moi, en ce temps-là j’étais belle. Je me serais arrangée pour attirer son attention.
    Emily fut prise d’envie de rire.
    —    Je n’en doute pas, tante Vespasia. Même maintenant, ça ne m’étonnerait pas qu’il recherche votre compagnie !
    —

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