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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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planète Jupiter une trentaine de fois. Nous déjeunâmes, assis par terre, en fuyant les massifs épineux. Le couloir suivant, ou cercle gigantesque selon la façon dont on l’envisageait, était un peu plus étroit et les plantes plus denses et dangereuses. Le symbole, de fer, était celui de la planète Mars.
     

     
    — Je crois qu’il n’y a plus aucun doute possible, dit le capitaine.
    — Nous sommes en train de parcourir le système solaire, approuvai-je.
    — Essayons de ne pas penser en termes contemporains, me corrigea Farag, penché sur le dessin. Nos connaissances actuelles sur les planètes n’ont rien à voir avec celles de l’Antiquité. L’ordre suivi : Saturne, Jupiter, Mars, indique qu’il manque les trois premières planètes, les plus extérieures, Pluton, Neptune et Uranus, découvertes au cours de ces trois derniers siècles. Je pense donc que nous nous déplaçons dans la conception antique du système solaire, que partagèrent tous les hommes, de la Grèce classique à la Renaissance. Un système qui comprend la sphère des étoiles fixes, qui correspond au premier couloir que nous avons emprunté, les sept planètes et la Terre.
    — C’est aussi la conception que Dante a de l’univers.
    — En effet, capitaine, Dante Alighieri, comme ses contemporains, pensait qu’il y avait neuf sphères incluses les unes dans les autres. La plus extérieure était celle des étoiles fixes et la plus intérieure celle de la Terre où vivait l’être humain. Aucune des deux ne bougeait. Leur position était immuable. Ce qui était en mouvement, c’était les sphères situées entre elles, c’est-à-dire les sept planètes alors connues.
    — Neuf sphères et sept planètes, répéta Glauser-Röist, on retrouve les chiffres sept et neuf encore une fois.
    Je regardai Farag sans pouvoir cacher mon admiration. J’étais fascinée par son érudition. Tout ce qu’il disait était juste, ce qui prouvait qu’il était doté d’une mémoire excellente, meilleure même que la mienne. Et c’était la première fois que je pouvais dire cela de quelqu’un.
    — Donc la planète suivante doit être Mercure.
    — J’en suis certain, Kaspar, et je crois même que nous allons avancer de plus en plus vite puisque les cercles se contiennent les uns les autres, et que les diamètres diminuent.
    — Et les chemins rétrécissent, ajoutai-je.
    — Allons-y ! dit Glauser-Röist sans relever ma remarque. Il nous reste encore quatre planètes.
    Nous arrivâmes à Mercure alors que l’après-midi tombait. Je me dis qu’Abi-Ruj Iyasus avait dû être une espèce de colosse, un véritable Hercule, pour avoir surmonté les épreuves de la confrérie, et avec lui tous les autres stavrophilakes, Dante et le père Bonuomo inclus. Quelle foi ou quel fanatisme poussait ces personnes à supporter toutes ces calamités ? Et pourquoi, s’ils étaient si uniques, si sages, acceptaient-ils ensuite d’humbles postes de surveillance et des vies anodines et clandestines ?
    Le symbole de Mercure était fabriqué dans un métal aux reflets violets, très brillant et brun, que nous ne sûmes pas reconnaître. Nous dormîmes par terre, ce soir-là, en file indienne le long du couloir ; la distance entre les deux haies ne permettait guère mieux.
    Le lendemain, à l’aube, un dimanche, réveillés encore une fois par le tapage des oiseaux, nous nous remîmes en route, les jambes courbaturées.
    La cinquième orbite planétaire apparut alors que le soleil était haut. Le capitaine nous apprit que nous avions tourné de plus de deux cents degrés par rapport à notre point de départ. Il nous en manquait moins de la moitié pour faire un tour complet. Le symbole de Vénus, en cuivre rouge, n’apparut qu’une vingtaine de fois. Une grande surprise nous attendait dans le couloir suivant, dont la perspective ne formait plus des lignes droites convergentes à l’horizon, mais des arcs qui tournaient ostensiblement à gauche. En pénétrant dans le cercle du Soleil, nous pûmes observer, surpris, qu’un toit épineux de chardons et de ronces unissait, au-dessus de nos têtes, les parois latérales qui étaient maintenant si proches que le capitaine, le plus corpulent de nous trois, ne pouvait avancer qu’en tordant les épaules.
    Le premier symbole apparut immédiatement, un cercle tout simple avec un point d’or pur au centre qui brillait malgré la pénombre. Si nous ne nous étions pas trouvés dans une

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