Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
Vom Netzwerk:
j’aimerais les voir.
    Le médecin défît alors les bandages avec des gestes prudents puis quitta la chambre sans un mot, les deux prêtres punis face au mur et moi en chemise de nuit.

La situation était si étrange que je n’osais rien dire, mais heureusement le docteur Kalogeropoulos revint dans l’instant avec un miroir qui me permit de voir les scarifications en pliant les jambes. Une croix en forme de X sur la partie postérieure du muscle droit et une autre, grecque, sur la gauche. Jérusalem et Athènes gravées pour toujours dans mon corps… J’aurais dû me sentir orgueilleuse, mais je n’avais qu’une idée en tête, revoir Farag. En déplaçant le miroir, j’eus aussi la malchance de voir le reflet de mon visage ; je demeurai stupéfaite : non seulement j’avais les yeux cernés et la peau livide, mais on avait enturbanné ma tête aussi. Le médecin, en voyant ma réaction de surprise, lança un autre chapelet de paroles.
    — Le docteur dit que, de la même façon que vos amis, vous avez reçu des coups sur la tête avec un objet contondant, et que vous présentez d’importantes contusions sur le crâne. Selon les résultats des analyses, il pense que vous avez également consommé des alcaloïdes, et il voudrait savoir ce que vous avez avalé.
    — Mais il nous prend pour des drogués, ou quoi ?
    Le père Cardini n’osa piper mot.
    — Dites-lui que nous n’avons rien pris, que nous ne savons rien et que nous ne pouvons rien lui dire. Et aussi qu’il ferait bien de cesser de poser des questions. Et maintenant, si cela ne vous ennuie pas, j’aimerais beaucoup voir mes amis.
    En disant cela, je m’assis sur le bord du lit et posai les pieds au sol. Les bandages faisaient office de pantoufles. En me voyant, le médecin se fâcha et me prit par les bras pour m’obliger à me recoucher, mais je résistai de toutes mes forces et il abandonna la lutte.
    — Père Cardini, s’il vous plaît, pourriez-vous être assez aimable pour dire à ce monsieur que je veux mes vêtements, et que je compte m’enlever ce pansement de la tête ?
    Le prêtre traduisit mes propos. S’ensuivit un dialogue rapide et agité.
    — Ce n’est pas possible, le médecin dit que vous n’êtes pas encore assez bien et que vous pourriez avoir un collapsus.
    — Dites-lui que je me sens parfaitement en forme. Est-ce que vous connaissez l’importance du travail que nous effectuons avec mes compagnons ?
    — Vaguement.
    — Alors, dites-lui de me rendre mes vêtements… Tout de suite !
    Un échange de paroles irritées se produisit et le médecin quitta la chambre de très mauvaise humeur. Peu après, apparut une jeune infirmière qui déposa un sac de plastique au pied de mon lit, et sans dire un mot s’approcha de moi pour défaire le bandage autour de ma tête. Je sentis un immense soulagement quand elle me l’enleva, comme si ces bandes de gaze m’avaient comprimé la tête. Je passai mes mains dans mes cheveux pour les aérer, et sentis une grosse et douloureuse protubérance sur le sommet de mon crâne.
    Je n’avais pas encore fini de m’habiller quand on entendit quelques coups frappés sur l’encadrement métallique de la porte d’entrée. Je repoussai le rideau quand je fus enfin prête, et me retrouvai face à Farag et au capitaine, qui portaient la même chemise de nuit, mais de couleur bleue, et me regardèrent très étonnés sous leurs turbans respectifs.
    — Pourquoi es-tu habillée et pas nous ? demanda Farag.
    — Parce que vous n’avez pas fait valoir vos droits, dis-je en riant.
    J’étais si heureuse de le revoir. Mon cœur battait à tout rompre.
    — Comment vous sentez-vous ?
    — Très bien, mais ces gens s’obstinent à nous traiter comme des enfants.
    — Vous voulez voir ça, professeur Salina ? me dit le capitaine en me tendant la feuille désormais familière des stavrophilakes. Cette fois le message ne comportait qu’un seul mot : Αποστολειον : Apostoleion.
    — Alors, c’est reparti, hein ?
    — Dès que nous aurons quitté cet endroit, murmura le capitaine en jetant un regard menaçant autour de lui.
    — Il faudra attendre demain, déclara Farag en mettant les mains dans les poches, parce qu’il est onze heures du soir et je ne crois pas qu’ils nous libèrent à cette heure.
    — Onze heures ! m’exclamai-je en écarquillant les yeux.
    Nous étions restés inconscients toute une journée.
    — Nous allons signer une

Weitere Kostenlose Bücher