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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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et s’étouffa.
    —    S’il l’a fait, ajouta-t-il.
    Pitt l’écoutait. La tirade, bien que venimeuse, pouvait bien contenir une once de vérité.
    —    Selena est une... une catin, poursuivit Afton. Elle n’a jamais su se tenir, même du vivant de son mari. Dernièrement, elle a couru après George Ashworth, qui a été assez sot pour batifoler avec elle. Je trouve ça dégoûtant. Vous, ça ne vous dérange pas, peut-être ?
    Il fit la moue et considéra Pitt d’un œil torve.
    —    C’est pourtant vrai.
    C’était ce que Pitt avait redouté. Il l’avait déjà deviné à travers les propos de Charlotte, même s’il s’était bien gardé de le lui dire. Peut-être réussirait-il à le cacher à Emily. Il ne répondit pas et se contenta de regarder Afton d’un air attentif, s’efforçant de ne pas trahir ses sentiments.
    —    Et vous devriez vous pencher davantage sur la soirée de Freddie Dilbridge. Les cochers ne sont pas les seuls à boire plus que de raison. Il invite chez lui des gens très bizarres. Je ne sais pas comment Grâce le supporte, sauf qu’il est de son devoir de lui obéir, et cette brave femme s’y soumet de bon cœur. Bigre, figurez-vous que sa fille fréquente un Juif, et Freddie y consent simplement parce que ce type a de l’argent. Imaginez Albertine Dilbridge avec un petit Juif rapace !
    Il se retourna vivement, les yeux étrécis.
    —    Vous ne comprenez peut-être pas ça, hein? Pourtant, même les classes inférieures ne se mélangent généralement pas avec les étrangers. Traiter avec eux, c’est une chose, même les recevoir chez soi s’il le faut, mais de là à leur permettre de courtiser sa fille !
    Il renifla et dut se moucher. Le contact du tissu avec la peau enflammée lui arracha une grimace de douleur.
    —    Mettez-vous donc au travail avec un peu plus de diligence, Mr. Pitt. Tout le monde ici souffre atrocement. Comme si la chaleur et la saison ne suffisaient pas ! J’abhorre la saison, avec son défilé de jeunes mijaurées que leurs mères habillent et exhibent comme du bétail de foire, et les jeunes gens qui gaspillent leur argent au jeu, courent le guilledou et boivent au point de ne plus se souvenir des imbécillités commises dans la soirée. Imaginez-vous que je suis allé voir Hallam Cayley à dix heures et demie du matin, après la disparition de Fulbert, pour demander s’il ne l’avait pas vu, et il n’avait toujours pas dessoûlé depuis la veille. A force de mener une vie de bâton de chaise, à trente-cinq ans à peine c’est déjà une épave. Quelle honte !
    Il regarda Pitt d’un air peu affable.
    —    Il faut dire, à la décharge de votre espèce, qu’au moins vous êtes trop occupés pour vous enivrer, et que vous n’en avez pas les moyens.
    Se redressant, Pitt enfouit ses poings serrés dans ses poches. Des épaves, il en avait vu de toutes sortes, physiques et morales, parmi la pègre des basfonds londoniens, mais personne ne l’avait offensé autant qu’Afton Nash, car il avait tendance à les plaindre. Cet homme-là devait souffrir d’un mal caché et cruel, un mal dont Pitt n’avait même pas soupçonné l’existence.
    —    Mr. Cayley a-t-il l’habitude d’abuser de la boisson, monsieur? s’enquit-il d’une voix douce.
    —    Comment diable le saurais-je ? siffla Afton. Je ne fréquente pas ce genre de lieux. J’ai bien vu qu’il était soûl l’autre matin, quand je suis passé chez lui, et il se conduit comme quelqu’un qui aurait perdu tout sens de la mesure.
    Il rejeta la tête en arrière pour mieux regarder Pitt.
    — Mais occupez-vous du Français. Il m’a l’air trop sournois, trop patelin. Dieu seul sait quelles tares étrangères il colporte! Il n’y a personne chez lui à part ses domestiques. Il peut faire n’importe quoi là-dedans. Les femmes sont d’une sottise ! Pour l’amour du ciel, délivrez-nous de ce... de ce scandale!
    Emily n’avait pas informé Charlotte de la disparition de Fulbert, que cette dernière apprit par Pitt. Mais il n’y avait rien à faire si tard dans la soirée, ni le lendemain, d’ailleurs. Et comme Jemima pleurnichait en permanence parce qu’elle perçait ses dents, Charlotte n’eut pas le cœur de la confier à Mrs. Smith. A midi toutefois, excédée par les pleurs de l’enfant, elle fit un saut en face pour demander à Mrs. Smith si elle n’avait pas un remède, ou du moins quelque chose pour soulager la

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