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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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part un tas de blessures, une fatigue terrible et des articulations douloureuses. Les couvertures de survie ne réussirent même pas à nous réchauffer cette nuit-là, les déchirures provoquées par les ronces et les épines les avaient rendues inutilisables. Ou Dieu nous aidait à sortir de là ou nous ferions bientôt partie des nombreux candidats morts au cours des épreuves.
    La raison me disait que, malgré les apparences, notre situation ne s’était pas beaucoup améliorée par rapport au cercle de la Lune. Si auparavant une prison végétale nous obligeait à suivre le chemin tracé, dans ce centre apparemment libre, d’où nous pouvions contempler la dureté froide et pure du ciel, il n’y avait rien d’autre à faire que résoudre le problème de l’enclume et des marteaux. C’était ça ou rien. Simple, n’est-ce pas ?
    — Il faudrait bouger, murmura Farag encore endormi, mais… Ah ! bonjour.
    J’aurais voulu me retourner et le regarder mais je me retins en résistant à l’envie idiote de pleurer qui me vint soudain. Je commençais à être fatiguée de moi-même.
    Glauser-Röist se mit debout et commença à faire quelques mouvements de gymnastique pour détendre ses muscles. Je ne bougeai pas.
    — Nous pourrions demander qu’on nous apporte le petit déjeuner dans la chambre.
    — Ce sera un espresso bien chaud avec un pain au chocolat pour moi, dis-je.
    — Et si on se mettait au travail ? nous interrompit le capitaine alors qu’il essayait de s’arracher la tête, les bras derrière la nuque.
    — Vous voulez peut-être que l’on forge une sculpture, me moquai-je.
    Le capitaine se dirigea vers la pile de marteaux et se planta devant d’un air très concentré. Puis il se baissa et disparut derrière l’enclume. Farag se leva et le rejoignit.
    — Vous avez découvert quelque chose, Kaspar ? lui demanda-t-il.
    Ce dernier se releva avec un marteau dans la main.
    — Non, rien de particulier. Ce sont de simples marteaux. Certains sont usés, d’autres non.
    Farag en prit un à son tour. Il le lança en l’air et le rattrapa habilement.
    — Non, en effet, rien d’extraordinaire, dit-il en passant devant l’enclume et en la frappant d’un coup de marteau.
    Qui résonna comme une cloche immense dans le bois, nous réduisit au silence et fit s’envoler les oiseaux en piaillant. Quand quelques secondes après les vibrations sonores cessèrent, aucun de nous n’osa bouger, effrayés par ce qui venait d’arriver, incrédules, immobiles comme des statues.
    Le capitaine éclata de rire.
    — Heureusement que ce n’était rien d’extraordinaire, professeur ! Imaginez le contraire…
    Mais cela ne fit pas rire Farag, qui demeura sérieux et impassible. Sans un mot, il pivota sur ses talons, s’empara du marteau de Glauser-Röist et, avant que ce dernier ne puisse l’en empêcher, frappa de nouveau l’enclume de toutes ses forces. Je me bouchai aussitôt les oreilles, mais cela ne servit à rien : le bruit du fer contre le fer se grava dans mon crâne. Je bondis sur mes pieds et me précipitai vers lui. Je préférais mille fois affronter une discussion plutôt que souffrir ce tapage. Et si l’envie soudaine d’utiliser tous les marteaux lui venait ?
    — On peut savoir ce que tu es en train de faire ? lui dis-je, furieuse, par-dessus l’enclume.
    Il ne me répondit pas. Il recula vers la pile de marteaux, prêt à en prendre un autre.
    — N’essaye même pas ! criai-je. Tu es devenu fou !
    Il me regarda comme s’il me voyait pour la première fois de sa vie, fit le tour de l’enclume, se planta devant moi et me prit dans ses bras. En effet, il était devenu fou.
    —  Basileia ! Basileia ! criait-il. Réfléchis ! Pythagore… !
    — Pythagore ?
    — Mais oui, Pythagore. C’est fantastique !
    Mon cerveau passa en revue tout ce que nous avions fait depuis notre descente de l’hélicoptère, tandis que je révisais mes connaissances sur Pythagore. Un labyrinthe de droites, le fameux théorème (le carré de l’hypoténuse…), les sept cercles planétaires, l’harmonie des sphères, la confrérie de la Croix, la secte des pythagoriciens… L’harmonie des sphères et l’enclume et le marteau ! Je souris.
    — Tu as compris ! affirma Farag en souriant, sans cesser de me regarder. N’est-ce pas ?
    J’acquiesçai d’un hochement de tête. Pythagore de Samos, l’un des philosophes grecs les plus éminents de l’Antiquité, né au VI e

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