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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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nous en coureurs, s’apprêtaient à imiter Spyros Louis. Les sourires moqueurs de leurs visages ridés ne laissaient aucun doute.
    — Un comité de stavrophilakes ? demanda Farag sans cesser de les regarder.
    — Je ne crois pas, dis-je en soupirant, mais j’y avais également pensé. Nous allons finir atteints de paranoïa aiguë.
    — Vous êtes prêts ? demanda le capitaine en regardant sa montre.
    — Pourquoi tant de hâte ? Il nous reste encore dix minutes.
    — Il faut s’échauffer. On commence par des étirements.
    Quelques minutes plus tard, les réverbères s’allumèrent. Le soleil était déjà si bas que l’on y voyait à peine. Les vieillards continuèrent à nous observer en faisant des commentaires ironiques que nous ne pouvions comprendre. De temps en temps, l’une de nos postures provoquait des éclats de rire qui assombrissaient dangereusement mon humeur.
    — Du calme, Ottavia, ce ne sont que de vieux paysans, c’est tout.
    — Quand nous verrons Caton, je compte lui dire certaines choses sur ses espions.
    Les vieux recommencèrent à rire et je leur tournai le dos, furieuse.
    — Professeurs, l’heure est venue. Souvenez-vous que la ligne bleue commence au centre de la ville, à l’endroit où fut inaugurée la course olympique de 1896. Essayez de ne pas vous séparer de moi jusque-là, d’accord ? Vous êtes prêts ?
    — Non ! déclarai-je. Et je ne le serai jamais, je crois.
    Le capitaine me coula un regard dédaigneux, mais Farag s’interposa rapidement entre nous.
    — Nous sommes prêts, Kaspar. Quand vous voudrez.
    Nous demeurâmes quelques instants encore immobiles et silencieux pendant que le capitaine gardait les yeux fixés sur sa montre. Soudain, il se retourna, nous fit un signe de la tête et commença à marcher d’un pas lent, aussitôt imité par Farag et moi. L’échauffement ne m’avait servi à rien, je me sentais comme un canard hors de l’eau, chaque pas était un supplice pour mes genoux qui semblaient recevoir l’impact de deux tonnes. Allons, me dis-je en me résignant, il faut que j’y arrive, coûte que coûte.
    Quelques minutes plus tard, nous arrivions devant le monument olympique. C’était un simple mur de pierre blanche devant lequel reposait un solide flambeau. La course commençait sérieusement à partir de ce point. Ma montre indiquait 21 h 15, heure locale. Nous entrâmes dans la ville en suivant le trait bleu, et je ne pus éviter un sentiment de honte à l’idée de ce que les gens allaient penser de nous. Mais les habitants de Marathon ne manifestèrent pas le moindre intérêt à notre passage. Ils devaient être habitués…
    À la sortie, quand il n’y eut plus devant nous que la route que nous avions empruntée pour venir, le capitaine pressa le pas. Il s’éloigna progressivement de nous. Moi, au contraire, je ralentis jusqu’au point de m’arrêter presque. Fidèle à mon plan, j’adoptai un pas léger que je comptais bien garder toute la nuit. Farag se retourna vers moi :
    — Que t’arrive-t-il, Basileia  ? Pourquoi t’arrêtes-tu ?
    Ainsi il m’appelait de nouveau par ce surnom. Depuis notre arrivée à Jérusalem, il ne l’avait fait que deux fois, je les avais comptées, et jamais en présence d’autres personnes. Ce petit mot clandestin était réservé à nos seules oreilles.
    Mon pulsomètre siffla. J’avais dépassé le nombre de pulsations recommandé, et pourtant je ne faisais que marcher.
    — Cela ne va pas ? me dit Farag d’un air préoccupé.
    — Si, si, mais j’ai fait mes propres calculs, lui dis-je en arrêtant ce satané sifflement. À ce rythme, je mettrai entre six et sept heures pour arriver à Athènes.
    — Tu es sûre ?
    — Non, pas tout à fait mais, il y a quelques années, j’ai fait une randonnée de seize kilomètres et j’ai mis quatre heures. C’est une simple règle de trois.
    — Le terrain est différent ici. N’oublie pas les monts qui entourent la ville. Et la distance qui nous sépare d’Athènes fait plus du double de seize kilomètres.
    Après un calcul rapide, je me sentis moins sûre de moi. Et puis je me souvins d’avoir terminé la randonnée à moitié morte. Les perspectives n’étaient pas très bonnes. En même temps, je ne souhaitais qu’une chose, que Farag s’éloignât de moi. Mais il ne paraissait pas avoir la moindre intention de me laisser seule ce soir-là.
    Toute la semaine, j’avais désespérément lutté pour me

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