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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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pas une planète, mais un satellite de la Terre, et aucun astre n’émet de notes musicales en suivant son orbite, qui d’ailleurs n’est pas ronde mais elliptique.
    — Vous en êtes sûre ?
    Farag nous écoutait avec une grande attention.
    — Si je suis sûre ? Vous avez oublié ce qu’on apprend à l’école.
    — Parmi tous les multiples chemins possibles, dit-il, songeur, l’humanité a sans doute choisi le plus triste de tous. Vous n’aimeriez pas croire qu’il existe de la musique dans l’univers ?
    — À vrai dire, cela m’est complètement égal.
    — Pas moi, déclara-t-il en me tournant le dos pour se diriger vers la pile de marteaux.
    Comment un type aussi dur pouvait-il abriter une sensibilité aussi indulgente ?
    — Souviens-toi, me chuchota Farag, que le romantisme a commencé en Allemagne.
    — Et alors ?
    — Les apparences peuvent être parfois trompeuses, et ne correspondent pas à la vérité. Je t’ai déjà dit que Glauser-Röist est quelqu’un de bien.
    — Je n’ai jamais prétendu le contraire, protestais-je.
    Un coup de marteau épouvantable retentit à cet instant. Le capitaine avait frappé l’enclume de toutes ses forces.
    — Nous devons retrouver l’harmonie des sphères ! cria-t-il à gorge déployée. Que faites-vous ? Vous perdez du temps !
    — Je crois qu’aucun de nous ne sortira de cette aventure sain d’esprit, me lamentai-je en observant le capitaine.
    — J’espère que toi, oui, au moins, Basileia. Ton esprit est trop précieux.
    En me retournant, je ne pus m’empêcher de contempler ses yeux bleus si souriants… Oh ! mon Dieu, comme Farag se trompait. J’avais déjà perdu la tête !
    — S’il vous plaît ! insista le capitaine. Vous pouvez m’expliquer exactement ce que Pythagore a fait avec ces satanés marteaux ?
    Farag se tourna vers lui et sourit.
    — Il s’en fit apporter une pile comme celle-ci, dit-il, et les essaya sur l’enclume jusqu’à ce qu’il trouve ceux qui faisaient sonner certaines notes de l’échelle musicale. En réalité, les Grecs divisaient les notes en tétracordes. Les nôtres, nos do, ré, mi, fa, sol, la, si, ont leur origine dans la première syllabe de chaque vers d’un hymne musical consacré à saint Jean, mais c’est exactement la même chose.
    — Je connais cet hymne mais, là, je ne m’en souviens pas, dis-je.
    — Et que fit Pythagore après avoir trouvé ces marteaux ? pressa le capitaine.
    — Il découvrit la relation numérique entre les poids de ceux qu’il avait et put en déduire le poids de ceux qui manquaient. Il les fit confectionner et les sept sonnèrent alors, parfaitement accordés.
    — Quelle était cette relation numérique ?
    Farag et moi nous regardâmes avant de nous tourner vers le capitaine.
    — Je n’en ai aucune idée, reconnus-je.
    — Je suppose que les mathématiciens et les musiciens le savent, se justifia Farag, mais nous ne sommes rien de tout cela.
    — Donc, nous devons la trouver.
    — C’est ce qu’on dirait. Je ne me souviens que d’une chose, je crois que le marteau qui faisait sonner le do pesait exactement le double de celui qui faisait sonner le do de l’octave suivante.
    — C’est-à-dire, poursuivis-je, que le do le plus aigu était produit par un marteau qui pesait la moitié du do le plus grave. Oui, cela me dit quelque chose en effet.
    — Cela fait partie de ces curiosités historiques dont on se souvient, aussi anecdotiques soient-elles.
    — Enfin, plus ou moins, car, si nous n’étions pas dans cette situation, je crois que cela ne me serait jamais revenu à l’esprit.
    — Peut-être, mais cela fait trois jours que nous sommes ici et si nous voulons revoir le monde extérieur, nous devons faire usage de l’harmonie des sphères.
    La seule idée de devoir faire résonner ces marteaux jusqu’à trouver les sept bons me rendait malade. Moi qui aimais tant le silence !
    Je proposai de faire des piles séparées des marteaux en fonction de leur poids approximatif pour établir une rapide classification. Cette tâche nous prit plus de temps que nous ne le pensions, les différences entre un marteau de un kilo ou d’un kilo et demi étant minimes. Nous avions au moins un excellent éclairage car le soleil continuait à monter, mais je commençais à ressentir les effets du manque d’eau et de nourriture, et craignais une hypoglycémie.
    Deux heures plus tard, force nous fut de constater qu’il était plus

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