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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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à droite en direction de La Cala. Nous ne respectâmes pas plus les signaux sur la via Vittorio-Emanuele, mais il ne fallait pas s’en inquiéter : nos véhicules, appartenant à qui ils appartenaient, avaient la priorité à tous les carrefours et bénéficiaient d’une indulgence plénière aux panneaux « Stop ». Nous laissâmes à gauche le Palais des Normands, sortîmes de la ville par Calatafimi, et à quelques kilomètres de Monreale, en pleine vallée de la Conca d’Oro, alors magnifiquement verdoyante et couverte d’un tapis de fleurs précoces, la première des voitures tourna brusquement à droite et prit le chemin privé qui conduisait à notre maison, l’ancienne et monumentale Villa Salina, construite par mon aïeul Giuseppe à la fin du XIX e siècle.
    — Pendant que tu t’arranges, j’irai à l’aéroport chercher Lucia qui arrive à dix heures, me dit ma sœur en se recoiffant.
    — Et Pierantonio ?
    — Il est arrivé hier soir ! me cria Giacoma tout agitée.
    Je souris, heureuse comme un lézard au soleil. La présence de mon frère, qui n’avait pas été confirmée avant le dernier moment, donnait tout son éclat à cette réunion. Cela faisait deux ans que je ne l’avais pas vu, lui, l’homme le plus doux et le plus gentil du monde, auquel, selon les dires de la famille, m’unissaient une ressemblance physique extraordinaire, mais aussi une similitude de tempérament et de caractère qui, pour finir, nous avaient convertis en d’éternels inséparables. Pierantonio était entré dans l’ordre franciscain à vingt-cinq ans – j’en avais alors quinze –, une fois terminée sa brillante carrière d’archéologue, et l’année suivante il avait été envoyé en Terre sainte, d’abord à Rhodes puis en Grèce et plus tard à Chypre, en Égypte, en Jordanie, pour finir par revenir à Jérusalem où il avait reçu en 1998 la charge de custode de Terre sainte. Un poste créé en 1342 par le pape Clément VI pour assurer la présence catholique dans les Lieux saints après la déroute définitive des croisés. Il représentait donc une figure importante dans le monde chrétien de l’Orient, de celles qui entraînent dans leur sillage un parfum de sainteté et de polémiques.
    — Maman va être contente ! m’exclamai-je, bouleversée, en jetant un coup d’œil par la vitre.
    Notre vieille maison de quatre étages, protégée par des grilles et de hauts murs, avait beaucoup changé ces derniers temps. De nombreuses caméras de surveillance disposées sur tout le périmètre de la propriété observaient les mouvements aux alentours. Les kiosques des gardes, qui n’étaient dans mon enfance que des cabanes de bois avec des chaises en paille, étaient devenus d’authentiques postes de contrôle placés de chaque côté de l’entrée et dotés d’ordinateurs capables de contrôler à distance n’importe quel dispositif de sécurité et d’alarme.
    Les hommes de mon père inclinèrent la tête au passage de notre voiture, et je ne pus retenir une exclamation de joie en reconnaissant parmi eux Vito, mon ami d’enfance.
    — C’est Vito ! m’écriai-je en agitant la main derrière la vitre arrière.
    Vito me sourit avec timidité, de manière presque imperceptible.
    — Il vient de sortir de la Giudiziarie 2 , sourit Domenico en ajustant sa veste sur son ventre rebondi. Ton père est très content de l’avoir de nouveau ici.
    Le véhicule s’arrêta enfin devant la porte de la maison. Ma mère, habillée de noir comme toujours, nous attendait en haut du perron en s’appuyant sur son éternelle canne d’argent. Les soixante-quinze ans de vie intense qui pesaient sur les épaules de cette noble dame sicilienne, la plus jeune de la famille Zafferano, n’avaient pas altéré d’un pouce son port altier.
    Je montai les marches deux par deux et serrai ma mère entre mes bras comme si je ne l’avais pas revue depuis le jour de ma naissance. Elle m’avait manqué et je ressentis un soulagement puéril en la voyant en si bonne forme, en vérifiant que ses baisers étaient fermes et son corps aussi énergique et solide que toujours. Je remerciai Dieu, la gorge nouée, qu’il ne lui fut rien arrivé pendant mon absence. Elle, sans se départir de son sourire, s’écarta un peu pour m’examiner.
    — Ma petite Ottavia ! s’exclama-t-elle toute joyeuse, comme tu as bonne mine ! Tu sais que Pierantonio est arrivé ! Il a hâte de te voir. Je veux que vous

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