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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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ainsi le passage du noir au gris ; il était cinq heures du matin. Nous nous réveillâmes tous les trois en même temps, certainement à cause du chant tapageur des oiseaux qui lançaient des arias ensorceleuses. À moitié endormie encore, je me rappelai que nous étions samedi, et qu’une semaine seulement auparavant j’étais à Palerme avec ma famille pour la veillée funèbre de mon père et de mon frère. Je priai pour eux en silence, et essayai d’accepter la situation extravagante dans laquelle je me trouvais, avant d’ouvrir définitivement les yeux.
    Nous nous levâmes tant bien que mal, bûmes un peu de café froid, ramassâmes nos affaires et nous remîmes en route sans nous arrêter jusqu’à neuf heures du matin environ, en comptant plus d’une trentaine de signes de Saturne. Après nous être un peu reposés, nous reprîmes la marche en nous demandant si c’était vraiment une épreuve du Purgatoire ou un test d’endurance. Enfin, apparut tout au fond un mur qui fermait le couloir.
    — Attention ! annonça Farag. Nous sommes arrivés !
    Nous pressâmes le pas, animés par l’envie folle d’atteindre la dernière étape. Mais non, ça ne l’était pas encore. Bien que cette muraille couverte de feuilles fermât le couloir par lequel nous étions arrivés, une nouvelle porte de fer, identique à l’autre, apparut sur notre gauche. Sachant que rien ne pourrait en empêcher la fermeture, nous la poussâmes pour la franchir d’un pas résigné puisque de l’autre côté nous attendait un panorama similaire à celui que nous venions de quitter. De fait, si ce couloir n’avait été plus étroit que le premier, nous aurions pu jurer que nous n’avions pas changé de lieu.
    — J’ai l’impression que nous traversons des lignes parallèles chaque fois plus rapprochées les unes des autres, dit Farag en étendant les bras de chaque côté.
    Dans ce troisième couloir, les bouts de ses doigts arrivaient à une paume du massif végétal. Mais les haies avaient changé de nature aussi. Elles n’étaient plus uniquement couvertes de branchages, mais d’orties, d’épines, de ronces et de chardons qui menaçaient de nous trouer la peau au moindre effleurement.
    — En effet, admit le capitaine, les couloirs sont plus étroits. En revanche, ajouta-t-il après avoir jeté un coup d’œil sur sa boussole, je ne crois pas que nous avancions en lignes droites parallèles. Nous avons tourné d’une soixantaine de degrés vers la gauche.
    — Tiens ! s’étonna Farag.
    Il s’approcha de lui pour vérifier ses indications.
    — Vous avez raison !
    — Je vous avais bien parlé d’un cercle infini, je crois ? dis-je, moqueuse.
    J’examinai les épines pointues et en effleurai une. Si leur origine n’avait pas été clairement naturelle, j’aurais parié pour le meilleur fabricant d’aiguilles au monde. La piqûre lâcha une douce piloselle noire qui en une seconde fit rougir ma peau. J’eus une impression de brûlure, comme si j’avais touché le bout d’une allumette enflammée.
    — Ces orties sont terribles ! m’écriai-je. Il faut faire très attention !
    — Laissez-moi voir.
    Tandis que le capitaine examinait ma main, la rougeur et la brûlure disparurent.
    — Heureusement, l’inflammation semble passagère, mais nous ne savons pas s’il en va de même pour toutes les autres espèces. Soyez donc prudents.
    En faisant attention de ne pas toucher les plantes épineuses, nous avançâmes sur une centaine de mètres jusqu’à ce que Glauser-Röist, qui marchait en tête, s’arrête brusquement.
    — Un autre dessin étrange…, annonça-t-il.
    Je me penchai en même temps que Farag pour examiner ce tracé artistique du chiffre 4, fabriqué avec un métal aux reflets bleus.
     

     
    — Le symbole de la planète Jupiter, indiqua Farag d’un ton surpris. Je ne sais pas… Voyons… Si nous sommes en train de tourner et que dans chaque nouveau couloir apparaît une planète différente, il est possible que tout ceci ne soit rien d’autre qu’une représentation cosmologique.
    — Peut-être, reconnut le capitaine en caressant de la main le dessin. En tout cas, elle semble faite en étain.
    — Saturne est la planète du plomb, lui rappelai-je.
    — Je ne sais pas…, reprit Farag d’un air contrarié. Tout cela est très bizarre. À quoi nous font-ils jouer, maintenant ?
    La porte suivante se présenta cinq heures plus tard alors que nous avions piétiné la

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