Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
Vom Netzwerk:
en
société.
    Emily pouffa de rire, se souvenant, et pendant quelques minutes,
elles évoquèrent ensemble les catastrophes du passé qui, si elles les avaient
fait rougir sur le moment, les unissaient à présent par les liens du rire et de
l’affection partagée.
    Charlotte en avait oublié le but de sa visite quand une soudaine
mention de Sarah, leur sœur aînée assassinée par l’étrangleur de Cater Street, lui
fit penser au meurtre, à sa terreur omniprésente, oppressante, et à l’acide
corrosif de la suspicion qu’il traînait dans son sillage. Elle n’avait jamais
été subtile, et surtout pas avec Emily qui la connaissait si bien.
    — Comment était Fanny Nash ?
    Elle voulait l’opinion d’une femme. Thomas était intelligent,
mais très souvent, l’essentiel – ce qu’une autre femme eût trouvé évident – échappait
aux hommes. Combien de fois elle les avait vus se laisser prendre au jeu d’une
jolie fille qui se prétendait fragile, alors que Charlotte la savait forte et
dure comme de la pierre !
    La gaieté déserta le visage d’Emily.
    — Tu vas encore jouer les limiers ? s’enquit-elle
avec méfiance.
    Charlotte songea à Callander Square. À l’époque, Emily avait
bien voulu mener son enquête. Elle avait même insisté là-dessus, et, par moments,
ce fut comme une sorte d’aventure… avant l’effrayant, le sinistre dénouement.
    — Non ! répondit-elle instantanément.
    Puis :
    — Ma foi, oui. Je ne peux pas ne pas m’y intéresser. Mais
je n’ai pas l’intention de poser des questions à droite et à gauche, ça non !
Ne sois pas bête, voyons. Ce serait tout à fait déplacé. Tu sais très bien que
je ne te ferais pas ça. Il m’arrive de manquer de tact, soit, mais je ne suis
pas stupide !
    Emily capitula, sans doute parce qu’elle était curieuse elle
aussi et que l’affaire n’avait pas encore pris une tournure définitivement
sordide.
    — Évidemment ! Excuse-moi. En ce moment, j’ai les
nerfs à vif.
    Elle se colora imperceptiblement à cette allusion à son état :
elle n’y était pas encore accoutumée, et, de toute façon, on ne parlait pas de
ces choses-là.
    — Fanny était assez quelconque, en fait. Tu veux la
vérité, j’imagine ? C’est la dernière personne au monde que j’aurais
soupçonnée d’éveiller une telle passion chez quelqu’un. Il devait être
complètement fou, le malheureux. Oh… !
    Elle pinça les lèvres, surprise elle-même en flagrant délit
de gaffe. Depuis son mariage, elle s’enorgueillissait d’être exempte de ce
défaut-là. L’influence de Charlotte était certainement contagieuse.
    — Naturellement, on n’a pas à le plaindre, se reprit-elle.
Ce serait un tort. Sauf que, s’il est fou, ce n’est pas entièrement sa faute. Crois-tu
que Thomas va l’arrêter ?
    Charlotte ne savait que répondre. Elle pouvait dire, certes,
qu’elle n’en savait rien, mais ce n’était pas vraiment une réponse. Le sens
véritable de la question d’Emily était : Thomas disposait-il d’un indice
quelconque ; était-ce quelqu’un du quartier ou non ; pouvait-on
considérer cette histoire comme un drame, mais totalement extérieur à leur
propre univers, une brève intrusion appartenant désormais au passé, un incident
survenu dans Paragon Walk, mais qui aurait pu se produire n’importe où, au gré
des lubies d’un détraqué ?
    — Il est trop tôt pour se prononcer, fit-elle, prudente.
Si c’est un fou, il se promène sûrement ailleurs à l’heure qu’il est, et puisqu’il
n’a eu aucune raison de choisir Fanny, sinon qu’elle était là, il sera
difficile à identifier… même si on le retrouve.
    Emily la regarda droit dans les yeux.
    — Autrement dit, tu penses que ce n’était pas forcément
un fou ?
    Charlotte évita son regard.
    — Emily, comment le saurais-je ? Tu dis que Fanny
était très… quelconque, pas coquette pour un sou…
    — Ah ça, sûrement pas. En fait, elle n’était pas si
banale que ça. Mais vois-tu, Charlotte, plus je vieillis, plus je pense que la
beauté n’est pas une question de traits ou de carnation, mais de comportement
et d’image que l’on a de soi. Fanny se conduisait comme quelqu’un d’ordinaire. Alors
que Jessamyn, si on la regarde objectivement, n’est pas si belle que ça ; seulement,
elle se comporte comme si elle était la huitième merveille du monde. Du coup, tout
le monde la voit comme telle. Elle y croit… et nous

Weitere Kostenlose Bücher