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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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deviner l’intensité de la lumière qui traversait le feuillage.
    — Mais nous ne savons pas à quelle heure Virgile a regardé le soleil, fit remarquer Farag. Est-ce la même que nous ? Cela peut complètement changer la direction à suivre.
    — Laissons le hasard tirer les dés, dis-je. Si les gardiens de la Croix avaient voulu que nous prenions une direction précise, ils nous l’auraient fait savoir.
    Glauser-Röist, qui avait continué à lire La Divine Comédie, leva la tête et nous regarda, les yeux brillants :
    — Si comme vous l’avez dit le hasard a tiré les dés, il est tombé en plein dans le mille, car ils arrivent à la deuxième corniche à midi pile.
    Avec un sourire satisfait, je me mis face au soleil, plantai mon pied droit dans le sol et pivotai vers la gauche, c’est-à-dire le chemin de droite. Nous nous mîmes en marche. Mais les « murailles » n’étaient pas aussi « lisses » que le disait le poète, car la haie était faite de branchages touffus. Tous les deux cents mètres environ, apparaissait une étoile de bois au sol.
    Nous nous perdîmes en conjectures à leur sujet pour décréter, une heure plus tard, que peu importait leur signification, et que cela nous était égal.
    Nous marchâmes d’un bon pas une heure de plus sans que le paysage ne souffrît la moindre variation : un chemin de terre parsemé d’étoiles et fermé par deux murs végétaux élevés qui, sous l’effet de la perspective, semblaient s’unir loin devant nous.
    La fatigue commençait à se faire sentir. J’avais les pieds brûlants et endoloris, et j’aurais donné n’importe quoi pour une chaise ou, mieux encore, un siège aussi confortable que celui de l’hélicoptère. Mais nous dûmes poursuivre notre chemin comme Dante et Virgile.
    — Cela me rappelle une phrase de Borges, murmura soudain Farag. « Je connais un labyrinthe grec qui constitue une ligne unique, droite. Tant de philosophes se sont perdus sur cette ligne qu’un simple détective peut bien s’y perdre. » Je crois que c’est dans Artificios.
    — Et tu ne te souviens pas du « cercle infini dont le centre est partout et sa circonférence si grande qu’elle semble une ligne droite » ?
    Moi aussi j’avais lu Borges, alors pourquoi ne pas m’en vanter ?
    Vers cinq heures de l’après-midi, sans qu’aucun de nous ne se fut plaint ni de la faim ni de la soif, la seconde haie intérieure montra une irrégularité dans son tracé : une porte de fer apparut, aussi haute que la haie et de quatre-vingts centimètres de large environ. En la franchissant, nous découvrîmes deux autres choses intéressantes. La première, que ces énormes haies étaient en réalité d’épais murs de pierre entièrement recouverts de feuillages ; et la seconde, que cette porte était conçue de telle sorte que, une fois fermée, nous ne pourrions plus l’ouvrir.
    — Sauf si nous arrivons à la coincer, dit Boswell, apparemment inspiré.
    Comme il n’y avait pas de pierres dans le voisinage, que nous n’avions rien sur nous et que, pour comble, les branchages étaient durs comme le chanvre et épineux, la seule solution fut de se servir de la montre de Farag, qu’il offrit généreusement en arguant qu’elle était en titane et résisterait sans problème. Mais quand la paroi de fer se remit en place, la pauvre machine tint quelques secondes avant de rendre l’âme et de se casser en mille morceaux.
    — Je suis désolée, Farag, dis-je en essayant de le consoler.
    Il contemplait en silence, confus et incrédule, la porte qui venait de détruire sa montre.
    — Ne vous en faites pas, professeur, le Vatican vous remboursera, dit le capitaine. Le plus grave, c’est que la porte s’est refermée et que nous ne pouvons plus l’ouvrir.
    — Bien ! Cela veut sans doute dire que nous sommes sur le bon chemin, dis-je en essayant de faire preuve, pour une fois, d’un peu d’enthousiasme.
    Nous reprîmes la marche en remarquant que ce deuxième couloir était plus étroit que le premier. L’obscurité commençait à être dangereuse. Il y avait peut-être encore de la lumière en dehors du bois mais, sous ce ciel épais de branches, la visibilité était réduite.
    Cent mètres plus loin, nous trouvions un nouveau symbole par terre, bien plus original que les précédents :
     

     
    Sa couleur, sa texture paraissaient du plomb et celui qui l’avait placé là s’était assuré que l’on ne pouvait ni le retirer ni

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