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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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les jambes.) Et c’est le second fait inaccoutumé, car, contrairement à son habitude, Dante ne fait pas correspondre la fin du cercle avec la fin du chant. Le cercle se prolonge jusqu’au vers 79 du chant XVII.
    — Encore une fois le sept et le neuf, déclara le capitaine.
    — Et le vers 79 commence, de manière surprenante, au milieu du néant, le quatrième cercle, celui des paresseux. Donc la corniche suivante se retrouve elle aussi à cheval sur deux chants. Le Florentin, pour une raison que nous ne connaissons pas, fusionne la fin d’un cercle avec le début du suivant dans un même chapitre, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant.
    — Et cela signifie quelque chose ?
    — Comment le savoir, Ottavia ? Mais, ne t’inquiète pas, tu finiras bien par le découvrir toi-même.
    — Merci.
    — De rien, Basileia .
    L’avion se posa sur l’aéroport Ben-Gourion vers midi. Un véhicule de la compagnie El Al vint nous chercher pour nous conduire jusqu’à l’héliport le plus proche, où nous attendait un appareil militaire israélien qui mit vingt-cinq minutes à peine pour rejoindre la Ville sainte. Là, une voiture noire officielle nous conduisit rapidement jusqu’à la Délégation apostolique.
    Ce que je vis pendant le trajet me déçut. Jérusalem ressemblait à n’importe quelle autre ville, avec ses avenues, sa circulation, ses édifices modernes. On distinguait au loin quelques minarets. Parmi la population, se détachaient les juifs orthodoxes avec leur chapeau noir, leurs papillotes, et des passants arabes coiffés du keffieh et de l’akal, le cordon noir. Je suppose que Farag devina ma déception, car il me dit :
    — Ne t’en fais pas, on est dans la partie moderne, la Vieille Ville te plaira.
    Contrairement à ce que j’avais espéré, je ne voyais aucun signe évident du passage de Dieu sur la Terre. J’avais toujours cru que, dès que j’aurais posé le pied sur le sol de cette ville si particulière, je percevrais indubitablement la présence de Dieu. Mais ce ne fut pas le cas, du moins pour le moment. La seule chose qui me parut vraiment surprenante fut le mélange bigarré d’architectures orientale et occidentale, et le fait que tous les panneaux indicateurs étaient écrits en hébreu, arabe et anglais. Je notai également le nombre important de militaires israéliens qui circulaient dans les rues, armés jusqu’aux dents. Je me souvins alors que Jérusalem était une ville endémiquement en guerre. Les stavrophilakes avaient de nouveau mis dans le mille : la ville était pleine de colère, de sang, de rancœur et de mort. Jésus aurait dû choisir une autre cité pour mourir, et Mahomet une troisième pour monter au Ciel. Ils auraient ainsi permis de sauver de nombreuses vies humaines et des âmes qui n’auraient pas connu la haine.
    Une plus grande surprise m’attendait néanmoins à la Délégation apostolique. Cet immense édifice ne se différenciait pas des bâtiments voisins les plus proches, sa taille exceptée. Des prêtres d’âge et de nationalité différents nous accueillirent, avec à leur tête le nonce apostolique Pietro Sambi, qui nous conduisit par de nombreux couloirs dans une salle de conférences moderne et élégante où nous attendait… mon frère Pierantonio !
    — Ma petite Ottavia ! s’exclama-t-il en me voyant.
    Il courut à ma rencontre et me serra dans une longue et émouvante étreinte. Des murmures amusés accompagnèrent nos retrouvailles.
    — Comment vas-tu ? me dit-il en me regardant de haut en bas. Tu n’as pas très bonne mine.
    — Je me sens très fatiguée, dis-je au bord des larmes. Très fatiguée, mais heureuse de te voir.
    Comme toujours, mon frère avait une allure splendide, imposante, en dépit de son simple habit de franciscain. Je l’avais rarement vu dans cette tenue, car il venait toujours en civil à la maison.
    — Tu es devenue un personnage important, petite sœur ! Regarde toutes ces personnes qui sont venues jusqu’ici pour faire ta connaissance.
    Glauser-Röist et Farag faisaient le tour de l’assistance, accompagnés de monseigneur Sambi. Mon frère se chargea de me présenter à l’archevêque de Bagdad, vice-président de la Conférence des évêques, Paul Dahdah ; au patriarche de Jérusalem, président de l’Assemblée des catholiques ordinaires de Terre sainte, Sa Béatitude Michel Sabbah ; à l’archevêque de Haïfa, le Grec melchite Boutros Mouallem, vice-président de

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