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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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bon comédien. Mais il ne parvint pas à me tromper.
    — Non, répondit-il. Enfin, je n’ai vu personne avec ces caractéristiques. Mais entrez, je vous prie. Ne restez pas dehors.
    Nous étions désormais à sa merci.
    L’église était ravissante, une de ces merveilles que le temps et la civilisation avaient su préserver parce que laisser sa beauté se ternir reviendrait à mourir aussi un peu. Des centaines, des milliers de cierges fins et jaunes brillaient à l’intérieur, permettant de distinguer au fond à droite un bel iconostase qui étincelait comme de l’or.
    — Je vous laisse prier, dit-il tandis que, d’un geste distrait, il condamnait de nouveau la porte avec les verrous.
    Nous étions prisonniers.
    — N’hésitez pas à m’appeler si vous avez besoin de quelque chose.
    Mais de quoi aurions-nous pu avoir besoin ? À peine avait-il terminé sa phrase qu’un coup sur la tête me fit vaciller et tomber par terre. Je ne me souviens de rien d’autre. Je regrette juste de ne pas avoir eu le temps de visiter l’église.
     
    J’ouvris les yeux sous l’éclat glacial de plusieurs tubes de néon blancs et essayai de bouger la tête en sentant une présence à côté de moi. Une intense douleur m’en empêcha. Une voix douce, féminine, prononça alors quelques paroles incompréhensibles, et je perdis connaissance. Quelque temps plus tard, je me réveillai de nouveau. Plusieurs personnes habillées de blanc étaient penchées au-dessus de mon lit et m’examinaient méticuleusement, en soulevant mes paupières, en prenant mon pouls et en faisant tourner doucement mon cou. Un tube de plastique fin sortait de mon bras pour arriver dans un petit sac transparent rempli de liquide accroché à un tuyau métallique. Au bout de quelques heures, je revins à moi avec un sens de la réalité plus net. On avait dû m’administrer des tas de drogues car je me sentais bien, aucune douleur, juste une légère nausée.
    Assis sur des chaises de plastique vert appuyées contre le mur, deux hommes étranges m’observaient. En me voyant cligner des yeux, ils se mirent debout et s’approchèrent du lit.
    — Sœur Ottavia ? demanda l’un d’eux en italien et, en le regardant plus attentivement, je m’aperçus qu’il portait une soutane et un col. Je suis le père Cardini, Ferruccio Cardini, de l’ambassade du Vatican, et voici Son Éminence l’archimandrite Theologos Apostolidis, secrétaire du synode permanent de l’Église de Grèce. Comment vous sentez-vous ?
    — Comme si l’on m’avait frappé sur la tête avec une massue. Et mes compagnons, le professeur Boswell et le capitaine Glauser-Röist ?
    — Ne vous en faites pas, ils vont très bien. Ils se trouvent dans les chambres voisines. Nous sommes allés les voir il y a un instant, ils se réveillaient tout juste.
    — Où sommes-nous ?
    — Au nosokomio Georges Gennimatas.
    — Pardon ?
    — Il s’agit de l’Hôpital général d’Athènes. Des marins vous ont trouvés, hier en fin d’après-midi, sur un quai du Pirée, et vous ont transportés jusqu’à l’hôpital le plus proche. En voyant votre accréditation du Vatican, le service des urgences a pris contact avec nous.
    Un médecin grand, brun, avec une énorme moustache à la turque, apparut soudain, après avoir tiré le rideau de plastique qui servait de porte. Il s’approcha de mon lit et, tout en me prenant le pouls, examina mes pupilles, puis s’adressa à l’archimandrite, qui me demanda ensuite en anglais :
    — Le docteur Kalogeropoulos aimerait savoir comment vous vous sentez ?
    — Bien, très bien, dis-je en essayant de me redresser.
    Je n’avais plus la perfusion attachée au bras.
    Le médecin dit autre chose et les deux prêtres tournèrent le visage contre le mur. Alors le médecin souleva le drap ; je ne portais en tout et pour tout qu’une horrible nuisette couleur saumon qui dévoilait mes jambes. Je ne fus pas étonnée en découvrant mes pieds et mes cuisses bandés.
    — Que m’est-il arrivé ? demandai-je.
    Le père Cardini répéta ma question en grec, et le médecin lui répondit longuement.
    — Vous et vos compagnons présentez d’étranges blessures, et l’on a trouvé dedans une substance végétale chlorophyllée qu’ils n’ont pas pu identifier. Le médecin aimerait comprendre ce qui les a provoquées, car il en a trouvé d’autres similaires sur le bras, mais plus anciennes.
    — Dites-lui que je ne sais rien, et que

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