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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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ajouta-t-elle
inutilement à l’intention de Charlotte. Et la robe t’ira à merveille. Cette
stupide couturière s’est emmêlé les doigts et l’a faite beaucoup trop longue
pour moi.
    Tante Vespasia l’approuva d’un petit sourire.
    — Je croyais que vous aviez une dent contre Jessamyn
Nash, remarqua-t-elle négligemment.
    — J’aime bien titiller Jessamyn, fit Emily avec un
geste de la main. Ce n’est pas tout à fait pareil. Je ne me suis jamais demandé
si elle m’était sympathique ou non.
    — Et à qui va ta sympathie ? s’enquit Charlotte, désireuse
d’en savoir plus sur le voisinage.
    Maintenant que la question vestimentaire était réglée, elle
repensait à Fanny Nash et à la peur que les autres semblaient avoir oubliée.
    — Oh…
    Emily réfléchit un instant.
    — J’aime bien Phœbe Nash, la belle-sœur de Jessamyn… si
seulement elle avait un peu plus confiance en elle. Et j’aime bien Albertine Dilbridge,
bien que sa mère m’agace. J’aime bien Diggory Nash, mais je ne sais pas
pourquoi. Je n’ai rien de particulier à porter à son actif.
    On vint annoncer le déjeuner, et les trois femmes se dirigèrent
vers la salle à manger. C’était peut-être la première fois de sa vie que
Charlotte voyait un repas d’une aussi exquise simplicité. Il se composait
uniquement de mets froids, mais si raffinés que leur préparation avait dû
nécessiter des heures. Dans la chaleur suffocante, c’était déjà un délice de
contempler les potages glacés, le saumon frais aux petits légumes froids, les
glaces, les sorbets et les fruits. Elle en était à la moitié du repas, mangeant
délicatement, comme si c’était son ordinaire, quand elle se rappela que Pitt
devait sûrement mastiquer un épais sandwich avec, dans le meilleur des cas, une
fine tranche de viande froide, ou alors du fromage sec et plâtreux. Elle reposa
sa fourchette, faisant rouler les petits pois. Ni Emily ni Vespasia ne s’en aperçurent.
    Il fallut une bonne demi-heure, l’œil critique d’Emily et au
moins une douzaine d’épingles pour que Charlotte, enfin satisfaite, se juge
présentable dans la robe de soie parme, et prête à affronter les habitants de
Paragon Walk. À dire vrai, elle était plus que satisfaite. La soie était d’excellente
qualité, et la couleur, remarquablement flatteuse. Son chatoiement, allié à la
peau ambrée et à la chevelure éclatante de Charlotte, suffisait à l’emplir de
vanité. Quel dommage que de devoir l’enlever pour la rendre à Emily en fin d’après-midi !
La mousseline grise avait perdu tout son attrait. Elle n’avait plus rien d’élégant :
elle paraissait terne et terriblement démodée.
    Tante Vespasia la complimenta avec une pointe d’ironie quand
elle descendit, mais elle soutint sans ciller le regard de la vieille dame, en
espérant qu’elle ne soupçonnait pas le nombre d’épingles qu’il avait fallu
utiliser, ni que Charlotte avait dû relacer vigoureusement son corset pour
pouvoir enfiler l’ancienne taille d’Emily.
    Elle remercia Vespasia et suivit Emily dans l’allée
ensoleillée, la tête haute et le dos raide. En fait, il lui eût été difficile
de se tenir autrement, et elle devrait faire attention au moment de s’asseoir.
    Selena Montague habitait cent mètres plus loin, et Emily ne
dit pas grand-chose en chemin. Elles frappèrent à la porte qui fut ouverte
aussitôt par une pimpante soubrette en noir et dentelles : visiblement, elle
attendait les visites. Mrs. Montague était dans le jardin ; on les convia
donc à l’y rejoindre. La maison était luxueuse et cossue ; toutefois, l’œil
expert de Charlotte décela les minuscules économies : une reprise dans la
frange d’un abat-jour, un coussin dont la housse avait manifestement été
retournée, formant une tache plus sombre contre les oreilles du dossier aux
couleurs passées. Elle-même en avait fait autant ; c’étaient des signes
qui ne trompaient pas.
    Selena était assise dans une chaise longue en osier, les
bras ballants et le visage levé : une capeline à fleurs le protégeait de
la brûlure du soleil. Ses traits étaient d’une régularité parfaite, malgré un
nez un peu trop pointu. Elle avait de grands yeux marron aux longs cils, qu’elle
ouvrit avec infiniment d’intérêt à la vue de Charlotte.
    — Chère Selena, commença Emily en prenant sa voix la
plus suave, vous êtes ravissante, et fraîche comme une rose ! Laissez-moi
vous

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