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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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siècle avant notre ère, avait établi une théorie selon laquelle les nombres étaient le fondement de toute chose et la seule voie possible pour éclaircir l’énigme de l’univers. Il avait fondé une espèce de communauté scientifico-religieuse dans laquelle l’étude des mathématiques était considérée comme un chemin de perfectionnement spirituel. Et il mit toute son énergie à transmettre à ses élèves le raisonnement déductif. Son école eut de nombreux successeurs, et il fut à l’origine d’une longue chaîne de sages qui se prolongea, à travers Platon et Virgile, jusqu’au Moyen Âge. Il était considéré comme le père de la numérologie médiévale, celle que Dante avait suivie au pied de la lettre dans La Divine Comédie. Ce fut Pythagore qui établit la fameuse classification des mathématiques qui perdura pendant plus de deux mille ans, le Quadrivium des sciences : arithmétique, géométrie, astronomie et… musique. Oui, musique, parce que Pythagore était obsédé par l’idée d’expliquer mathématiquement l’échelle musicale, qui représentait alors un grand mystère pour les êtres humains. Il était convaincu que les intervalles entre les notes pouvaient être représentés par des nombres, et il travailla intensément à ce projet pendant la majeure partie de sa vie. Jusqu’à ce qu’un jour, selon la légende…
    — Si l’un de vous avait la bonté de m’expliquer, grogna Glauser-Röist.
    Farag se retourna, comme tiré d’une transe soudaine, et le regarda avec un air coupable.
    — Les pythagoriciens, commença-t-il, furent les premiers à définir le cosmos comme une série de sphères parfaites décrivant des orbites circulaires. Ils sont à l’origine de la théorie des neuf sphères et sept planètes sur laquelle est fondé le labyrinthe par lequel nous sommes arrivés, capitaine ! Ce fut Pythagore qui exposa pour la première fois… (Il demeura songeur.) Comment ne m’en suis-je pas aperçu avant ? Pythagore soutenait que les sept planètes émettent des sons en décrivant leur orbite, les notes musicales, qui créent ce qu’il appela l’harmonie des sphères. Cette musique harmonieuse ne peut être entendue par les humains, parce que nous sommes habitués à elle depuis notre enfance. Chacune des sept planètes émet une des sept notes de l’échelle musicale, du do au si.
    — Et quel est le rapport avec les coups de marteau que vous venez de donner ?
    — Tu continues, Ottavia ?
    Pour une raison inexplicable, je sentis un nœud serrer ma gorge. Je regardai Farag en silence. Je ne désirais qu’une seule chose, qu’il continuât à parler. Je repoussai son offre d’un geste de dénégation. L’ancienne Ottavia était donc bien morte, me dis-je, stupéfaite. Où était passée ma vanité intellectuelle ?
    — Un jour, poursuivit Farag, tandis que Pythagore se promenait dans la rue, il entendit des coups rythmés qui attirèrent son attention. Le bruit provenait d’une forge voisine dont il s’approcha, attiré par la musicalité des battements du marteau sur l’enclume. Il demeura là un certain temps, à observer les ouvriers, leur manière de travailler, la façon dont ils utilisaient leurs outils ; il s’aperçut alors que le bruit variait selon la taille du marteau.
    — C’est une légende très connue, dis-je en faisant un effort surhumain pour prendre une voix normale. Qui semble fondée, car en effet, c’est après cette visite que Pythagore découvrit la relation numérique entre les notes musicales, ces mêmes notes qu’émettent les sept planètes en tournant autour de la Terre.
    Le soleil apparut alors derrière la muraille en illuminant de plans droits ce cercle terrestre auquel nous tentions d’échapper. Glauser-Röist paraissait impressionné.
    — Et c’est sur cette Terre, conclut Farag, centre de la cosmologie pythagoricienne, que nous nous trouvons. D’où les symboles planétaires que nous avons trouvés dans les cercles antérieurs.
    — Je suppose que vous avez compris, capitaine, que votre chère numérologie dantesque vient tout droit de Pythagore, dis-je d’un ton ironique.
    Il me regarda et je crus déceler un certain respect dans ses yeux gris acier.
    — Vous ne comprenez pas, professeur, que tout cela ne fait que confirmer mon sentiment que nous avons perdu une sagesse ancienne et très belle au fil des siècles ?
    — Pythagore se trompait, lui rappelai-je. Pour commencer, la Lune n’est

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