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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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à l’occasion, sur
des sujets plus graves comme les affaires ou la politique. Le père de Jessamyn avait
été extrêmement fortuné, mais, bien entendu, tout était allé à son jeune frère,
seul descendant mâle. On disait à l’époque lointaine de la mort du vieil homme
que le fils avait hérité l’argent, et Jessamyn, l’intelligence. D’après ce qu’elle
avait entendu dire, c’était un jeune sot. Jessamyn avait eu la meilleure part.
    Le thé arriva. Elles échangèrent des souvenirs polis de la
saison précédente et s’interrogèrent sur les prochaines tendances de la mode.
    Finalement, Vespasia prit congé. Au portail, elle croisa Fulbert.
Il s’inclina avec une grâce ironique, et ils se saluèrent. Elle le traita avec
froideur. Fatiguée des visites, elle s’apprêtait à rentrer lorsqu’il s’adressa
à elle.
    — Vous êtes allée voir Jessamyn.
    — À l’évidence, oui, riposta-t-elle, acide.
    Franchement, il devenait jobard.
    — Très amusant, hein ?
    Son sourire s’élargit.
    — Chacun se rue sur ses petits péchés pour s’assurer qu’ils
sont bien cachés. Si votre policier, Pitt, était tant soit peu voyeur, il
trouverait ça mieux que de regarder par un trou de serrure. C’est un peu comme
un casse-tête chinois : rien ne s’imbrique de la même façon, et toutes les
apparences sont trompeuses.
    — Je ne sais absolument pas de quoi vous parlez, dit-elle
sèchement.
    À en juger par l’expression de Fulbert, il avait
parfaitement compris qu’elle mentait. Elle avait très bien saisi le sens de ses
paroles, même si son éducation lui laissait seulement entrevoir les péchés en question.
Il ne parut pas s’en offusquer. Il continuait à sourire ; son visage, sa
posture même respiraient l’hilarité.
    — Il se passe ici des choses dont vous n’avez pas idée,
susurra-t-il. La carcasse grouille de vers, si jamais vous l’ouvrez. Même la
pauvre Phœbe, bien qu’elle soit trop effrayée pour parler. Un de ces jours, elle
mourra de frayeur, si on ne l’assassine pas avant, bien sûr !
    — Mais enfin, que me chantez-vous là, voyons ?
    À présent, Vespasia était partagée entre la fureur que lui
inspirait son plaisir puéril de choquer et une peur tout à fait réelle à la
pensée qu’il sût quelque chose qui dépasse ses pires craintes.
    Mais il se contenta de sourire et de se diriger vers la
porte d’entrée. Elle fut donc obligée de poursuivre son chemin sans avoir la
réponse.
     
    Dix-neuf jours après le meurtre, Vespasia parut au petit
déjeuner, la mine ombrageuse et, chose inouïe, une mèche de cheveux échappée de
la coiffure.
    À sa vue, Emily ouvrit de grands yeux.
    — Ma femme de chambre m’a appris une nouvelle des plus
singulières.
    Vespasia semblait chercher ses mots. Elle prenait toujours
un petit déjeuner léger ; sa main s’attarda au-dessus des toasts, puis des
fruits, sans qu’elle se décide à choisir.
    C’était bien la première fois qu’Emily la voyait aussi
décontenancée. C’en était inquiétant.
    — Quelle nouvelle ? Ça concerne Fanny ?
    — Aucune idée, fit Vespasia, haussant les sourcils. Apparemment,
non.
    — Alors, de quoi s’agit-il ?
    Emily trépignait, ne sachant s’il fallait s’affoler ou non. George
avait posé sa fourchette et fixait sa tante d’un air tendu.
    — Il paraît que Fulbert Nash a disparu.
    Vespasia prononça ces paroles comme si elle-même avait peine
à y croire.
    George exhala un soupir, et la fourchette tomba de sa main.
    — Comment ça, disparu ? fit-il lentement. Il est
parti, mais où ça ?
    — Si je le savais, George, je n’aurais pas parlé de
disparition ! rétorqua Vespasia d’un ton inhabituellement cassant. Personne
ne sait où il est. Là est le problème. Il n’est pas rentré hier soir, alors qu’il
ne devait même pas dîner dehors, et on ne l’a pas vu de la nuit. D’après son
valet, il n’avait pas d’autres vêtements que le costume d’été qu’il portait à
midi.
    — Tous les cochers ou valets sont-ils à la maison ?
s’enquit George. Quelqu’un a-t-il pris un message ou appelé un cab pour lui ?
    — Il semble que non.
    — Ma foi, il n’a pas pu s’évanouir dans les airs !
Il doit bien être quelque part !
    — Sûrement.
    Fronçant les sourcils de plus belle, Vespasia prit enfin un
toast qu’elle tartina de beurre et de confiture d’abricots.
    — Mais personne ne sait où. Ou alors, si quelqu’un le
sait,

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