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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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également le directeur du Musée gréco-romain d’Alexandrie, et depuis hier vous bénéficiez d’une situation de détachement spécial. Je pensais que vous seriez content de l’apprendre.
    La colère de Farag parut se dégonfler soudain comme un ballon. Incrédule, il nous regardait tour à tour sans pouvoir articuler un mot.
    — Je peux rentrer chez moi ? Je peux retourner au musée ?
    — Au musée, pas encore mais, chez vous, cet après-midi même si vous le souhaitez.
    Pourquoi cette nouvelle l’émouvait-elle autant ? Ne m’avait-il pas dit qu’être copte en Égypte, c’est être considéré comme un paria ? Des extrémistes n’avaient-ils pas tué l’année précédente son frère, sa belle-sœur et leur enfant à la sortie de l’église ? Tout cela, il me l’avait raconté lui-même la première fois que nous avions dîné ensemble.
    — Oh ! oui, s’exclama-t-il, s’étirant et levant les bras au ciel comme le vainqueur d’une course. Ce soir, je serai chez moi !
    Tandis qu’il se lançait dans une longue péroraison sur les charmes de sa ville et la joie de revoir son père, et comme ce dernier serait heureux de faire notre connaissance, la voiture envoyée par le patriarche arriva par une rue voisine et nous attendit en face de la décharge. Je mis une éternité à arriver jusqu’à elle car le sol était jonché de débris coupants. En m’asseyant à l’intérieur avec un soupir de soulagement, je découvris aussitôt que tout cela avait été une promenade dans un jardin de roses : à côté de moi se trouvait l’experte en architecture byzantine Doria Sciarra.
    Le capitaine prit place devant. Je me débrouillai pour que Farag entre par l’autre portière afin qu’il se retrouve assis entre Doria et moi. Je me montrai très aimable avec elle, comme si rien de ce qui s’était passé la veille n’avait d’importance. Je ris même sous cape en la voyant froncer le nez devant nos odeurs. Elle était vexée car, tandis qu’elle distrayait le gardien de Fatih Camii, nous avions brusquement disparu en la laissant seule. Apparemment, elle nous avait attendus dans la voiture jusqu’à la nuit tombée. Elle était retournée alors, inquiète, au patriarcat. Elle voulait que nous lui racontions nos aventures, mais nous esquivâmes ses questions par des réponses anodines en lui parlant superficiellement de la dureté de l’épreuve et des terribles douleurs et tortures que nous avions endurées, ce qui eut pour effet immédiat de stopper net sa curiosité. Comment lui dire que nous avions fait la découverte la plus inouïe de l’histoire ?
    Farag se montra aussi aimable envers elle que la veille, mais sans entrer dans son jeu. Il ne répondit pas à ses minauderies, ne mordit pas à l’hameçon. Sereine, je constatai que j’étais en paix avec moi-même. Du côté de Farag mais aussi de Doria, qui avait cherché à me blesser et n’y était parvenue que brièvement. Je souris, bavardai et plaisantai comme si de rien n’était, comme si tout mon monde ne s’était pas écroulé la veille pour renaître au dernier moment, grâce à la main de Farag. Lui seul comptait désormais pour moi. Doria n’était personne.
     
    Quand la voiture nous déposa devant l’énorme hangar où nous attendait le Westwind, je lui dis au revoir en l’embrassant sur les joues malgré ses tentatives d’esquive. Était-elle désorientée ou sentais-je à ce point mauvais, je ne le saurai jamais, mais je la remerciai pour tout. Mes compagnons se contentèrent de lui serrer la main, et elle nous quitta.
    — Que t’a dit Doria hier qui t’a tant bouleversée ? me demanda Farag alors que nous montions la passerelle.
    — Je te le raconterai plus tard. Mais pourquoi n’es-tu pas venu me voir quand j’étais si mal ?
    — Je ne pouvais pas, dit-il après avoir salué Paola. J’étais pris à mon propre piège.
    — Quel piège ?
    Glauser-Röist alla voir le pilote tandis que nous prenions place dans la cabine. J’aurais dû aller me nettoyer un peu avant de me laisser tomber dans l’un des fauteuils blancs, mais j’étais curieuse de connaître la suite et je voulais profiter de l’absence du capitaine.
    — Eh bien, celui de Doria, tu sais…
    Un éclat moqueur brillait dans ses yeux.
    — Non, je ne vois pas de quoi tu veux parler.
    — Allons, Ottavia, ce n’est pas si grave. Ce qui compte, c’est que cela a marché.
    — J’espère que ce n’est pas ce à quoi je

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