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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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couchait. Le ciel se couvrit d’une couleur chaude et dorée, et tout fut harmonie et détente dans le bois quand le silence revint. C’est alors que je me rendis compte que je m’endormais. Je compris tout de suite que ce n’était pas un sommeil naturel, ni ma manière habituelle de dormir, à cause de l’immense lassitude qui s’empara de mon corps et m’introduisit lentement dans un obscur puits de léthargie. J’ouvris les yeux et aperçus Farag, le regard vitreux, et le capitaine, appuyé sur l’enclume avec les deux bras raidis, qui essayait de se maintenir debout. Il flottait dans l’air un parfum de résine. Mes paupières se fermèrent de nouveau avec un léger tremblement sans que je le décide. Je commençai à rêver immédiatement. Je rêvai de mon arrière-grand-père Giuseppe, qui dirigeait les travaux de construction de la Villa Salina, et cela me fit sursauter. La partie consciente de mon esprit, encore invaincue, me prévenait que tout cela n’était pas réel. J’entrouvris de nouveau les yeux avec un grand effort et, à travers un nuage ténu de fumée blanchâtre qui pénétrait dans le cercle par la partie basse du mur et montait du sol, je contemplai Glauser-Röist, qui tomba à genoux en murmurant un monologue que je ne pus comprendre. Il s’accrochait à l’enclume pour éviter de perdre l’équilibre et secouait la tête pour se maintenir éveillé.
    — Ottavia…
    Je tendis ma main vers Farag. Je caressai son bras et, tout de suite, sa main chercha la mienne. Nos mains, unies de nouveau comme dans le labyrinthe, furent mon dernier souvenir.
     
    Je me réveillai avec une sensation de froid intense et comme aveuglée par une puissante lumière blanche. Comme s’il n’existait plus de moi que mon essence, comme si je n’avais plus d’entité réelle, étais sans passé, sans souvenirs, sans nom. Je revins lentement à moi avec l’impression de flotter dans une bulle qui remonterait dans une mer d’huile. Je fronçai les sourcils, et notai la rigidité de mes muscles faciaux. J’avais la bouche si sèche que je dus faire un effort pour décoller ma langue du palais et bâiller.
    Le bruit du moteur d’une voiture qui passait tout près et la désagréable sensation de froid finirent de me réveiller tout à fait. J’ouvris les yeux et, encore sans identité ni conscience, aperçus devant moi la façade d’une église, une rue éclairée par des réverbères, un bout de gazon qui se terminait à mes pieds. La lumière blanche aveuglante était celle d’un lampadaire. J’aurais aussi bien pu me trouver à New York qu’à Melbourne et être aussi bien Ottavia Salina que Marie-Antoinette, reine de France. Puis mes souvenirs refirent surface. J’inspirai profondément et, en même temps que l’air entrait dans mes poumons, je revis le labyrinthe, les sphères, les marteaux et… Farag !
    Je sursautai et le cherchai du regard. Je le découvris à ma gauche, profondément endormi entre le capitaine et moi. Une autre voiture passa, les phares allumés. Le conducteur ne sembla pas nous voir, et s’il le fit, il dut nous prendre pour des vagabonds qui passaient la nuit sur un banc dans le parc. L’herbe était humide de rosée. Je devais réveiller mes compagnons et vérifier rapidement où nous nous trouvions, et ce qui nous était arrivé. Je posai la main sur l’épaule de Farag et le secouai doucement. Je sentis alors une douleur semblable à celle que j’avais éprouvée en reprenant conscience dans le Cloaca Maxima, mais sur l’avant-bras gauche cette fois. Je n’avais pas besoin de relever ma manche pour savoir que je trouverais là une nouvelle scarification en forme de croix. Les stavrophilakes certifiaient à leur manière étrange que nous avions franchi avec succès la deuxième épreuve, celle du péché d’envie.
    Farag ouvrit les yeux. Il me regarda et sourit.
    — Ottavia… ! murmura-t-il avant de se passer la langue sur les lèvres pour les humecter.
    — Réveille-toi, Farag ! Nous avons réussi à sortir !
    — Nous avons quitté le… Je ne m’en souviens pas… Ah ! oui, l’enclume et les marteaux.
    Il regarda autour de lui, encore endormi, et passa les mains sur ses joues hirsutes.
    — Où sommes-nous ?
    — Je ne sais pas, dis-je sans retirer la main de son épaule. Dans un parc, je crois. Il faut réveiller le capitaine.
    Farag voulut se mettre debout. En vain. Il eut une expression de surprise.
    — Ils nous ont frappé si

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