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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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m’dame. Si Madame avait la bonté, dit-elle en regardant Emily, d’oublier ma petite défaillance et de ne pas en parler devant les autres domestiques ?
    —    Mais bien sûr, Mrs. Lowndes, répondit Emily à la hâte, prenant la relève de Charlotte. C’est tout à fait normal. C’est une lourde tâche que de diriger toutes ces filles. Moins on en dit, mieux ça vaudra, je pense. Peut-être la femme de chambre pourra-t-elle nous apporter d’autres gâteaux et sandwiches?
    —    Très certainement, madame.
    Profondément soulagée, la cuisinière ramassa les
    deux assiettes et sortit, ruisselante, ignorant Charlotte qui tenait toujours les fleurs dans une main et le vase vide dans l’autre.
    Après le départ de Phoebe et Grâce, Emily se rendit immédiatement à la cuisine, contre l’avis de Vespasia, pour s’assurer que les instructions de Charlotte avaient été suivies à la lettre et que le dîner n’allait pas tourner au désastre. Charlotte regarda Vespasia. Elle n’avait pas de temps à perdre en subtilités, en eût-elle été capable.
    —    Même les domestiques, dirait-on, sont perturbés par la disparition de Mr. Nash, déclara-t-elle de but en blanc. Croyez-vous qu’il se soit enfui?
    Vespasia haussa un sourcil étonné.
    —    Non, ma chère, absolument pas. A mon avis, sa langue a fini par lui attirer les ennuis qu’il cherchait depuis si longtemps.
    —    Vous voulez dire qu’on l’a assassiné?
    Elle s’y attendait, certes, mais l’entendre formuler aussi clairement par quelqu’un d’autre que Pitt la prit au dépourvu.
    —    J’en ai bien peur, oui, fit Vespasia, hésitante. Sauf que je ne vois pas ce qu’on a fait du corps.
    Ses narines palpitèrent.
    —    C’est une pensée fort déplaisante, mais l’occulter n’y changera rien. On a dû le charger dans un cab, j’imagine, et l’abandonner quelque part, dans le fleuve peut-être.
    —    Dans ce cas, on ne le retrouvera jamais.
    C’était un aveu de défaite. En l’absence du
    cadavre, il était impossible de prouver le meurtre.
    —    Mais ce n’est pas ça, le plus important. L’essentiel est de savoir qui !
    —    Ah, fit Vespasia doucement en regardant Charlotte. Qui, en effet? J’ai longuement réfléchi à cette question. A vrai dire, elle occupe toutes mes pensées, bien que j’évite d’en parler devant Emily.
    Charlotte se pencha en avant. Elle ne savait comment s’exprimer sans paraître trop directe, voire brutale, mais elle n’avait guère le choix. La délicatesse n’était plus de mise.
    —    Ces gens-là, vous les connaissez depuis toujours. Vous devez savoir sur eux des choses que la police ne découvrira jamais, ou ne sera pas en mesure de comprendre.
    Ce n’était pas une flatterie, mais une simple constatation. Ils avaient besoin de l’aide de Vespasia... Pitt en avait besoin.
    —    Vous avez sûrement votre opinion là-dessus ! Fulbert disait des choses effroyables sur eux. Il m’a déclaré une fois que c’étaient tous des sépulcres blanchis. Il cherchait certainement à produire son effet, mais à en juger par leurs réactions, il n’avait pas entièrement tort.
    Vespasia sourit : une expression lointaine, amusée et nostalgique à la fois, faite d’une infinité de souvenirs, se peignit sur son visage.
    —    Ma chère enfant, chacun a des secrets, à moins de n’avoir pas vécu du tout. Et même ceux qui n’ont pas vécu s’imaginent en posséder, les pauvres. C’est presque avouer un échec que de ne pas détenir un secret à soi.
    —    Phoebe?
    —    Elle est incapable de tuer, dit Vespasia, secouant lentement la tête. La malheureuse perd ses cheveux. Elle porte une perruque.
    Charlotte revit Phoebe à l’enterrement, la chevelure d’un côté, le chapeau de l’autre. Comment pouvait-on plaindre quelqu’un de tout cœur et avoir en même temps envie de rire? C’était tellement futile, et cependant, Phoebe devait en souffrir. Instinctivement, elle porta la main à ses propres cheveux, épais et brillants. C’était son plus bel avantage. Si elle les perdait, le coup serait sans doute terrible. Elle aussi se sentirait désorientée, diminuée, nue en quelque sorte. L’envie de rire disparut.
    —    Oh!
    Une note de compassion perça dans sa voix. Vespasia lui lança un regard approbateur. Se reprenant, Charlotte ajouta :
    —    Mais comme vous le dites, il n’y a pas de quoi commettre un

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